Pendant l’AI France Summit, organisé par le syndicat professionnel Numeum, la question s’est posée du nombre d’acteurs réellement actifs dans l’écosystème IA français. Guillaume Buffet a donc partagé les enseignements fournis par sa plateforme Motherbase sur le sujet. Avec quelques surprises.
Combien d’acteurs de l’intelligence artifcielle existent réellement en France ? Quel est leur profil ? Où se situent-ils ? Quelles levées de fonds réalisent-ils vraiment ? Telles sont les questions auxquelles Guillaume Buffet, administrateur du syndicat professionnel Numeum, a répondu lors de l’AI France Summit, le rendez-vous annuel organisé par Numeum pour fédérer l’écosystème IA français. L’événement s’est tenu cette année le 7 février, soit de façon opportune, trois jours avant le Sommet mondial pour l’action sur l’intelligence artificielle qui a vu se multiplier les grandes annonces pour faire de la France un acteur majeur de l’IA.
Des chiffres très différents selon les périmètres retenus
Le nombre d’acteurs de l’IA répertoriés en France se monte à 2 230 (dont 1 870 start-ups) selon Guillaume Buffet qui est aussi le fondateur et président de Motherbase, solution SaaS dédiée à l’identification et l’analyse d’écosystèmes d’innovation. Ce chiffre est bien supérieur aux 750 start-ups identifiées par France Digitale dans son mapping des start-ups françaises de l’IA. Ou encore aux chiffres retenus par la Direction générale des entreprises dans son relevé de 2024. « Le monde de l’IA est un continuum qui part des LLM pour aller jusqu’à des entreprises qui intègrent à l’intérieur de premiers et deuxièmes niveaux de solutions, en passant par des outils très simples dédiés aux utilisateurs finaux. Très souvent, on a tendance à ne considérer que le début de la chaîne, et pas tout le reste », explique Guillaume Buffet pour justifier ce décalage important.
Une des premières conclusions de cette analyse est que le secteur healthtech arrive en première position, avec 208 start-ups identifiées (soit 9,3% du total), juste devant les acteurs martech (marketing et technologie) qui sont au nombre de 189 (8,4% du total). Les entreprises de la deeptech se positionnent en troisième position (170, soit 7,6% du total). « Les acteurs de l’IA irriguent tous les secteurs de l’économie. Cela veut dire que les solutions métiers qui changent les différents secteurs de l’économie existent, ce ne sont pas que des élucubrations d’informaticiens », commente Guillaume Buffet.
97% des montants levés concernent des start-ups situées en Île-de-France
Si l’on se penche plus spécifiquement sur les 1 870 start-ups IA répertoriées par Motherbase, elles représentent un total de 50 700 emplois en France (35 000 en Île-de-France). 58% d’entre elles sont situées en Île-de-France, région qui enregistre près de 80% (70 sur 88) des levées de fonds réalisées par ces jeunes pousses en 2024. « Quand on regarde les montants levés par ces entreprises, 97% des sommes concernent des start-ups situées en Île-de-France. Nous sommes vraiment dans un monde où près de la moitié des start-ups sont localisées en région, mais où la quasi-totalité des montants levés a lieu en Île-de-France », note Guillaume Buffet.
En revanche, quand il s’agit des start-ups industrielles, la tendance est inversée. « Tout se passe en dehors de l’Île-de-France pour les start-ups industrielles. La question que cela soulève est de savoir comment nos outils et notre travail vont pouvoir impacter la réalité de l’activité des entreprises qui sont en dehors du monde du service. Cela concerne les entreprises industrielles, mais aussi plus globalement celles qui sont sur le terrain. Il existe une sorte de décalage entre nos discussions autocentrées sur l’IA et le reste, surtout quand je passe les deux tiers de ma vie à parler de l’impact de nos technologies sur le climat ou la biodiversité », conclut Guillaume Buffet.