Et voilà il est parti le Tour de France 2022 ce 1er juillet de Copenhague, au Danemark ! Pour l’occasion, Alliancy s’est entretenu avec Pascal Queirel, DSI d’Amaury Sport Organisation (ASO), l’organisateur officiel de l’un des événements sportifs les plus médiatisés au monde (l’audience en 2021 totalisait 42,4 millions de personnes), en lien direct avec NTT, son partenaire technologique.
Alliancy. Pouvez-vous nous décrire votre rôle au sein d’ASO ?
J’occupe le poste de directeur des Systèmes d’information (DSI) chez Amaury Sport Organisation (ASO) depuis plus de huit ans maintenant. J’interviens sur tous les projets technologiques du groupe. Nous sommes mobilisés pour des événements sportifs cycliques – comme le Tour de France – mais aussi mécaniques ou encore liés aux compétitions de golf. Mon rôle est à la fois d’assurer la partie informatique en interne et la production des supports digitaux à destination des fans.
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Comment la technologie vous aide-t-elle à enrichir l’expérience autour du Tour de France ?
Nous avons déjà plusieurs partenaires comme le suisse Tissot qui s’occupe du chronométrage, le français Orange qui assure la partie télécommunication et réseau (voir ci-dessous) et, enfin, le groupe nippon NTT qui, depuis 2015 nous aide sur la géolocalisation des coureurs. Concrètement, avec l’accord des équipes en compétition, nous plaçons des capteurs sur tous les vélos pour récupérer des données en temps réel.
Depuis les années 2000, nous captions ces données via nos motos mais cela restait relatif et résultait parfois en une perte de données à certains moments de la course. NTT a mis au point une solution qui repose sur les canaux de transmission vidéo sans fil qui permet de pallier le problème de latence.
Le football ou encore le rugby avaient déjà mis au point ce type de technique tandis que le vélo a pris un peu de retard. Depuis la signature de notre partenariat technologique avec NTT en 2015, nous avons enclenché le premier pan de notre révolution technologique.
C’est-à-dire ?
J’aimerais préciser que notre leitmotiv n’est pas de multiplier les projets data pour rien. Notre rôle reste l’éditorialisation de la donnée pour mieux comprendre la course de vélo et décortiquer l’effort.
Nous nous appuyons effectivement sur des experts partenaires et assurons la coordination des projets. Nous sommes en quelque sorte la courroie de transmission qui s’occupe de l’aspect sportif, de la transmission et de la logistique. Côté NTT, plusieurs dizaines de collaborateurs sont mobilisés pour développer des technologies assez souples pour s’adapter aux contraintes géographiques et aux conditions météo.
J’imagine que votre temps doit être assez réduit pour la mise en place de projets technologiques ?
Oui, il y a une spécificité dans le monde du sport, c’est que les dates sont intangibles. C’est ce qui fait que nous disposons d’une fenêtre de tir très réduite comparés aux projets informatiques standards. Le Critérium du Dauphiné nous permet d’ailleurs de faire une grande répétition afin d’être mieux préparé pour le Tour de France le mois suivant.
La méthode agile est indispensable dans notre métier car il peut par exemple arriver que le lieu de la ligne d’arrivée du Tour de France soit changé au dernier moment. L’organisation de ce type d’événement se pense sur plusieurs années et nous connaissons d’ailleurs les lieux de départ trois ans à l’avance – avant même qu’ils soient rendus publics.
Comment évolue globalement la pratique de consommation du Tour de France ? Est-ce que la data y occupe une part de plus en plus importante ?
De manière générale, l’éditorialisation de la donnée concerne tout le monde du sport. Maintenant, la spécificité de l’audience télévisuelle liée au Tour de France est assez fragmentée : nous avons un corps de fans cyclistes, mais aussi des personnes qui utilisent quotidiennement leur vélo pour aller au travail ou tout simplement des spectateurs qui souhaitent être émerveillés par les paysages.
Encore une fois, l’idée n’est pas de saturer les téléspectateurs de données à l’antenne, nous sommes là pour proposer du data storytelling ; autrement dit aller chercher constamment de nouveaux angles éditoriaux en fonction des besoins. Les téléspectateurs lambdas souhaitent comprendre pourquoi une équipe roule en tête tandis que les plus grands fans veulent aller plus loin et obtenir des données en temps réel sur leur coureur favori. Depuis 2015, ce tracking est d’ailleurs proposé sur le site officiel ou via votre smartphone.
Quelles sont les autres innovations en cours ?
Notre challenge cette année est la mise en place de services pour les spectateurs au bord de la route. Nous avons prévu pour ce Tour de France de disposer dans plusieurs étapes comme Copenhague, Lausanne ou l’Alpes d’Huez des QR codes pour accéder à du contenu géolocalisé.
Nous avons aussi annoncé notre volonté de construire le plus grand stade connecté au monde notamment lors du « Tour de France Femmes avec Zwift », qui se tiendra du 24 au 31 juillet 2022. L’idée est de déployer une large gamme de capteurs et d’objets connectés qui font des calculs en temps réel et permettent de modéliser chaque étape du tour sur la plateforme développée par NTT.
En parallèle, nous avons réalisé un jumeau numérique du Tour de France qui nous aide notamment à la gestion de nos opérations logistiques. Un système de géolocalisation de nos véhicules nous permet d’optimiser l’organisation pour les éditions suivantes. Enfin, une intelligence artificielle conçue par NTT opère une prédiction à partir des palmarès des coureurs et leurs résultats précédents pour mieux identifier les favoris en compétition.
Quelles sont les innovations à venir que vous imaginez ?
Je crois beaucoup au modèle du hackathon qui nous offre la possibilité d’identifier de nouveaux usages. J’ai été d’ailleurs membre du jury dans le cadre de hackathons organisés par NTT. C’est grâce à cette émanation que nous avons pu développer un projet de modélisation 3D de chaque étape du Tour de France. Résultat : les membres du club peuvent désormais accéder au 3D Race Tracker sur leur smartphone, un mapping en temps réel des coureurs.
ORANGE ANIME UN « IMMERSIVE TOUR »
Orange continue d’innover sur la Grande boucle en proposant des démonstrations de l’application Immersive Tour sur toutes les étapes. Cette application de live streaming 360° permet à un utilisateur muni d’une caméra 360° et d’un mobile 5G d’inviter une ou plusieurs personnes à assister à un évènement comme s’il elles y étaient, à travers une expérience virtuelle et interactive.
Orange proposera également sur les villages départ et les Fan Park la nouvelle expérimentation «Augmented Race 2022», développée en partenariat avec les startups Immersiv.io et Matsuko. Equipé de lunettes de réalité augmentée, le spectateur se verra accueilli par Christian Prudhomme, le Directeur du Tour, présent sous forme d’hologramme, et pourra visualiser en incrustation une carte de France en réalité augmentée avec les informations clés de chaque étape.