Deux élèves administrateurs territoriaux ont présenté, au cours de l’atelier d’innovation collaborative organisé par la Fabrique RH et l’entreprise OurCompany, des pratiques innovantes mises en œuvre au sein de collectivités. Des exemples étudiés pour leur guide sur « la santé au travail comme levier d’innovation managériale ».
Pour favoriser le partage des bonnes pratiques entre le secteur public et le privé, l’entreprise OurCompagny, à l’origine d’une application qui permet à chaque salarié de s’exprimer anonymement sur son bien-être au travail, et la Fabrique RH, le laboratoire de la Préfecture d’Ile-de-France, ont organisé lundi 9 juillet un atelier d’innovation collaborative à Station F, en présence d’une vingtaine de personnes. « Nous voulions encourager l’émergence d’innovations auprès des agents et trouver comment lever les freins rencontrés », explique Élodie Brisset, psychologue sociale à OurCompany, ravie de l’organisation de cette première édition.
Dans le cadre de cette matinée, Guillaume Bobet et Déborah Cristel-Delesse, toux deux élèves à l’Institut national des études territoriales (Inet), ont présenté leur guide sur « la santé au travail comme levier d’innovation managériale », réalisé pour l’Observatoire social territorial de la mutuelle MNT et publié le matin même. Pour cette étude, ils ont réalisé 44 entretiens au sein de collectivités pour détecter des pratiques innovantes.
La prévention, un ROI certain
Leur premier constat : la transformation ne va pas encore de soi dans les collectivités. « Il s’agit d’une démarche récente et les initiatives d’amélioration de la vie au travail résultent souvent d’une réaction à la suite d’un événement grave, observe Déborah Cristel-Delesse. Ainsi, à Saint-Sébastien-sur-Loire, le projet « Agir ensemble pour la santé au travail » a été lancé à la suite de la constatation de l’explosion des arrêts de travail due aux troubles musculosquelettiques au sein du service espaces vert. » Un partenariat avec l’école de kinésithérapie pour faire travailler les agents sur leurs postures a permis de réduire l’absentéisme de 34%.
Pour Guillaume Bobet, la municipalité de Poissy se démarque par ses mesures préventives en matière de santé au travail : « La Ville propose aux agents deux heures d’activité physique par semaine sur leur temps de travail, durant des cycles de dix semaines qui s’achèvent sur des actions de sensibilisation avec des thèmes portant sur l’alimentation ou le sport. Cette action a eu un réel impact et cela a été courageux de la mettre en place, l’électorat, sensible aux dépenses publiques, aurait pu la critiquer de paternaliste. » Une étude de l’Agence européenne pour la sécurité et la santé au travail (EU-OSHA) assure un retour sur investissement supérieur à 200% pour les initiatives sur ce thème, la ville de Garges-lès-Gonesse a ainsi fait de la qualité de vie au travail l’une des priorités du projet d’administration.
« Les élus n’ont pas conscience de leur rôle d’employeur »
Pour les élèves de l’Inet, la modernisation des collectivités est un enjeu de par les difficultés d’attractivité rencontrées dans leur recrutement. « Les élus n’ont pas conscience de leur rôle d’employeur, ils doivent accompagner les agents qui peuvent vite se retrouver en situation de burn-out face à l’évolution rapide des outils à leur disposition », affirme Déborah Cristel-Delesse, qui cite en contre-exemple le cas de la région Pays de la Loire, qui effectue un travail prospectif en définissant un répertoire métier afin de prévoir les recrutements à réaliser et les évolutions de métier à venir. La reconversion des agents est un autre thème dont doivent se saisir les communes. « Le développement personnel est une volonté fondamentale de tout collaborateur, aussi bien dans le public que dans le privé », confirme Stéphane Distinguin, CEO de Fabernovel. A ce titre, le CCAS de Châlons-en-Champagne travaille à déceler les talents de ses agents et à les rendre acteurs de leurs projets de reclassement et de reconversion.
Les deux élèves ont conclu de leur guide que les transformations doivent répondre à un besoin interne des collectivités. « L’innovation n’est selon moi pas synonyme d’un changement profond, elle doit s’effectuer avec du sur-mesure en fonction des situations », assure Guillaume Bobet, pour qui la participation des agents aux projets reste un élément fondamental de réussite. Quand les membres sont à l’origine d’une initiative, comme à Angoulême où les conducteurs de bus ont décidé eux-même d’une rotation des effectifs sur les lignes difficiles, le résultat est pertinent et immédiat.
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