La stratégie d’Etat Plateforme, incarnée par le plan « Action Publique 2022 », représente un engagement d’exemplarité des administrations centrales en matière de nouveaux usages numériques. Une quinzaine de participants ont ainsi été conviés au dîner « Les administrations et leur modernisation numérique : quels accélérateurs pour l’Etat d’ici 2022 ? », pour échanger sur leurs problématiques, entre la gestion de l’existant, la rationalisation des infrastructures, la maîtrise de la dépense publique et l’impératif croissant de protection de la donnée.
Photographies : Guillaume Ombreux
La transformation digitale est un sujet complexe pour l’ensemble des acteurs. « Il n’y a aucune certitude sur la manière dont il faut agir, hormis le fait de devoir travailler en mode agile », a rappelé Sylvain Fievet, directeur de publication d’Alliancy. Au cours de ce dîner, organisé par la rédaction en partenariat avec l’éditeur Veeam, Sylvain Fievet a cherché à connaître les accélérateurs et les leviers activés par les administrations pour maîtriser les défis techniques et culturels qui se posent à elles. Les participants ont également été appelé à donner leur avis sur le principe de mutualisation des projets.
Bruno Latombe, Chef de service du système d'information – Minefe
« Notre principale difficulté est de ne pas parvenir à trouver les bons canaux numérique adaptés à la taille totalement hors marché de l’Etat. Les offreurs de solutions ne disposent pas de solutions industrielles et économiques pour un marché qui n’existe pas à cette dimension. Cela prend donc du temps mais le plus important est l’élaboration de lignes stratégiques d’une part et d’avancement en mode opérationnel ‘test and learn’ par expérimentation le plus possible plutôt que la vitesse. Après tout, quand on observe les très grandes entreprises, leur transformation s’effectue aussi par adaptations successives. A mes yeux, la numérisation a pour vertu principale de rapprocher les métiers, les citoyens, les entreprises, les collectivités, les agents et les SI, et de simplifier leurs usages en moins de trois clics. On ira progressivement vers des parcours usagers ‘dites le nous une fois’ ou cross services à portée des doigts.»
Valérie Dagand, adjointe en charge de l’orchestration ministérielle de la transformation numérique – Ministère des Armées
« Notre projet de transformation numérique a été défini au travers d’un schéma directeur et décliné au travers de feuilles de route par entité ou métier. Pour conduire le changement et amener de l’agilité, nous avons ouvert un espace de liberté pour les projets d’innovation numérique avec une méthodologique et des process propres. Comme tout projet de transformation numérique, les changements nécessitent un accompagnement. Pour accompagner ces nouvelles méthodes de travail, nous avons commencé à mutualiser les retours d’expériences et et allons mettre en place un commando numérique en soutien aux métiers. »
Alain Merle, Directeur Programme Transformation des centres informatiques - DINSIC
« Notre transformation s’effectue à deux niveaux : à l’échelle de l’infrastructure numérique de l’Etat d’une part et à celle des ministères pour la partie métiers d’autre part. Nous modernisons ainsi nos infrastructures avec une stratégie de plateforme pour qu’elles répondent aux besoins des citoyens et des métiers et qu’elles assurent sécurité, confidentialité, disponibilité… Nous avons mis en place FranceConnect plateforme avec une API-fication des interfaces pour simplifier la mise en œuvre des démarches et des services en ligne. Concernant les projets ministériels, nous observons avec du recul l’élaboration des très nombreux chantiers avec le soutien de la DINSIC. Notre ambition est également d’offrir des services à l’ensemble de la sphère publique. »
Nicolas Duffour, Deputy CIO/DSIC – Ministère de l’Intérieur
« Pour accompagner une transformation, il n'existe pas encore de méthode connue et standard. Cependant il est indispensable de bien accompagner les métiers et permettre ainsi d'urbaniser le SI. Il est hors de question, par exemple, que chaque service ait un chatbot différent. La plateforme représente, à mes yeux, un accélérateur essentiel ; le cloud est également à l’origine de l’augmentation de la création de valeur. Il va nous permettre une ouverture interministérielle. L’hybridation reste néanmoins une orientation forte. Nous avons investi dans les datacenters et un cloud interne car nos missions doivent être garanties. En cas d’attentat par exemple, nous devons être certains de pouvoir assurer nos missions. »
Frédéric Telmart, DSI de la brigade – Pompier de Paris
