Stephan Boisson, DSI du spécialiste français de l’évènementiel Comexposium témoigne sur la transformation de la relation entre l’IT et les métiers dans son entreprise et sur ses pratiques pour mieux partager l’information au quotidien.
Après avoir commencé sa carrière dans la biologie, puis l’avoir poursuivi dans l’IT et la data, Stephan Boisson s’est concentré sur la transformation IT des organisations. Ces vingt dernières années, il a connu des expériences variées chez Loxam, Mazars et SCC.
Aujourd’hui, directeur des systèmes d’information de Comexposium, groupe français en forte croissance, spécialiste de l’évènementiel avec plus de 140 évènements et 69 marques dans 20 pays, le professionnel revient sur la façon dont la relation entre l’IT et le métier a changé à ses yeux. Il détaille également ce qui permet aujourd’hui à un DSI d’être utile et apprécié, et comment la coopération avec la start-up Airsaas lui permet d’éviter les écueils traditionnels du partage d’information avec les métiers.
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Alliancy. Doit-on encore parler de l’amélioration de la relation IT-Métier alors que toutes les entreprises ou presque ont adopté les « méthodes agiles » pour régler le problème ?
Stephan Boisson. Je pense que le sujet est toujours aussi important à adresser. Déjà, je tiens à souligner que je ne suis clairement pas un geek comme on peut parfois en trouver chez les DSI ! Et je pense qu’avoir une vision métier qui n’avait rien à voir à l’origine avec l’informatique, dans la biologie, m’a beaucoup aidé dans mon parcours. La clé du DSI pour échanger de façon productive avec les métiers, c’est de connaître leur réalité sur le terrain. Quelles sont les problématiques du quotidien, la terminologie employée… ? Dès qu’un acteur IT n’a pas cette capacité à rentrer dans « le métier des métiers », tout devient plus compliqué. Car les métiers, eux, rentreront moins facilement dans la réalité de l’IT. Cela peut paraître ingrat, mais c’est un point incontournable. J’insiste là-dessus, car aujourd’hui on a de plus en plus de profils très tech dans les DSI, notamment autour de la data et de ses multiples spécialités. Cela a ses avantages, mais cela peut aussi vite devenir un problème dans la relation avec les métiers.
Alors oui, la facilité était de penser ces dernières années qu’avec l’agile et le DevOps, tout allait devenir plus fluide, permettant à tout le monde d’entrer en mode double casquette IT-métier… Et on se rend compte aujourd’hui que ce n’est pas si simple qu’il faut quand même spécifiquement avoir des profils business-tech qui ont développé leur propre double compétence. Cela n’allait pas de soi déjà à l’origine, et disons que cela n’a pas disparu juste sous l’impulsion de l’agilité. Je suis donc plus nuancé sur ce que l’on peut entendre à propos de l’agilité qui règlerait la question IT-métier. Bien sûr, la dynamique DEVOPS a permis de se débarrasser de complexités, notamment sur certaines parties tech comme l’infrastructure, mais sur les grands sujets que sont la data et le DEV ? C’est plus ténu.
Concrètement chez Comexposium, quels sont les enjeux de cette relation IT-Métier ?
Stephan Boisson. De manière générale, il faut souligner que la technologie s’est complexifiée, que les volumes de données appréhendés ont augmenté drastiquement et que la rapidité avec lesquels il faut agir, et donc collaborer, également. Donc, tout demande plus d’énergie au quotidien et une plus grande qualité de coopération. Plus précisément, chez nous, les équipes IT/Digital doivent bien comprendre ce que cela veut dire d’organiser un évènement, dans toute sa diversité. Nous organisons de très grands formats pour le grand public comme la Foire de Paris ou le Salon de l’Agriculture, mais aussi des salons professionnels de filière, pour le secteur automobile, l’agroalimentaire, la mode… et même des rencontres d’affaires spécialisées comme les Assises de la Cybersécurité. Pour simplifier, une partie de nos practices métiers consistent donc à vendre ces espaces aux exposants, l’offre, alors qu’une autre partie consiste à en faire le marketing pour faire venir des visiteurs, la demande et globalement aider à animer les communautés business de nos clients.
L’autre enjeu majeur pour les équipes IT/Digital de Comexposium, c’est de construire la confiance avec les métiers. Si on réfléchit avec une logique de pyramide de Maslow, la base c’est la fiabilité des systèmes. C’est ce qui provoquera la confiance, bien plus que de dire « nous avons une vision stratégique d’avenir et dans cinq ans on sera dans le métavers ! ». Pour pérenniser cette confiance, il faut prendre des engagements très clairs et les tenir. Et là on a la base pour la transformation.
La DSI doit-elle adapter son organisation ?
Stephan Boisson. Nous voyons aujourd’hui deux types d’organisations IT possible : soit penser l’IT comme le socle commun pour une sorte de « fédération de PME » qui va s’appuyer dessus pour bénéficier de services à la demande, chaque filiale étant responsable de ses applications métiers ; soit penser un modèle IT complètement décentralisé auprès de chacune d’entre elles, car après tout ce sont les marques de salon elles-mêmes qu’il faut valoriser. Quand on est en croissance comme nous le sommes, il y a naturellement un tiraillement entre ces deux logiques. Mais je pense que le plus important reste de déterminer la vision métier et les progrès possibles entre les communautés et les écosystèmes que nous animons. Car d’un point de vue IT cela pourrait amener à centraliser et mutualiser les données et les outils concernés, plutôt que de se limiter à suivre des silos juridiques. Si l’organisation business évolue en ce sens, alors l’organisation IT devra effectivement en tenir compte. En d’autres termes, la DSI est en mouvement continue d’adaptation à l’environnement.
Est-ce que c’est dans cette optique que vous vous appuyez sur une solution comme celle de la start-up Airsaas, qui promet de simplifier les opérations entre les métiers et la DSI ?
Stephan Boisson. Le but de l’usage d’AirSaas est d’aider justement à faire ce lien entre IT et Métier. C’est moins d’être dans la gestion de tâche que d’avoir un Hub de pilotage des projets d’évolution et de transformation en donnant le bon niveau de visibilité aux métiers et aux Codir et Comex. C’est d’apporter une certaine transparence sur le cadrage projet, son exécution et les décisions à prendre en restant simple et en impliquant tout à la fois IT et Métier, chef de projet ou produit et Direction. Et pour faire cela je cherchais à éviter tout à la fois le fichier Excel et la présentation PowerPoint mais aussi « l’ERP de la DSI ».
Faut-il y consacrer des moyens importants ?
Stephan Boisson. Disons pour faire simple que si je prends un PMO, je veux éviter qu’il passe 3 à 4 jours par mois à consolider un fichier Excel et à faire un état des lieux de l’exécution des projets dans un PowerPoint en oubliant en last minute les décisions importantes à prendre. Je préfère qu’il aide les chefs de projets ou de produits à se concentrer justement sur les décisions à prendre, les points de vigilance et la remontée des succès et donc l’animation de la communauté transfo. A ce titre AirSaas en tant que Hub de pilotage des projets nécessite uniquement de faire vivre cette communauté et de bien communiquer sur les évolutions qui sont produites en continue !
En effet, c’est un atout majeur de voir le dynamisme de la solution comme exemple pour nos propres projets et produits. Nous partagions tous l’idée que la clé c’est bien de fournir de l’information pertinente, et d’avoir les moyens de la faire vivre au fil de l’eau, car on n’a plus besoin d’attendre qu’un CODIR ou un Comité projet se réunisse pour communiquer sur ce qui se passe mais pour prendre des décisions. C’est à ce titre qu’on faire vivre une relation IT-métier saine.