François Hollande a annoncé par décret du 8 février 2016 la nomination des nouveaux membres du Conseil national du numérique. Mounir Mahjoubi, cofondateur de La Ruche qui dit oui, remplace Benoît Thieulin à la tête du CNNum. A l’image de ce nouveau président, l’organisme est plus « entrepreneurial ». Sur ses 30 membres, 12 sont des créateurs d’entreprise. Un nombre bien plus élevé que dans la promotion précédente, qui n’en comptait que 6 dans ces rangs. Parmi ces entrepreneurs, certains noms sont bien connus dans le secteur du numérique : Ludovic Le Moan (Sigfox), Rand Hindi (Snips) ou encore Véronique Torner (Alterway). Autre particularité, la moitié de ces entreprises sont basées en région (Toulouse, Montpellier, Lille et Nantes).
Anodin ? Dans un récent entretien à Libération, Benoît Thieulin a souligné qu’« aujourd’hui, il s’agit moins de réfléchir à des stratégies que de passer à l’action ». Intégrer plus d’entrepreneurs serait-il une des solutions pour peser plus dans le débat politique ?
Véronique Torner, cofondatrice d'alter way. @ Olivier Erzatty
Diplômée de CPE Lyon (Ecole supérieur chimie physique électronique), Véronique Torner débute sa carrière professionnelle en co-créant en 1998 Black Orange, une start-up d’e-commerce cédée aux Editions Atlas en 2000. Elle prend ensuite la direction générale de Masterline Net Solutions puis de la SSII Masterline pendant cinq ans aux côtés de Philippe Montargès, son fondateur. Ensemble, ils fondent en 2006, alter way, une entreprise de services du numérique spécialisée dans l’open source. En juin 2013, elle a été élue administratrice au Syntec Numérique et y préside la commission PME et régions. Véronique Torner est également présidente de l’Open CIO Summit, un sommet dédié à l’open source.
Rania Belkahia, cofondatrice d'Afrimarket. © REA
Diplômée de Telecom ParisTech et HEC, Rania Belkahia a fait un bref passage chez Poly Conseil (groupe Bolloré) comme consultante, avant de fonder en 2013, à seulement 25 ans, Afrimarket, aux côtés de Jérémy Stoss et François Sevaistre. Cette start-up propose un service de transfert d’argent sécurisé vers l’Afrique qui utilise une technologie permettant de régler directement depuis chez soi toutes les dépenses de santé, de scolarité et de nourriture de proches en Afrique. Afrimarket prend une commission de 5 % et ne fixe pas de montant minimum. En janvier 2015, elle a bouclé une levée de fonds de deux millions d’euros, dont 1 million auprès d’Orange.
Emmanuelle Roux, fondatrice du FacLab de Cergy-Pontoise. © Ophelia Noor
En 15 ans, Emmanuelle Roux a fondé deux agences dans l’accompagnement à la transition numérique, Les Clefs du Net et Les Netronautes. En parallèle, elle s’est impliquée dans la refonte de différentes formations en prenant notamment la direction de la licence développeurs Web et Web Mobile de l’Université de Cergy Pontoise avec un informaticien, Laurent Ricard. En 2010, Emmanuelle Roux se lance dans l’aventure des FabLabs, crée La Forge des Possibles en Vendée et le FacLab de l’Université de Cergy Pontoise, à Gennevilliers. En 2013, elle fonde Sc21, « élément de transition vers le 21e siècle » avec Laurent Ricard et Ivan Vassileff. Ensemble, ils ouvrent en 2014 zBis, une micro-usine locale et partagée. Depuis début 2016, Emmanuelle Roux s’est lancée dans une nouvelle aventure entrepreneuriale sur Lille dans le but de déployer des dispositifs de rencontres, de partage et d’apprentissage autour des technologies numériques.
Gaël Duval, fondateur de jechange.fr. © jechange.fr
Gaël Duval, 45 ans, est un serial entrepreneur, avec pas moins de sept projets à son actif. Ce diplômé de l’Université Panthéon Assas fonde à 24 ans une agence de marketing, Alpaga, revendue au groupe de communication BBDO Paris. Il cofonde en 2000, un des premiers incubateurs de start-up, Kangaroo Village avec notamment Fabrice Grinda (entrepreneur et business angel). En 2005, Gaël Duval créé Nextedia, une agence de conseil en transformation digitale qu’il revend deux ans plus tard au groupe Lagardère. En janvier 2007, le serial entrepreneur lance jechange.fr, un comparateur dédié à la réduction des factures courantes (assurance, banque, électricité…). Il a également cofondé France Digitale en 2013 et est à l’origine de la French Touch Conférence, un évènement qui réunit l’écosystème du numérique français à New York.
Bertin Nahum, fondateur de Medtech. © Medtech
En 2012, Bertin Nahum, a été classé quatrième entrepreneur high-tech le plus innovant au monde par la revue scientifique Discovery Series. Juste derrière Steve Jobs, Mark Zuckerberg et James Cameron ! Cet entrepreneur de 45 ans possède un diplôme d’ingénieur de l’Institut National des Sciences Appliquées (INSA Lyon, France), un Master of Science en Robotique, ainsi qu'un diplôme honorifique de Docteur en Technologie de Coventry University. Il a exercé plusieurs fonctions de management dans des sociétés spécialisées en robotique chirurgicale avant de fonder Medtech en 2002. Cette société montpelliéraine, est spécialisée dans la robotique médicale. Elle a développé Rosa, un robot capable d’assister un chirurgien lors d’une opération sur le cerveau.
