Lancé il y a un an, Office365 permet au géant américain de gagner des parts de marché, et à certaines PME d’accélérer leur développement.
Avec l’accessibilité aux logiciels depuis le cloud, terminé le CD de Pack Office piraté et installé sur l’ensemble des ordinateurs de l’entreprise… Selon Alain Bernard, directeur de la division PME/PMI chez Microsoft France, le taux de piratage des logiciels de sa compagnie serait d’environ 35 % dans l’Hexagone… Une tendance que le géant de Redmond souhaite encore réduire, et que la stratégie cloud permet d’ores et déjà, même modestement, d’endiguer au sein de cette division. « Depuis le lancement d’Office365 début 2014, nous faisons du chiffre d’affaires dans des entreprises de 2, 10, 15 salariés… que nous ne connaissions pas alors qu’elles se servaient probablement de nos logiciels », explique simplement Alain Bernard.
L’adhésion des PME en plein boom
Afin de permettre l’adhésion des PME (le cloud représente 35 % du chiffre d’affaires de cette division) à sa stratégie, Microsoft s’appuie sur un écosystème de partenaires. En France, ce sont ainsi 9 000 entreprises qui commercialisent les offres de Microsoft… Un réseau qui génère 92 % des revenus de l’entreprise dirigée par Satya Nadella. Effet boom garanti : le secteur des PME, de moins de 250 salariés, fait un bond de 150 % depuis le début de l’année chez Microsoft en France. « La messagerie et le CRM sont les services qui nourrissent le plus d’appétit, le développement de réseau social demeure en retrait », convient Nicolas Gaume, directeur chargé de promouvoir et d’accélérer la croissance des innovations logicielles chez Microsoft.
Mais véritable changement de culture pour l’entreprise fondée par Bill Gates, l’Américain s’appuie de plus en plus sur des éditeurs qui « amènent des usages » et permettent une conversion de l’entreprise, et Alain Bernard de citer le cas de l’ESN Cegid (solutions de gestion) qui, en tant que Cloud Service Provider dans le jargon Microsoft, s’est réapproprié l’ensemble de la relation commerciale avec les clients finaux sur Office 365, y compris la facturation sur une base mensuelle. « Indirectement, Cegid nous permet de gagner des clients finaux qui, peut-être, ne mettait pas à jour Windows… », suggère Alain Bernard.
Une sécurité optimisée
« Le problème de la sécurité mis en avant par les entreprises qui ne souhaite pas migrer vers le cloud est un faux problème », estiment René-Louis Adda (Upper-Link) et Stéphane François (Global Info), deux intégrateurs Microsoft. « Le cloud est plus sécurisé que les installations actuelles des PME. Généralement, elles commencent par migrer la messagerie qui est très importante, mais pas stratégique… Quand elles voient le gain de productivité, elles réfléchissent à y migrer d’autres services », expliquent-ils.
« Le cloud, c’est avant tout une garantie de sécurité supplémentaire pour la PME, vante pour sa part Marc Mossé, directeur des affaires juridiques et affaires publiques chez Microsoft France. Nous sommes la première entreprise certifiée ISO 27018 (norme concernant la protection des données personnelles dans le cloud, ndlr) dans le monde. » Ainsi, Microsoft propose, dans le cadre d’une autre certification ISO 27011, un suivi des éventuels incidents survenus à l’entreprise par le biais d’un bilan annuel dressé par la British Standard Institution. « C’est un rapport personnel à chaque entreprise », insiste Marc Mossé.
Archimed attendait le Cloud Quand certains sont frileux, d’autres attendaient le virage cloud entrepris par Microsoft avec appétit. Ainsi, Archimed, basée à Lille (120 salariés, 9 millions d’euros de chiffre d’affaires en 2014), éditeur de logiciels pour les bibliothèques peut, grâce au cloud, proposer à ses clients une meilleure mise en relation de leur réseau de bibliothèques, lesquelles appartiennent souvent à des réseaux départementaux ou intercommunaux. « Les choses ont profondément changé depuis deux ans, explique le directeur des ventes Christian Serrure. Le cloud permet de libérer physiquement de la place dans les bibliothèques. Ceux qui intègrent la dimension Saas voient les prix baisser tout en augmentant la qualité de service. Et pour les clients qui restent on-premise, nous avons la possibilité d’intégrer graduellement le cloud. » Ainsi, le nuage permet à Archimed de proposer dans un service de prêt numérique en bibliothèque. En l’espèce, il s’agit du téléchargement d’une œuvre littéraire, dégradable une fois la durée de prêt échue, ainsi qu’une gestion plus dynamique des collections, ou encore de la business intelligence pour une connaissance plus fine du lectorat. Aujourd’hui, 15 % du chiffre d’affaires bibliothèque d’Archimed se fait sur le cloud malgré l’inertie liée au renouvellement des marchés publics. Le secteur des bibliothèques publiques étant par nature peu extensible, Archimed profite de l’opportunité de marché offerte par le cloud pour se développer sur un autre pilier : la gestion électronique de document (GED), qui représente un tiers de ses revenus. « Cinq ministères français et 20 conseils départementaux et régionaux nous font confiance. Nous avons ouvert une filiale à Montréal et comptons également beaucoup sur le marché de l’Afrique du nord (Archimed possède une filiale à Tunis, ndlr) et de l’ouest pour nous développer », poursuit Christian Serrure. Dématérialisation des procédures administratives, gestion du courrier, portail citoyen… Archimed a notamment reçu cette année la confiance de l’autorité de régulation et de contrôle des assurances pour l’Afrique de l’ouest et l’Afrique centrale (Cima), de la Banque centrale de Tunisie, ou encore la caisse d’allocations familiales belge (Fafimed). En outre, l’entreprise nordiste n’exclue pas une opération de croissance externe en Europe qui pourrait lui ouvrir de nouveaux débouchés afin d’accélérer son implantation dans le secteur. |