Alliancy Connect tenait sa première rencontre de l’année, mercredi 26 février, afin de permettre à ses membres – nos lecteurs – de rencontrer la rédaction et les personnalités que celles-ci juge inspirantes face aux enjeux actuels de transformation des entreprises
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Animée par Catherine Moal, rédactrice en chef d’Alliancy, cette soirée a provoqué de vifs échanges entre les participants et les invités autour de deux grands thèmes. Au programme d’abord, une réaction à l’actualité de ces derniers mois, au travers des déboires médiatisés du Slip Français qui ont fait ressortir en creux les enjeux de diversité aigus auxquelles toutes nos organisations sont confrontées, souvent inconsciemment.
Puis, un éclairage sur une tendance de fond de l’année, les remises en question et la mutation de toutes les structures d’accompagnement de start-up et de l’entrepreneuriat. Alors que les entreprises et la société sont dorénavant imprégnées de numérique, vers quels rôles et quels business models ces organisations pivotent-elles ?
« Aujourd’hui, les collaborateurs au sein des entreprises sont majoritaires à considérer que la diversité est une richesse pour leur organisation. L’engagement des dirigeants eux-mêmes est également beaucoup plus clair. Toutefois, il reste un important trou dans la raquette : les managers. Parmi les signataires de la Charte de la diversité, le taux de formation à la diversité au sein de cette population n’est que de 30%. Beaucoup de managers ne sont ainsi pas du tout à l’aise sur ces sujets, que ce soit au moment du recrutement ou dans le cadre de leurs missions quotidiennes »
« Aux Etats-Unis, les obligations en matière de diversité sont beaucoup plus fortes sur les organisations et ce, qu’elles soient publiques ou privées. Pour schématiser, l’augmentation salariale que peut espérer un cadre supérieur sera par exemple directement indexé sur des objectifs de diversité. L’approche quota est très présente et de nombreuses associations se sont spécialisées sur ces problématiques, pour devenir des viviers pour les recrutements de femmes, d’afro-américains, d’hispaniques... Le plus grand problème aujourd’hui est sans doute les « biais inconscients » : on recrute ceux qui nous ressemblent le plus, sans y prêter attention. C’est pour cela que l’existence d’obligations est importante. »
« Nous avons été les premiers à importer le concept américain d’ « accélérateur » en France, début 2000, en y ajoutant des composants typiquement français, notamment au niveau du lieu d’accueil. Nous avons évolué avec les années et il faut être clair : aujourd’hui que le numérique est partout dans la société, le besoin d’accélérer de la façon dont on l’entendait à l’époque est en très forte baisse. La culture entrepreneuriale s’est beaucoup diffusé en France et cela change tout. Nous avons dû faire un pivot important pour ne pas nous prendre les pieds dans le tapis : nous sommes devenus une organisation au croisement de la formation et du change management, qui s’adresse aujourd’hui a de nombreuses entreprises, y compris les plus grandes. »
« Dans notre prisme, la mission de développement économique du territoire est essentielle. Nous devons aider une économie à s’adapter aux changements de notre époque, pas seulement incuber une jeune entreprise. L’incubation est un outil parmi d’autres. Toute cette terminologie a surtout été un très bon coup de communication pour enfin faire réapparaître Paris sur la carte des grandes métropoles innovantes. Mais nous ne pouvions pas nous limiter à communiquer : notre métier est maintenant de créer des « outils » de transformation pour notre société et notre économie. Pour y parvenir, nous devons dépasser l’entre-soi… Parmi les défis que nous devons adresser, celui de la diversité n’est pas anodin alors que 92% des collaborateurs des start-up sont des bac+5 au profil CSP+ et que l’on retrouve seulement 20% de femmes parmi les fondateurs. »
« Le Village by CA a été créé par le Crédit Agricole il y a 6 ans seulement, fortement inspiré par les exemples d’autres structures d’accompagnement de l’écosystème start-up. Mais notre profil est un peu différent : dès le départ, le but était de s’ouvrir sur des acteurs très différents. Surtout pas de recruter des fintechs ! Et au-delà des start-up, cette ouverture devait aussi se faire vis-à-vis des grands groupes. Pendant longtemps, nous sommes restés une aventure parisienne unique, puis nous avons pris conscience de l’intérêt de créer la même dynamique partout en France. Cela est possible et efficace, parce que nous ne nous occupons pas des phases d’idéation amont : nous accompagnons les projets plus matures, au moment où les grands groupes peuvent entrer dans la boucle. En effet, ceux-ci ont dépassé leurs phases successives de « safari start-up », de « boites à POC » ou de création de fonds… C’est dorénavant l’inspiration de l’intrapreneuriat et la création de start-up studios qui les portent. Et demain cela évoluera encore.