Le 20 janvier dernier se tenait les premiers Trophées de la santé mobile, organisés par une start-up spécialiste du sujet. L’occasion de récompenser cinq applications, mais également de débattre de la maturité du phénomène en France.
Pour leur première édition, les « Trophées de la santé mobile » ont récompensé des applications aux buts variés. La grande gagnante – SAM SEP conçue par l’entreprise Merck Serono – est un journal numérique personnel destiné aux personnes diagnostiquées atteintes de la Sclérose En Plaques (SEP). Celui-ci doit permettre de fournir des éléments supplémentaires aux soignants afin qu’ils puissent adapter le traitement et la prise en charge du patient. Les autres trophées ont été remis respectivement à iChemoDiary (gestion des effets secondaires de la chimiothérapie), iPansement (indications pour les soins avec pansement, destinées aux professionnels) et Ma Grossesse de Doctissimo (accompagnement de la maternité). DiabPhone Carnet (auto-surveillance du diabète) a été récompensé par le coup de cœur des internautes.
Mais l’évènement, lancé par Dmd-Santé, une start-up fondée en 2012 par deux médecins et un ingénieur, ne s’est pas contenté de mettre à l’honneur quelques-unes des nombreuses applications dédiées à l’univers de la santé. Les Trophées ont également tentés de dresser un tableau réaliste de ce marché en 2014.
Un phénomène qui doit pousser les médecins à s’adapter
Lors de la table-ronde organisée pour l’occasion, des experts médicaux et des professionnels du numérique ont ainsi abordé les principaux questionnements qui entourent actuellement la M-Santé. Au centre du débat, l’adaptation nécessaire des médecins pour prendre un rôle de « prescripteurs d’informations » et limiter la consultation intempestive de n’importe quel site ou application par un patient livré à lui-même. « Lorsque les patients quittent le cabinet, seulement 25% d’entre eux ont compris le diagnostic du médecin » explique le docteur Pierre Simon, Président de l’Association Nationale de Télémédecine. La porte ouverte à une recherche supplémentaire d’informations sur Internet pas toujours de bon aloi.
Impossible cependant de mesurer précisément l’impact des nouvelles possibilités offertes aux patients par le numérique et la mobilité. En effet, le plus grand obstacle pour le développement équilibré de la M-Santé semble se situer au niveau du déficit d’études et d’enquêtes fiables réalisées sur le phénomène. Un point noir qui a tendance à braquer une partie du corps médical, pour qui ces nouvelles pratiques provoquent des changements profonds au quotidien… parfois difficiles à comprendre. A ce niveau, l’hypothèse de logiciels explicatifs incorporés au sein d’outils de coordination des soins a été soulevée, afin de permettre une meilleure collaboration des praticiens.
Ce défi d’information et d’organisation est primordial alors que les très nombreuses applications dites « de santé », recouvrent souvent des réalités différentes. La fiabilité d’un bon nombre d’entre elles peut être remise en question, surtout quand elles ne sont rien de plus que des offres de conseils en fitness – malgré ce que leurs mots-clefs peuvent indiquer sur le magasin d’applications. La table-ronde a permis de prolonger cette réflexion autour des enjeux de classification de ces applications, avec notamment la prise en compte de leur référencement, de leur description et de leur utilité réelle… Ne serait-ce que pour déterminer quand elles s’adressent aux soignants ou aux patients, aux besoins radicalement différents !
Protéger les données
D’un point de vue plus technique, la confidentialité des données a été identifiée, lors de la soirée, comme le sujet majeur de préoccupation. La réutilisation des données collectées par les applications est une question centrale, surtout alors que l’actualité récente a prouvé que certaines pouvaient se retrouver rapidement diffusées, par exemple sur des réseaux sociaux comme Facebook. A ce titre, les enjeux de sécurité, pour faire face aux piratages et aux vols de données, se trouvent être plus que jamais critiques. Des points qui viennent s’ajouter, d’après les experts présents, à la nécessaire liberté du patient, qui doit pouvoir décider de lui-même quelles informations il souhaite partager… au risque sinon de tendre vers un monde de surveillance médicale permanente.
Suite à ces échanges malgré tout optimistes, la soirée s’est achevée avec presque plus de questions que de réponses. Une bonne raison pour Dmd Santé de vouloir remettre le couvert en 2015, avec une seconde édition de ces Trophées de la santé mobile. Le thème a même déjà été annoncé : « Quelle sera la place des données dans le système de santé de demain ? »