Le parc d’attraction Disneyland Paris a une approche de l’open innovation résolument tournée vers l’industrialisation des projets, au service de l’enchantement de ses visiteurs. Le programme « The Castle Hub » est de plus porté par un marketing original.
Les vidéos ont eu un certain succès : ce n’est pas tous les jours que des start-up pitchent en condition extrême, encore moins dans une attraction notoirement connue de Disneyland Paris : la tour de la Terreur. L’évènement a fait partie intégrante de l’initiative « The Castle Hub », plateforme d’innovation du célèbre parc de loisir de l’est parisien. « Il y a eu le pitch dans la tour, mais également une rencontre avec le jury, durant laquelle nous avons pu décrire notre produit de façon plus formelle » témoigne Sophie Hombert, designer-fondatrice de la jeune agence Aglae, grande gagnante du projet de Disneyland Paris. Incubée au « Starter » de l’IUT Paris Descartes, sa start-up a créé un sérum nutritif pour les plantes qui les rend fluorescentes, ouvrant de nouvelles opportunités pour la création florale, la scénographie et plus généralement les activités évènementielles. La chef d’entreprise raconte : « L’univers de Disney est évidemment très compatible avec cette innovation de bio-luminescence. Pour les pitchs, nous avons joué le jeu en incarnant le rôle de scientifiques en blouse blanche venue spécialement de la planète Pandora. C’était un moyen d’être fidèle à cet esprit de magie qui caractérise le parc ».
Un lieu de rencontre tourné vers les métiers
Pour Disney, rêveries, magie et imagination sont loin d’être incompatible avec maturité business. « Nous avons initié la démarche d’open innovation il y a deux ans maintenant et nous avons vu beaucoup de beaux projets émerger en France. Comme tout le monde, nous avons testé quelques proof of concept, mais très rapidement l’idée a été de se structurer de façon à faire de l’innovation utile, avec un impact business immédiat. C’est ce que nous avons organisé avec The Castle Hub. Notre modèle est de tester la capacité de déploiement à grande échelle d’un produit qui a déjà un peu de maturité, pas de réinventer la roue. » explique Guillaume Bendiyan, responsable du projet « The Castle Hub » à Disneyland Paris
Véritable petite ville, munie de ses commerces et hôtels en plus de ses attractions, le parc positionne ses collaborations avec des start-up au sein d’un spectre très large, qui va de l’expérience utilisateur pour les visiteurs jusqu’aux outils pour les collaborateurs eux-mêmes, en passant par des améliorations dans le domaine de l’évènementiel.
« Hôtels, boutiques connectées, visite du parc, espaces verts… nous avons intérêt à innover sur tous les aspects différents de notre activité. C’est pourquoi notre vocation est de mettre en relation nos business leaders internes avec les acteurs de l’écosystème start-up. Pour y arriver nous actionnons un réseau de fonds d’investissement, d’incubateurs, d’accélérateurs… sur toute l’Europe, pour que de jeunes entreprises viennent se positionner » précise Guillaume Bendiyan. La plateforme « The Castle Hub » devient ainsi un lieu de rencontre privilégié entre des directeurs métiers et des entrepreneurs innovants. Quel que soit le thème abordé, tous les métiers sont en effet conviés. Les responsables des activités « Events », « Hôtels », « Parc » peuvent trouver par exemple une inspiration bienvenue en se confrontant à des innovations pour les retail connecté, au côté de la direction en charge des boutiques.
Des innovations physiques et digitales
Pour Disneyland, pas question de jouer comme de nombreuses grandes entreprises la carte ambigüe de la « co-création » des idées innovantes très en amont. « Notre focus est sur des produits commercialisable, auquel nous allons proposer une véritable accélération industrielle » insiste Guillaume Bendiyan. Une posture enthousiasmante pour Sophie Hombert d’Aglae : « C’est un coup d’accélérateur énorme sur le sujet délicat de la mise en œuvre réelle, au-delà des expérimentations. En conséquence, nous embauchons un docteur en chimie supplémentaire, et nous nous rapprochons de nouveaux freelances ».
Si Aglae vise à enchanter avec des fleurs lumineuses et éternelles – la start-up travaille un procédé de stabilisation qui permettrait d’augmenter la durée de vie des plantes bénéficiant du sérum – les responsables du groupe se sont également ouvert à des innovations beaucoup plus digitales. « La magie Disney doit opérer à tous les instants du parcours client, sur notre site web comme dans le parc » illustre Juliette Bron, vice-présidente digital à Disneyland Paris. « C’est un équilibre à trouver, car un parc d’attraction reste une expérience avant tout physique : nous ne voulons pas que tous nos guests gardent en permanence les yeux rivés sur leur téléphone ! » ajoute-t-elle.
Parmi les thèmes forts portés en 2018 par les équipes « Transformation et innovation » de Disneyland Paris : l’optimisation de la collecte et de l’utilisation de la data, à des fins opérationnelles comme marketing, l’intégration d’outils d’IA et de robotique, ou encore la dématérialisation et le self-service… « Dans tous les cas, notre digital à nous doit enchanter » résume Juliette. En tout cas, l’approche d’industrialisation business de l’innovation proposé par le groupe a de quoi enchanter les nombreuses jeunes pousses qui épinglent régulièrement la non-viabilité économique des multiplications de POC voulus par les entreprises. Prochains rendez-vous à l’automne, avec deux nouveaux appels à candidatures thématiques mis en œuvre par les équipes du parc.