Début septembre, a eu lieu la cinquième édition de l’Université d’été d’Hexatrust, groupement d’entreprises innovantes alliant cloud et cyber-sécurité. A l’occasion du mois de sensibilisation au risque cybernétique qui démarre demain, Jean-Noël de Galzain, son président, également fondateur et CEO de Wallix, revient sur l’importance d’une autonomie stratégique européenne dans ce domaine.
« Nos concurrents l’ont compris, il faut cultiver et développer un marché intérieur comme un marchepied avant d’exporter dans le monde entier. Nous devons nous aussi construire un marché européen solide sur lequel s’appuyer. De tous temps, les grandes entreprises mondiales ont développé des partenariats stratégiques de proximité et un écosystème pour dynamiser leur compétitivité et leur innovation. C’est le cas du Mittelstadt allemand devenu le premier exportateur dans le monde grâce à la mise en place de la filière », expliquait Jean-Noël de Galzain en ouverture de la cinquième université d’été d’Hexatrust placée sous le thème de l’autonomie stratégique européenne.
L’association, qui compte aujourd’hui 60 membres (500 millions d’euros de chiffres d’affaires cumulés), majoritairement français, mais également allemands et luxembourgeois, souhaite s’ouvrir à l’Europe pour créer un véritable écosystème d’affaires et d’innovation, en pointe sur les questions de cyber IOT, de cloud de confiance et d’identité numérique.
Jean-Noël de Galzain prépare donc avec l’Etat (DGE, Ministère de l’Industrie, Anssi) une nouvelle feuille de route pour développer la filière cyber en France : « Nous travaillons sur la formation, des écoles, l’attractivité des territoires… », explique ce passionné des rencontres d’affaires depuis de longues années, notamment au sein du pôle de compétitivité Systematic. « Il faut une coordination au niveau national entre tous les acteurs pour faire émerger une offre de rang mondial », poursuit-il, d’où l’importance de voir se créer un fonds d’au minimum 100 millions d’euros pour investir dans les pépites du secteur.
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« On ne peut pas importer le modèle israélien en France, estime-t-il. Il faut inventer un nouveau modèle à la française pour avoir notre propre identifiant numérique et ne pas dépendre des Gafa. C’est un vrai challenge, au niveau français et européen, de faire émerger cette offre de rang mondial en cyber. C’est pourquoi il nous faut des locomotives au sein d’Hexatrust comme Orange, Thales ou Atos, qui intègre déjà des briques technologiques de nos membres dans son offre… Il faut montrer nos différenciateurs », insiste-t-il.
Le chemin est toutefois semé d’embûches : « Nous devons changer culturellement les équipes d’acheteurs dans les grands groupes et les amener à s’internationaliser, comme le font les Allemands. Si on veut un Mittelstadt à la française, on doit transformer la Start-up Nation en ETI Nation pour devenir des partenaires de la transformation numérique, énergétique et environnementale. »
Pour y parvenir, les pôles de compétitivité et autres structures d’accompagnement publiques ne suffisent plus : « Ils sont trop cantonnés à la R&D. Aujourd’hui, il faut s’attaquer aux marchés et imaginer de nouveaux business. C’est une grosse part de mon travail au sein d’Hexatrust afin de regrouper tous les acteurs prêts à participer à cette construction », explique le patron de Wallix (170 personnes aujourd’hui réparties entre Paris, Lyon et Rennes).
Une extension sur Rennes
Wallix vient ainsi d’ouvrir son premier centre de développement (hors Paris) à Rennes, au cœur du premier écosystème français en matière de cyber-sécurité civile et militaire (2 500 emplois en cybersécurité, 120 entreprises et 2000 étudiants formés par an). « Notre idée est d’y développer des services et applications cyber by design dédiées à la gestion des accès et de l’identité dans le cloud et la protection des données », précise le dirigeant. Le centre, qui comptera à terme une vingtaine de collaborateurs, est dirigé par Jean-Marc Guyot, VP Engineering Group Cloud based Security Services (CBSS).
« Notre idée est d’emmener dans cet écosystème tous les entrepreneurs, scientifiques et gros intégrateurs pour travailler ensemble. Il faut instaurer le dialogue autour d’objectifs concrets » conclut-il, telle une plateforme initiée dans le cadre d’un marché avec la DGA et la Dirisi qui fédérera l’offre de cybersécurité dans différents domaines, destinée à répondre aux besoins des militaires et des acteurs privés. Idem avec Rennes Métropole dans le domaine de la ville et la mobilité. Des projets qui seront détaillés lors de la quatrième édition de l’European Cyber Week qui se déroulera à Rennes du 19 au 21 novembre prochains, organisé par le Pôle d’excellence cyber et ses partenaires et auquel participera Wallix.
Wallix s’étend et étoffe son offre
Jean-Noël de Galzain a procédé ce premier semestre à l’acquisition de deux sociétés, Trustelem, une pépite lyonnaise spécialiste de l’Idaas (gestion des identités dans le cloud) et la start-up espagnole Simarks (spécialiste du PEDM, soit la sécurisation des accès aux postes de travail pour les entreprises et la protection contre les malwares). Par ailleurs, son entreprise vient de lancer une offre cyber IOT à l’attention de l’industrie 4.0 (Wall4IOT) en partenariat avec l’italien Alleantia, spécialiste de l’IIOT. Et étoffe son offre de formation (Wallix Academy) pour les clients finaux de plus en plus utilisateurs de PAM (gestion des accès à privilèges). « Il faut former des experts dans les entreprises sur leurs droits et devoirs et mener des actions au niveau culturel chez les utilisateurs si on veut de la cyber-résilience », précise-t-il.