L’un des risques engendrés par des failles de cybersécurité peut être la manipulation de l’opinion publique. La pandémie a d’ailleurs créé des conditions idéales pour sa prolifération. Mafalda Garcês, Portugal Country Leader & People Director at Dashlane, nous livre son analyse.
La cybersécurité est un mot qui n’est véritablement entré dans le langage commun des consommateurs que récemment. Face à l’augmentation des cybermenaces, à la fois en termes de quantité et de niveau de sophistication, il est impossible de ne pas s’inquiéter ni de ne pas s’interroger sur les actions prises jusqu’alors, souvent sans trop réfléchir, en matière de sécurité en ligne.
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On associe généralement les cyberattaques à des actions visant à accéder à des données sensibles, à voler nos identifiants et/ou notre identité. Mais il y a un autre aspect à prendre en compte, tout aussi effrayant : la manipulation de l’opinion publique. Que ces attaques soient fondées sur des intérêts politiques ou économiques, les conséquences peuvent être dévastatrices.
Cet aspect est devenu plus visible ces derniers temps, avec la diffusion en ligne de nombreuses fausses informations (fake news) sur la pandémie de Covid-19 ces deux dernières années. Cette tendance n’est pas prête de s’éteindre en 2022. Les fausses campagnes d’information continueront d’être utilisées pour mener, par exemple, des attaques de phishing (ou hameçonnage), incitant les gens à cliquer sur des liens malveillants.
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Mais ce n’est pas la seule ressource à la disposition des pirates. Désormais la technologie appelée deepfake (ou hypertrucage) gagne du terrain. En s’appuyant sur l’intelligence artificielle, c’est une arme extrêmement puissante lorsqu’il s’agit de manipulation d’opinion, car elle est capable d’imiter, de manière extrêmement convaincante, des vidéos et des enregistrements de personnalités influentes sur la scène mondiale, exprimant des opinions dont le contenu vise spécifiquement à manipuler l’intérêt public, à influencer les cours boursiers, voire à justifier des interventions militaires.
Par exemple, si des fausses informations ou si la technologie deepfake sont utilisées pour faire croire qu’une société a créé le premier vaccin efficace à 100% contre le Covid-19, cette (fausse) information peut entraîner une augmentation de l’intérêt pour les actions de cette société, conduisant à un gain économique spéculatif potentiellement énorme. Bien sûr, la spéculation financière a toujours existé, mais lorsqu’elle se base sur de fausses informations, elle risque d’être amplifiée encore plus qu’à la normale. Il en va de même pour les opinions politiques, dont les fausses informations pourraient être diffusées par de faux experts dans divers domaines et tenter ainsi de manipuler une partie de l’opinion publique.
La pandémie a été, et est encore, un terreau idéal pour le développement de ce type d’actions manipulatrices. D’autant plus que les sources d’informations fiables ont de plus en plus de mal à suivre la vitesse à laquelle les fausses informations apparaissent et se propagent (qui ne passent évidemment pas par l’étape numéro un et la règle d’or du journalisme : valider l’information avant de la publier). Pendant ce temps, des sources d’information douteuses se multiplient à grande vitesse.
Et, connaissant le rôle fondamental que les médias ont dans notre société, notamment pour que tout le monde ait accès à des informations pertinentes et fiables, ce phénomène devrait nous faire peur. A tous. Pour s’en protéger, il est important de toujours vérifier les sources de toute information que l’on trouve sur Internet, en particulier sur les réseaux sociaux, et de faire attention aux données personnelles que l’on partage dessus, parfois même sans vraiment s’en rendre compte.