« Avant d’aborder la transformation digitale, nous avons mis en place une structure organisationnelle dédiée visant à la mise à niveau de notre infrastructure. Cet important travail fait suite à l'exécution d'un des neuf chantiers programmés dans le cadre de l'application du nouveau schéma directeur des SIC de la BSPP. L’objectif de l'optimisation du réseau est de permettre à la brigade de disposer d'une infrastructure plus performante pour le traitement des 503 000 interventions annuelles. Même si nous avons des générations connectées dans nos rangs, ces changements culturels de métier sont vécus de manière brutale. La data est une problématique importante que nous prenons en compte au quotidien : comment trouver des indicateurs qui nous certifient un retour sur investissement ? Ce qui n’est pas garanti aujourd’hui. Nous avons tout de même un exemple de réussite avec la mise en place d’une plateforme d'appel commune entre les pompiers et la police concernant les appels d’urgence (17-18-112). Cette mutualisation permet une réponse immédiate des deux côtés. »
Laurent le Prieur, Direction du Numérique Educatif & sous-directeur en charge des Infrastructures techniques et de l’Exploitation – Ministère de l’Education
« Le Ministère de l’Education est l’un des rares à n’avoir jamais subi de transformation ; aujourd’hui deux problématiques se posent à nous : la réforme territoriale qui induit une reconfiguration des académies avec la mise en place des nouvelles régions et la révision de l’informatique nationale du ministère qui repose sur un modèle de production déconcentré dans 35 académies et vice-rectorats. En plus de ces transformations majeures, le ministère doit décliner le programme Action Publique 2022, qui induit notamment des démarches 100% dématérialisées pour les usagers et une montée en gamme des outils numériques à disposition des agents. La volonté du ministre de revoir l’organisation du baccalauréat en introduisant davantage de contrôle continu en 1ère et terminale impliquera également l’usage du numérique dans l’évaluation des élèves. »
Mokhtar Ben Belgacem, DSI – BPI France
« Nous sommes une banque, ce qui signifie que nous devons prendre en compte des réglementations et des exigences pointues. Nous mettons aussi l’accent sur la transformation digitale dont la clé de réussite réside dans l’intimité client. Nous devons être proches d’eux pour comprendre leurs enjeux et suivre leur transformation. Il y a aussi une nécessité selon moi à nouer des partenariats, notamment avec d’autres établissements publics, pour aller plus loin ! »
Veeam
L’éditeur Veeam, sponsor du dîner, retient des différents retours d’expérience la nécessité de rendre la donnée disponible. « Il y a des expériences du privé à reproduire dans le public mais dans tous les cas, on ne pourra pas répondre aux enjeux de sécurité et d’évolution des métiers si les services restent silotés. Le cloud avec la consolidation des infrastructures, des applications et des services est une étape nécessaire pour tendre vers des organisations plus agiles et flexibles », affirme Patrick Rohrbasser. Autre exigence des administrations, à l’image de la BNF, la réversibilité des solutions. « Une gestion intelligente des données tient dans la capacité à pouvoir les déplacer en fonction des évènements qui surviennent et qui peuvent être jugés anormaux Passer d’un modèle basé uniquement sur des règles fixes à un modèle mixte et comportemental est un vrai enjeu », note Thierry Lottin, pour qui le cloud ne peut être absent des projets de l’Etat. « Au final, la plateforme est un élément fondamental dans tous les projets, publics ou privés, et son objectif est de contribuer à créer de nouveaux business-modèles, ou de nouveaux modèles de services dans le public », conclut Stéphane Berthaud.
Olivier Saillenfest, DSI – Sécurité sociale indépendants
« Il faut comprendre que nos organisations, particulièrement publiques, ont des cycles d’investissements et de programmation longs, nous serons donc toujours en retard par rapport à la dynamique dont bénéficient, pour leurs usages personnels, nos « clients » et nos collaborateurs ; ce décalage qui ne peut être rattrapé nous place dans une situation d’exigence augmentée. Autre difficulté, les contraintes budgétaires. Nous n’avons pas la possibilité de demander un prêt à une banque, il faut donc être sûr d’utiliser efficacement l’argent public. »
Michèle Thonnet, Responsable e-santé europe et international – Ministère des Solidarités et de la Santé
"La problématique aujourd’hui est bel et bien le fait que l’on s’observe de manière silotée. J’essaie de faire prendre conscience à mes collaborateurs que les nouveaux outils ne peuvent fonctionner que si les informations qui en permettent l’efficacité sont validées et accessibles aux personnes habilitées. Il faut piloter la transformation de manière intelligente et effectuer des POC pour obtenir la fluidité et l’interopérabilité des données."
