François Chauvin, Directeur général de Directskills met en avant une problématique actuelle des entreprises, à savoir leur besoin de s’adapter à des crises de plus en plus courtes, et des périodes de relance extrêmement intenses, par le prisme des politiques RH. Alors que la conjoncture actuelle fait vivre aux entreprises de véritables montagnes russes, avec des fluctuations de la demande pouvant aller de – 15 à + 15 % en quelques semaines, voire quelques jours, les entreprises se retrouvent dans la nécessité d’y ajuster en permanence leur force de travail.
En période de reprise post-Covid, s’y ajoutent les difficultés de recrutement liées à la pénurie de talents disponibles sur le marché. Ces derniers – qu’ils soient qualifiés ou non, du moment qu’ils sont bons dans leur domaine – se retrouvent en position de force pour négocier aussi bien leur salaire que les conditions de travail.
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Pour couvrir les besoins urgents et temporaires de ressources, le recours aux différentes formes de contrats courts (CCD, Intérim, apprentis, stagiaires, contrat de détachement) et à la mobilité interne deviennent incontournable du fait de la flexibilité qu’ils apportent. Néanmoins, dans un marché du travail déséquilibré et en pénurie de talents, leur recrutement s’avère très compliqué car beaucoup de bons profils s’orientent vers des formes plus stables de contrat de travail. L’équation qualité versus urgence devient encore plus difficile à résoudre. Or, les erreurs de casting peuvent coûter cher et impacter la qualité du travail comme la marque employeur, et l’absence de ressources des pertes de chiffre d’affaires.
La couverture des besoins urgents et temporaires de ressource prend donc une dimension stratégique nouvelle pour l’entreprise, ce qui nécessite de repenser son recrutement et sa gestion. En effet, trop souvent la question des recrutements courts a été déléguée aux seules agences externes de travail temporaire, et les entreprises elles-mêmes, y compris celles qui y recouraient massivement, n’intégraient pas complètement cette problématique dans une vision des ressources humaines étendues.
Le contexte de reprise actuel aura peut-être pour heureuse conséquence de rappeler aux entreprises à quel point leur activité, leur santé financière, la satisfaction de leurs équipes pérennes et de leurs clients dépendent aussi de la bonne gestion des travailleurs à contrats courts, y compris ceux qui ne passent que quelques jours au sein de leur structure (rappelons à ce titre que la durée moyenne d’une mission d’intérim est de 12 jours). Elle leur permettra de réfléchir comment les intégrer pleinement dans la réflexion autour des effectifs de leur entreprise ; comment créer et renforcer les relations avec eux ; comment considérer leur expérience et privilégier leur candidature dans un contexte d’ouverture de poste.
Considérer pleinement ces travailleurs de qualité peut être la clé pour trouver des réponses efficaces aux difficultés de recrutement et à une meilleure agilité des entreprises. Encore faut-il que les entreprises consacrent du temps et de l’attention à ces potentielles recrues jusque-là trop souvent invisibles.