Mounir Mahjoubi, président du CNNum. © Flickr CC Swanny Mouton
Ce jeune homme de 31 ans est directeur adjoint de l’agence de publicité BETC Digital, filiale d’Havas, depuis 2014. Diplômé de l’Université Panthéon Sorbonne et de Sciences Po, Mounir Mahjoubi a créé plusieurs entreprises : FairSense (2006), un site qui commercialisait des stickers décoratifs réalisés par des artistes ; Mounir & Simon (2007), une agence de communication ; La Ruche qui dit oui (2010), la plateforme de mise en relation entre producteurs locaux et consommateurs. Cette dernière compte aujourd’hui plus de 100 000 membres actifs et 4 500 producteurs, et a levé 8 millions d’euros en juin 2015.
Ludovic Le Moan, cofondateur de Sigfox. © Sigfox
Ludovic Le Moan, 52 ans n’a pas toujours été entrepreneur. Diplômé de l’Ensimag (Ecole Nationale Supérieure d'Informatique et de Mathématiques Appliquées de Grenoble), il rejoint en 1996 la société de services informatiques Coframi en tant que business developper pour la quitter quatre ans plus tard en tant que dirigeant. Il fonde Anyware Technologies, un des premiers spécialistes du logiciel de traitement des données d’objets, racheté en 2008 par le fournisseur de technologies sans fil embarquées Wavecom. Il s’associe à Marc Rougier et lance Scoop.it, une plateforme de curation. En 2009, il fonde avec Christophe Fourtet Sigfox, un réseau bas débit dédié à l’Internet des objets. Depuis, la start-up a réalisé trois levées de fonds dont la dernière en février 2015 pour un montant de 100 millions d’euros.
Rand Hindi, cofondateur de Snips. © Flickr CC Olivier Ezratty pour TEDxParis
A 31 ans, Rand Hindi s’est donné un objectif : faire disparaître les technologies. Avec une thèse en bio-informatique à l’University College London (UCL) et deux diplômes de la Singularity Université de la Silicon Valley en poche, ce passionné de maths a fondé avec Mael Primet et Michael Fester en 2012, Snips. Cette start-up spécialisée dans l’intelligence artificielle, est notamment à l’origine de l’application Tranquilien, créée avec la SNCF, qui prédisait les rames dans lesquelles les usagers avaient le plus de chances de trouver des places assises. Rand Hindi n’en est pas à son premier business. En janvier 2000, il fonde PlanetUltra.net, le premier réseau social en France destiné aux jeunes parisiens. A 15 ans, il crée sa propre agence de développement web, Hinran. Entre 2008 et 2012, il est datascientist à son compte. En avril 2014, Rand Hindi, reçoit le prestigieux prix de la MIT Technology Review du jeune innovateur français de l’année.
Najette Fellache, cofondatrice de Speach.me. @ Capture d'écran chaîne Youtube Salon des entrepreneurs
Cette passionnée de pédagogie est diplômée d’une licence professionnelle des nouvelles technologies à l’UFR de Nantes et d’un DEST management et gestion au CNAM (Conservatoire national des arts et métiers). Elle a travaillé quelques années en tant que manager de consultants en formation avant de cofonder en juin 2013 Speach.me, une plateforme qui permet aux entreprises de créer et diffuser des formations vidéo interactives sous forme de MOOC. Contraction de « speech » et « teach », cette start-up mise sur des « capsules de savoir » d’une durée de 10 minutes qui sont composées de 60% de vidéo et 40% d’autres media. Najette Fellache, 35 ans, est aussi fondatrice de Women@nantes, une association qui fédère les femmes du numérique nantais.
Carole Zisa-Garat, fondatrice de Telegrafik. © Telegrafik
Carole Zisa-Garat intègre le groupe Renault en 2002, et y exerce pendant dix ans des fonctions de management de projets dans les domaines de la supply chain, du marketing, du commerce, et au sein de la direction générale. Diplômée de l’Ecole des Mines de Paris, elle fonde en septembre 2013 Telegrafik, une start-up spécialisée dans le big data et les services connectés intergénérationnels. Elle a développé Otono-me, un service d’alerte et de monitoring destiné aux personnes âgées vivant seules à leur domicile. Celui-ci repose sur des algorithmes d’intelligence artificielle traitant les données issues des tous les capteurs installés dans le logement du senior.
Benoît Thieulin et Marie Ekeland. © Manuel Braun pour La Nestcouade / Flickr CC Official Leweb photos
Benoît Thieulin : ancien président du CNNum (2013-2016) et fondateur de La Netscouade, agence de communication et de transformation numérique.
Marie Ekeland : membre du CNNum de 2013 à 2016. Elle a cofondé France Digitale, une association qui réunit les entrepreneurs et investisseurs du numérique, et Daphni, une société de gestion en capital-risque.
