Le groupe DHL, spécialisé en transport et logistique, a réalisé conjointement avec IBM un rapport soulignant l’importance d’introduire de l’intelligence artificielle dans le domaine de la logistique.
L’intelligence artificielle (IA) va faire évoluer la logistique en un secteur proactif, prédictif, automatisé et personnalisé. C’est le point sur lequel insiste le rapport réalisé par IBM et le groupe de transport DHL. Les deux acteurs, conscients que l’IA est devenue omniprésente dans le secteur de la consommation avec l’essor des assistants vocaux, ont souhaité mettre en avant son apport dans la logistique. Après avoir défini le fonctionnement de la technologie et cité des cas d’usages dans différents secteurs industriels, IBM et DHL ont détaillé dans leur compte-rendu les potentialités de l’IA et la manière dont les responsables des chaînes d’approvisionnement peuvent en tirer parti.
Le message-clé du rapport concerne ainsi l’évolution du modèle logistique. Les technologies IA peuvent par exemple utiliser la reconnaissance avancée d’images pour suivre l’état des expéditions et des biens ou prévoir les fluctuations des volumes d’expédition à l’échelle mondiale avant leur apparition. Le rapport insiste également sur l’intérêt de la technologie dans l’expertise humaine : « L’IA va sûrement augmenter les capacités humaines, tout en éliminant le travail de routine. Ceci permettra d’attribuer la main-d’œuvre logistique à des taches plus significatives et à forte valeur ajoutée », prévoient les auteurs. Selon eux, de nouveaux modèles d’expérience client découleraient par ailleurs de l’IA, les livraisons de produits pourraient être prévues avant même que les clients ne les commandent.
L’entreprise de livraisons Relais Colis, qui a inauguré l’an dernier un hub mécanisé en région parisienne et s’apprête à en ouvrir un autre à Lyon, rappelle que le traitement de la donnée pour améliorer les performances et tracer les produits n’est pas un fait nouveau : « Cela fait des années que cela fait partie des projets de transformation mais cela reste un enjeu du métier. Plus on anticipe, meilleur on est. L’expérience client est un élément essentiel, nous devons allier notre savoir-faire et la technologie au service du consommateur pour pouvoir l’informer, à l’avenir, du temps d’attente réel avant sa livraison », estime Jean-Sébastien Léridon, directeur général de Relais Colis.
« Sans IA, les entreprises prennent le risque d’être vite dépassées »
Les chercheurs d’IBM estiment néanmoins que seuls 10% des systèmes actuels comprennent des éléments d’analyse basés sur de l’IA. Le texte publié vise ainsi à encourager les entreprises à davantage exploiter l’IA. « Plusieurs raisons nous poussent à croire que c’est maintenant que l’industrie logistique doit s’impliquer dans l’IA. La technologie est désormais mature et abordable, les entreprises qui ne le font pas prennent le risque d’être vite dépassées par leurs concurrents », affirme Matthias Heutger, Senior Vice President et Global Head of Innovation à DHL.
DHL a mis en place un outil basé sur de l’apprentissage automatique pour prévoir les retards de transit de fret aérien. 58 paramètres différents sont analysés dans les données internes pour prédire si le temps de transit quotidien moyen pour une voie donnée devrait augmenter ou diminuer, et ce jusqu’à une semaine à l’avance. « Dans l’import et l’export de produits, nous analysons des paramètres globaux qui viennent de différentes sources pour anticiper les délais, précise Sabine Harmann, Executive Assistant at DHL Supply Chain. L’intelligence artificielle permet d’obtenir des informations dès qu’il y a un problème. »
L’IA également mobilisée dans le transport
Le fait que les transporteurs s’intéressent à cette technologie ouvre la voie pour d’autres applications. Un exemple avec Sigfox, qui perçoit la logistique comme un secteur stratégique. « Suivre ses expéditions par les objets connectés (IoT) permet à la fois de maîtriser ses stocks en prévoyant les retards, mais aussi, par la suite, de détecter par big data le trajet le plus pertinent en ayant connaissance des flux macro. Aujourd’hui, les entreprises savent d’où part leur envois, quand ils arrivent, mais pas leurs points de passage. Les connaître pourrait avoir un impact dans la prise de décision, et conduire par exemple à la création d’entrepôts au plus près. Cela va disrupter le secteur », affirme Patrick Cason, directeur général de Sigfox France, qui voit en l’application de l’IoT et de l’IA un double générateur de ROI pour les entreprises.
Michelin vient de se doter d’une solution de tracking mise au point par Sigfox et le cabinet de conseils Argon pour suivre ses flux de fret maritime intercontinentaux. « Les pilotes que nous avons réalisés et leur analyse nous ont confirmé les gains réalisables allant jusqu’à 10 % de réduction de stock de transit, une heure estimée d’arrivée (ETA) 40 % plus précise et 4 fois moins de ruptures de stock dues à des causes exceptionnelles comme les conditions climatiques et météorologiques, tout cela grâce à la gestion en temps réel des stocks », explique Pascal Zammit, Senior Vice-président de la supply chain chez Michelin. « L’envoi d’un container – de l’entrepôt situé à l’intérieur des terres à sa destination – nécessite de passer par différents modes de transport, ce qui représente une trentaine de sous-traitants, tels que les sociétés de transport terrestre, de manutention portuaire, les douanes ou les lignes maritimes », ajoute Patrick Cason, à Sigfox.
Le transport est aussi un chantier étudié par les entreprises avec les problématiques autour du dernier kilomètre. A cet égard, DHL s’est associé à l’équipementier automobile allemand ZF et au fabricant de cartes graphiques Nvidia, afin de tester la livraison par véhicule électrique autonome. De son côté, Relais Colis poursuit ses tests pour équiper en septembre l’ensemble de ses chauffeurs d’outils informatiques embarqués afin d’informer les clients du temps restant avant la livraison.