La volonté du fondateur de Quarkslab, Fred Raynal, de valoriser la R&D en cybersécurité sort renforcée de cette opération qui va permettre à la « deeptech » d’accélérer.
La période complexe du confinement n’aura été qu’un contretemps pour la « deeptech » française Quarkslab, spécialisée dans les produits et services de cybersécurité. Fred Raynal, son dirigeant et fondateur, a annoncé lundi 15 juin avoir bouclé une première levée de fonds de 5 millions d’euros auprès du fonds Brienne III d’Ace Management. L’annonce devait auparavant avoir lieu entre la mi-mars et la mi-avril, mais la crise du covid-19 n’aura pas retardé longtemps la montée en puissance de la jeune entreprise de 60 personnes créée en 2011, et déjà implanté au Japon (avec un focus sur le secteur automobile), à Singapour et en Argentine. Le montant très respectable pour une première levée s’explique par la maturité de l’entreprise sur ses sujets, son développement perpétuel en autofinancement grâce à son activité de services et son orientation résolument tournée vers la R&D. A ce titre, « Il s’agit plus d’une « fausse série A » que d’un tour de seed » expliquait en mars Fred Raynal à Alliancy.
Une R&D essentielle en cybersécurité
Quarkslab propose en effet au côté de ses produits Epona (protection des logiciels et des données) et Irma (un orchestrateur pour l’analyse de logiciels malveillants), un laboratoire de sécurité certifié par l’Anssi qui se concentre sur la recherche et l’innovation tant offensive que défensive, afin d’en faire profiter ses clients. « Cet ancrage R&D et académique est ce qui nous vaut le qualificatif de « deeptech ». Aujourd’hui, des membres de nos équipes ont déjà soutenu deux thèses importantes en matière de sécurité et trois autres sont en cours » souligne Fred Raynal.
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Ce positionnement est aussi une conviction du dirigeant vis-à-vis du marché et de la valeur apportée aux entreprises. « Faire de la recherche cyber est essentiel, ne serait-ce que pour garder une avance technologique, mais il faut également que cela puisse servir directement les entreprises. Trop souvent les avantages de la recherche reste limités à l’intérieur d’un laboratoire. C’est pourquoi Quarkslab, grâce à ses activités de services, vise à confronter la recherche à la réalité du terrain de ses clients, puis à « l’automatiser » à travers ses outils » détaille-t-il.
Adresser la maturité cyber encore trop faible des Français
Le dirigeant, passé par EADS et Sogeti, souligne par ailleurs la criticité pour les entreprises technologiques de se mobiliser en la matière afin de faire bouger les lignes dans l’Hexagone. « Malgré le travail très important mené par l’ANSSI ces dernières années, force est de constater qu’en France, la maturité des organisations en cybersécurité reste encore trop faible.
Les entreprises ne se saisissent souvent du sujet que « contraintes et forcées », ce qui est très différent de la sensibilité à la gestion du risque des dirigeants anglo-saxons » explique-t-il. Il souligne par ailleurs que de trop nombreuses entreprises françaises se laissent convaincre par les arguments marketing de fournisseurs venus d’outre-Atlantique ou d’outre-Manche, plutôt que de s’intéresser au caractère opérationnel des solutions et à leurs réelles avancées technologiques.
Le dirigeant de Quarkslab reconnait cependant la réputation de grand sérieux et d’expertise des experts français de la cyber et compte bien s’en servir pour affirmer son internationalisation, avec des plans pour le Benelux, l’Europe du Nord et le Royaume-Uni. En parallèle, l’entreprise souhaite développer des liens avec de nouveaux intégrateurs pour mieux diffuser ses solutions.