
Les conséquences de la pandémie ont poussé de nombreuses entreprises à faire des déclarations clivantes sur l’avenir de leurs bâtiments et bureaux. Mais jusqu’où iront vraiment les organisations dans cette réinvention ? La situation actuelle est loin d’être limpide et stabilisée. Pour les acteurs de l’immobilier, il faut gérer l’adaptation des bâtiments non seulement suite au décret tertiaire, mais aussi face à cette évolution en cours de l’organisation du travail. Les projets immobiliers majeurs, tel ceux d’un changement de siège social, seront d’autant plus observés dans ce contexte. Reconfiguration de l’existant, adaptabilité des bâtiments de demain, performance énergétique… les sujets ne manquent pas, notamment sous l’influence du numérique qui ouvre le champ des possibles.
Le 7 décembre dernier, Alliancy réunissait des dirigeants du secteur pour faire le point sur ces questions et recueillir leurs visions sur les évolutions en cours. Ce dîner de la rédaction a rappelé à quel point il est devenu urgent pour les acteurs de l’immobilier, investisseurs, promoteurs et foncières, d’envisager de nouvelles synergies pour s’adapter dans la durée face aux nouvelles attentes.

Sylvain Fievet, directeur de publication Alliancy
« En tant qu’observateurs chez Alliancy, nous souhaitons aller au plus près de ceux qui mènent la transformation, comme vous, dans les entreprises et ce d’autant plus en ces temps incertains que nous traversons depuis dix-huit mois. En terme d’immobilier tertiaire, beaucoup de nos interlocuteurs se posent la question du devenir du bureau et de sa fréquentation post-Covid par les collaborateurs, notamment du fait de la généralisation du télétravail... Le sujet de l’accessibilité devient aussi un sujet car la mobilité dans son ensemble doit être repensée et les bâtiments adaptés à cette nouvelle réalité. »

Aurélie Deyirmendjian, COO et secrétaire générale de Sogeprom (filiale de Société Générale)
« La ville intelligente et durable sera mixte. Dans ce contexte, l’immeuble tertiaire peut être une véritable valeur ajoutée en étant beaucoup plus ouvert sur le quartier et attractif. Le bureau en tant que hub social, situé dans un quartier vivant, où l’on se retrouve pour échanger et performer collectivement, doit offrir des services ouverts aussi à l’extérieur. Les espaces collaboratifs, modulables et parfaitement équipés pour permettre la collaboration in situ ou à distance, doivent pouvoir être partagés pour travailler en mode projet et en faciliter la réalisation. Le bureau doit être pensé désirable, sain et connecté et intégrer nativement les enjeux liés à la digitalisation et au traitement de la donnée. Devant nous, professionnels de l’immobilier, s’ouvre un champ de réflexions, d’expérimentations et de réalisations, nous offrant une période créative particulièrement stimulante pour participer de façon active à la transition urbaine en la concevant avec toutes les parties prenantes puis en la finançant et en la construisant. »

Eric Cosserat, président de Perial
« En tant qu’acteur européen, nous sommes très engagés dans l’ISR immobilier depuis 2009. Le produit immobilier n’est pas un produit financier, il doit intégrer des performances extra-financières qu’attende la clientèle finale. Le bureau a toujours eu des enjeux depuis les années 1970, mais je reste persuadé qu’il a de l’avenir, même si je crois aux vertus du télétravail, à condition que les bureaux répondent aux besoins des utilisateurs en matière de services notamment. Il faut jouer la carte du collectif, mais cette approche est totalement différente entre petites et grandes entreprises, qui rationalisent aujourd’hui leur patrimoine immobilier. La pandémie n’a fait qu’accélérer des tendances qui existaient auparavant… A nous de considérer les locataires comme des clients pour les fidéliser et savoir innover dans nos offres. »

Romain Frémont, directeur général de Freo France
« Nous sommes à un moment charnière ! On voit déjà que les utilisateurs prévoient de prendre 20 à 30 % de surfaces en moins… ce qui pousse a contrario à proposer des espaces plus qualitatifs pour faire revenir les collaborateurs. Comme investisseur, nous avons un rôle spécifique dans la chaîne en étant créateurs de mètres carrés novateurs, digitalisés et intégrés dans la ville. La performance en matière énergétique et parties communes servicielles devient très importante pour être attractif. Je crois beaucoup à la mixité d’usages au sein d’une même enveloppe physique, mais mixité qui va progressivement jusqu’à la convergence des codes, comme ceux de l’hôtellerie par exemple qui s’instaurent dans les bureaux ou les résidences services. Tout cela a un coût supplémentaire, mais il va falloir l’intégrer à terme. Toute la différence viendra de l’agilité que peuvent procurer les locaux à l’entreprise locataire qui n’a pas forcément de visibilité au-delà du moyen-terme. Cela devrait renforcer les échanges fructueux et vertueux entre locataires et propriétaires. »









