Dans son nouveau billet d’humeur, Alain Garnier appelle à un sursaut des dirigeants et des managers sur la question épineuse du télétravail : ne vous trompez pas de combat !
Il faut changer de lunette et de sonotone !
Le temps des excuses est révolue. Depuis que la sécurité sociale rembourse avec un reste à charge zéro le changement de lunettes : nos managers n’ont plus d’excuses, car la myopie ou le strabisme ambiant autour du télétravail reste pourtant énorme.
Jugez en vous-mêmes. Dans une étude du Global Workplace Report de NTT basée sur 1146 professionnels dans 23 pays, dont 315 en Europe[1] (soit une représentation globale des mouvements post-covid & post confinement), on découvre que 84% des entreprises pensent que leurs salariés préfèrent le télétravail à 100%… en particulier chez les jeunes, bien sûr. On voit bien les patrons et les managers projeter cette image du « jeune faignant » qui profite du télétravail pour trainer le matin après une soirée et un after bien arrosé (ou autre substances) en legging dans des visioconférences soporifiques.
L’écoute, le vrai sujet
Alors que l’étude, dans le même temps, rappelle que plus de 46% des jeunes de 18 à 29 ans préfèrent aller travailler au bureau là où les plus de 50 ans sont à 30% seulement. Qu’est-ce que cela nous indique ? Que le travail est une forme de socialisation tout simplement et qu’aller sur son lieu de travail a aussi une fonction sociale au-delà de la simple productivité. Par exemple, 38% des couples se sont formés sur un lieu de travail et 62% ont déjà eu une aventure au travail[2]… On comprend mieux pourquoi les jeunes sont plus enclins à aller au travail « en vrai » que leurs ainés : à la fois à cause d’une envie de rencontre plus poussée, mais aussi en raison d’un « besoin » réel de structuration managériale dans leur quotidien professionnel.
Cette étude d’ailleurs ne résoudra pas le manichéisme ambiant sur le télétravail car les trois groupes se répartissent en trois tiers équivalents : les 100% télétravail, les 100% présentiels et les hybrides. Il faudra donc faire preuve d’imagination et d’écoute. Cela tombe bien : les sonotones sont à présent également remboursés avec un reste à charge zéro… car seulement 38% des salariés déclarent que leurs entreprises les écoutent et prennent en compte leurs demandes d’amélioration de leurs conditions de travail.
L’écoute est donc un vrai sujet qui doit être traité avec beaucoup plus de volume sonore qu’aujourd’hui au risque de voir ce qui se passe chez nos amis américains déferler en Europe et en France également : le phénomène des démissions en masse[3] où plus de 4 millions d’américains ont préférés quitter leur travail dans les derniers mois. C’est là que nous pouvons nous réjouir d’avoir en France un système de santé qui va permettre à tous les managers de changer de lunettes et de régler leur sonotone !
Et l’auteur de l’étude, Alex Bennett, Global Senior Vice-Président GTM Solutions chez NTT Ltd de rappeler que « notre étude révèle que l’équilibre entre vie professionnelle et personnelle et les temps de trajet sont devenus les deux principaux critères pour le choix du lieu de travail. » Or, pour rappel, pour ceux qui pourrait l’oublier : pour conduire (y compris sur son trajet pour se rendre au travail)… il faut aussi des lunettes 🙂
[1] http://itsocial.fr/enjeux-it/enjeux-utilisateurs/teletravail/les-entreprises-et-les-salaries-en-net-desaccord-sur-le-futur-du-travail-selon-une-etude-de-ntt/
[2] https://www.leparisien.fr/societe/62-des-salaries-ont-deja-eu-une-aventure-sur-leur-lieu-de-travail-06-02-2019-8005356.php
[3] https://www.lesechos.fr/monde/etats-unis/aux-etats-unis-le-mouvement-de-la-grande-demission-setend-au-dela-la-tech-1358168