Frédéric Vacher, directeur de l’innovation chez Dassault Systèmes, revient pour Alliancy, sur les objectifs de leur « Innovation Lab Center », doté de quatre labs physiques dans le monde, dont un près de Paris. Focus sur la deeptech à fort impact !
Le 3DS Paris Campus est situé à Vélizy-Villacoublay, au sud de Paris. S’y rendre fut l’occasion pour Alliancy d’une rencontre avec Frédéric Vacher, à la tête de l’innovation du groupe et de l’« Innovation Lab Center », doté de quatre lieux physiques dans le monde (avec Boston, Munich et un centre en Inde et un prochain en Chine). Objectif ? Collaborer avec un maximum d’innovateurs et de start-up early stage de la deeptech. « Ces quatre entités sont toutes pilotées par une seule équipe basée ici et sous ma responsabilité, explique l’expert à l’origine de cette initiative qui catalyse l’innovation de rupture en accélérant les projets. Nous en avons mené 60 depuis six ans, avec seulement 5 % d’échecs », constate-t-il.
Première salle de radiothérapie virtuelle
Dassault Systèmes, l’Institut H. Hartmann, le premier centre de radiothérapie privé de France (groupe Elsan) et l’institut Rafaël travaillent au projet VORTHEx, première salle de radiothérapie entièrement simulée en 3D. Leur but ? Accompagner le patient fragilisé dans sa maladie et améliorer son bien-être au cours de son parcours de soin en lui permettant de vivre l’expérience du traitement en amont.
En France, le nombre de nouveaux cancers par an est de l’ordre de 400 000 et au cours de la prise en charge des patients, 60 % d’entre eux auront recours à la radiothérapie. L’impact de cette expérience 3D immersive, qui reproduit à l’identique la salle de traitement dans un monde virtuel, sera évaluée lors de tests cliniques auprès d’une cohorte de patients dans les deux ans à venir.
Dans le groupe depuis 25 ans, Frédéric Vacher revient sur l’histoire du groupe 3DS dans le numérique depuis 40 ans, avec la maquette numérique pour tous les secteurs industriels désormais en vue de transformer les process, de la conception complète du produit, du design jusqu’au pilotage des usines (3D PLM).
Si le transport (aéronautique, automobile…) est le plus gros marché de l’éditeur, la santé arrive en deuxième position. « Nous couvrons la chaine complète de l’innovation dans ce secteur, y compris de molécules (Medidata intégré au groupe) jusqu’à simuler des tests cliniques à distance. »
Des offres de conception, simulation et gestion de projets qui permettent de travailler en mode collaboratif dans le cloud… y compris via son smartphone pour 9 euros par mois… « Nous nous adressons aujourd’hui à tous les makers », précise-t-il. Mais également au grand public avec l’application Home by me par exemple qui vous propose gratuitement de « faire » votre maison… « Notre sujet : réconcilier nos projets avec la vie et la nature ! ».
De fait, peu proche des nouveaux écosystèmes de start-up et de makers…. Des talents très agiles et très différents des grands industriels, 3DS cherche aujourd’hui « à accélérer des innovations qui répondent à nos grands défis sociétaux », d’où ces quatre labs qui fonctionne comme un grand réseau mondial connecté à de nombreux incubateurs dans le monde. « Nous croyons à l’intelligence collective avec plus de 2 000 mentors répartis dans 140 pays », précise-t-il.
Le groupe donne en effet 10 % de temps de mentoring à ses salariés s’ils le souhaitent (soit ½ journée par semaine)…. Pour une start-up early stage par exemple, il fournit logiciels, plateforme et temps hommes. Mais ce peut-être aussi pour des projets collaboratifs et communautaires, tel le projet Open Codex, qui vise à reconstruire et animer en 3D les inventions de Léonard de Vinci à partir de ses codex. Une communauté qui permet d’apprendre, découvrir et partager les connaissances sur les œuvres de Leonardo en Arts, Sciences et Technologie et de devenir un contributeur de l’Encyclopédie 3D Sociale unique.
Les machines de Léonard de Vinci en 3D
Léonard de Vinci, ingénieur, est le père d’inventions aussi modernes que l’avion, l’hélicoptère, le sous-marin ou l’automobile. Faites de bois en leur temps, ou même esquissées pour la plupart de manière extrêmement détaillées, ces machines n’étaient pas toutes fonctionnelles, mais démontraient déjà son génie. Le projet Open Codex, lancé en 2012, permet de reconstruire et d’animer en 3D ses inventions à partir de ses codex. Son parti pris de démarche d’Innovation ouverte a permis à des personnes d’horizons différents à travers le monde de partager leurs connaissances. Cette communauté a prouvé que comme le fait Wikipédia, elle peut aussi s’appliquer à la science et à la technologie en utilisant la 3D…
C’est là toute la philosophie derrière le soutien accordé par 3DS, qui fait 2 à 4 sessions de sélection de projets par an. « Nous choisissons les projets en fonction de l’innovation de rupture proposée, son impact positif et la dimension d’intelligence collective avec les solutions 3DS.
Grâce au tableau de bord Netvibes, qui permet de suivre des centaines de sources d’informations simultanément, les projets arrivent directement jusqu’à ses équipes, « mais également par le biais des collaborateurs du groupe, via notre site ou par notre réseau d’incubateurs ». Ensuite, si la start-up est sélectionnée, elle a accès à la plateforme cloud pour pouvoir travailler et collaborer à différents services (marketplace 3DS pour aller jusqu’à la fabrication).
Parmi les autres projets que l’on peut trouver sur la plateforme de 3DS, à noter :
- Le Gyrolift est un fauteuil roulant verticalisé. Conçu sur la base d’un gyropode de type Segway, il est plus léger qu’un fauteuil roulant classique et permet de se déplacer plus facilement.
- XSun et ses drones solaires (Unmanned Aerial Vehicle) à longue portée qui ouvrent les portes aux vols continus.
- Damae Medical et son système d’imagerie générant en temps réel des images microscopiques de l’intérieur des anomalies de la peau.
- Lucid Implants qui aide le chirurgien en prédisant et en validant des dispositifs médicaux sur mesure pour chaque patient spécifique.
- K’Watch, un système de surveillance continue du glucose (CGM) intégré dans une Smartwatch.
- La start-up française Biomodex imprime des organes en 3D standards ou sur-mesure, basée sur les vrais organes de patients, pour s’entraîner à réaliser des opérations délicates.