Perica Sucevic – Etalab
« A mes yeux, la procédure à suivre serait d’adopter une approche agile et proposer un service de base puis de l’étoffer petit à petit. Nous devons également toujours avoir à l’esprit les principes de maitrise, pérennité et indépendance du système d’information afin d’être toujours en mesure d’assurer la continuité du service public. »
Michel Cordier, CTO – Docapost
« Docapost est la filiale numérique de La Poste. Nous avons observé une évolution dans notre métier : nous sommes passés du B2B au B2B2C. Aussi, nous ne travaillons par exemple plus pour les hôpitaux mais pour les patients pour le compte des hôpitaux. Il est alors nécessaire de prendre en compte les utilisateurs, ce qui suppose un changement de culture dans nos organisations. L’interface numérique doit permettre de mettre en cohérence le parcours citoyen. L’une des attentes de nos usagers concerne la sécurité. Nous travaillons ainsi sur la sécurisation des flux documentaires, un enjeu de souveraineté nationale. Dans un coffre-fort numérique, il faut s’assurer que le document présenté est l’original. Pour éviter les risques de fraudes par exemple, nous menons actuellement un POC sur la blockchain pour la sécurisation de plusieurs centaines de milliers de documents à valeur de droit. »
Adoté Chilloh, Adjoint DSI et Responsable de la Sécurité des Systèmes d'Information – BNF
« A la BNF, notre objectif s'inscrit dans un contrat d’objectifs et de performances 2017-2021. Mon objectif est la préservation des données numériques. Quelques millions de documents ont déjà été numérisés sur plus de 20 millions du fonds de la BNF. Ce chiffre est en croissance continue, nous pouvons compter jusqu’à plus de 50 000 nouvelles œuvres ajoutées par an. L'idée de la bibliothèque d'un nouveau genre a été initiée en 1988 et la BNF telle qu'elle est aujourd'hui a été créée en 1994 avec l’ambition d’offrir à l'ouverture près d'un million de documents numérisés en libre consultation. La question du numérique est donc dans l’ADN de la BNF, cela fait vingt ans que nous œuvrons sur ce sujet, en adressant les composantes fonctionnelles et techniques indispensables. Notre dernière grande réalisation il y a huit ans a été le "Système de Préservation d'Archivage Réparti du numérique". Aujourd'hui la BNF est en mesure de partager son savoir faire en réalisant par exemple, sur la base technique de sa bibliothèque numérique, des marque blanches pour d'autres institutions. Malheureusement cela reste peu connu, en tout cas dans nos instances DSI et RSSI. Sur le thème "les administrations et leur modernisation numérique", l’enjeu, selon moi , réside donc dans une meilleure communication et échanges de bonnes pratiques car à l’heure actuelle, l'impression est que chacun refait de son côté ce qui a déjà été effectué par son voisin. »
Nous remercions pour leur présence à ce dîner :
- Stéphane Berthaud, Regional Presales Director France - Veeam
- Mokhtar Ben Belgacem, DSI - BPI France
- Adote Chilloh, Adjoint DSI et Responsable de la Sécurité des Systèmes d'Information – BNF
- Michel Cordier, CTO – Docapost
- Valérie Dagand, adjointe en charge de l'orchestration ministérielle de la transformation numérique - Ministère des Armées
- Nicolas Duffour, Deputy CIO/DSIC – Ministère de l’Intérieur
- Bruno Latombe, Chef de service du système d'information – Minefe
- Laurent le Prieur, Direction du Numérique Educatif & sous-directeur en charge des Infrastructures techniques et de l’Exploitation – Ministère de l’Education
- Thierry Lottin, Director Enterprise Sales - Veeam
- Alain Merle, Directeur Programme Transformation des centres informatiques - DINSIC
- Patrick Rohrbasser, Regional VP France & North Africa – Veeam
- Olivier Saillenfest, DSI – Sécurité sociale indépendants
- Perica Sucevic - Etalab
- Frédéric Telmart, DSI de la brigade – Pompier de Paris
- Michèle Thonnet, Responsable e-santé europe et international – Ministère des Solidarités et de la Santé
VEEAM
La gestion intelligente des données
Le volume croissant des données issues de sources multiples, les changements qu’elles subissent et les coûts d’administration qu’elles entraînent constituent un véritable enjeu pour les entreprises à l’ère du digital . Désormais, il ne suffit plus d’assurer leur sauvegarde, leur sécurité et leur disponibilité. La gestion intelligente des données permet à la donnée d'accéder à un degré supérieur d’intelligence, d'être capable d’anticiper les besoins et de se déplacer en toute sécurité à travers des infrastructures multi cloud.
Veeam est le leader mondial de la gestion intelligente des données assurant l’hyper-disponibilité des entreprises. Veeam Hyper-Availability Platform est la solution la plus complète pour aider les entreprises à automatiser la gestion des données. Veeam compte plus de 300 000 clients dans le monde entier, dont 75% des entreprises Fortune 500 et 58% des Forbes Global 2000. Son écosystème compte 55 000 partenaires de distribution dans le monde, dont Cisco, HPE et NetApp comme revendeurs exclusifs et près de 19 000 fournisseurs de cloud et de services. Pour en savoir plus, visitez www.veeam.com/fr/intelligent-data-management.html.
Retour sur le dîner du 26/06 : Quels sont les actions de consolidation et de modernisation IT les plus efficaces ? Quels accélérateurs pour mettre en œuvre les bons usages cloud et quelles pistes explorées par le privé font sens pour les administrations ? Comment optimiser les arbitrages budgétaires et quels sont les points d’attention sur les appels d’offre ?
Un dîner organisé en partenariat avec VEEAM