Dans le cadre de notre dossier sur la dynamique économique en région Paca, nous avons sélectionné 10 « lieux » incontournables de la création d’entreprises. Que ce soit des incubateurs-accélérateurs de start-up, des structures d’accompagnement d’entreprises ou des lieux d’implantation pour des entreprises plus matures.
Créée en 2019 à Marseille dans l’ex-siège de la SNCM, la Cité de l’Innovation et des Savoirs Aix-Marseille (Cisam) résulte de la coopération entre Aix-Marseille Université, CMA CGM, L’Occitane et la Métropole Aix-Marseille-Provence. L’armateur y a implanté l’incubateur/accélérateur ZeBox (transport, logistique, mobilités, GreenTech, Industrie 4.0…), le fabricant de cosmétiques et parfums son fonds d’investissement-start-up studio et accélérateur Obratori (cosmétique, bien-être, solutions digitales…) et la Métropole son Accélérateur M (économie de la mer, qualité de vie urbaine, industries culturelles et créatives…).
Cette convergence d’expertises académiques, privées et publiques fluidifie les démarches d’innovation pour des projets locaux mais aussi des créateurs étrangers, en vue de les attirer à terme sur le territoire. Obratori couve une dizaine d’entreprises, ZeBox en incube et accélère plus d’une vingtaine, en plus des 22 appuyées depuis sa naissance, et « M » a déjà accompagné une cinquantaine de sociétés.
Né en 2004 grâce à la restructuration des 120 000 mètres carrés d’une ancienne manufacture des tabacs, le Pôle Média Belle de Mai est un pionnier de la filière numérique provençale. Spécialisé dans le multimédia et l’audiovisuel, il abrite l’Incubateur Belle de Mai, une pépinière et un hôtel d’entreprises de Marseille Innovation, mais aussi des plateaux de cinéma. A la tête de l’Incubateur qui s’est enrichi de « La Manufacture » pour la pré-incubation de projets et de « La Résidence » pour les free-lances désireux d’explorer en solo un projet entrepreneurial, Céline Souliers espère voir arriver des candidats aux projets « vraiment » novateurs : « Le nombre de créateurs progresse mais le contenu innovant des dossiers est souvent insuffisant pour convaincre le comité d’engagement. D’ici fin 2021, nous avons encore une dizaine de places à pourvoir ! ».
Né en 2008, le Centre Microélectronique de Provence Georges Charpak, établissement de Gardanne (Bouches-du-Rhône) de l’Ecole des Mines de Saint-Etienne, poursuit son évolution. L’école d’ingénieurs en microélectronique et objets connectés veut couvrir les besoins de compétences de l’amont à l’aval de la filière. Hébergeant la plateforme de R&D Micro-PackS de micro-assemblage de circuits intégrés, et un « maturateur » de start-up « Team » qui a accompagné une quarantaine de projets, le site va s’étoffer d’une plateforme d’expérimentation et de prototypage, IDFab (3,5 millions d’euros d’investissement) dont l’aménagement devrait débuter en 2022, consacrée notamment aux interactions et à l’interopérabilité entre les objets électroniques et leur environnement physique et vivant. Un IoT Center doit également émerger pour tester la faisabilité et la viabilité d’objets connectés, les maquetter et éprouver leur cybersécurité. Il s’intègre dans le projet de « Digital Innovation Hub » « Move2Digital » porté par la filière régionale.
Présidée par Paul Hermelin (Capgemini) qui a beaucoup œuvré pour la structuration d’une filière en manque de visibilité sur le Vaucluse, le Pays d’Arles ou le bassin nîmois malgré 1 350 sociétés et 6 200 emplois recensés, la French Tech Grande Provence s’est élargie au-delà de sa vocation initiale des solutions digitales pour la culture, le patrimoine ou le tourisme. Intégrant depuis 2019 la naturalité, la mobilité ou la logistique, elle inaugure ce 15 septembre 2021 son incubateur Start Tech. Le programme « Starter » (mentorat, ateliers collectifs, réseau d’entraide…) suivra une dizaine de structures par session (deux à trois par an prévues) et concerne aussi les porteurs de projets désireux de s’installer dans sa zone d’influence. Le Living Lab Le 9, à Avignon, participe à l’initiative. Depuis 2015, la French Tech Grande Provence annonce avoir accompagné 140 start-ups.
Dessiné par l’architecte marseillaise Corinne Vezzoni, le site reconfiguré de l’ancien hôpital Chalucet est devenu le « quartier de la créativité et de la connaissance » où se concentrent grandes écoles (management, architecture/design, beaux-arts…), lieux collaboratifs, médiathèque… Pivot depuis 1988 de l’animation de l’écosystème technologique du Var, TVT Innovation y a implanté un espace de coworking doublé d’une pépinière du numérique, parallèlement à sa « Maison du Numérique et de l’Innovation » qui abrite aussi pépinière et résidence d’entreprises Cre@TVT, son i-Lab pour le prototypage de solutions numériques ou « La Cantine by TVT » pour leur expérimentation … Portée également par des réseaux comme « 43.117 » ou la French Tech Toulon, la filière numérique de la métropole toulonnaise compte 1 300 sociétés et 6 000 emplois.
Sa labellisation par l’Etat comme « 3IA Côte d’Azur » (Institut Interdisciplinaire d’Intelligence Artificielle) a été obtenue grâce au combat en 2019 de l’ensemble de l’écosystème azuréen public et privé dont une soixantaine d’entreprises. Le territoire était déjà pionnier avec l’INRIA, l’Université Côte d’Azur, le CNRS, la Technopole Sophia Antipolis… Une centaine de sociétés collabore désormais avec la structure dirigée depuis janvier 2021 par Charles Bouveyron à travers des chaires, des recherches communes, des formations d’ingénieurs de haut niveau, ciblées sur les villes intelligentes, les transports, l’environnement ou la santé. Un programme « Start-it-up 3IA » encourage et appuie l’émergence d’entreprises dans l’IA. Et la rentrée 2021 marque une coopération avec la Faculté de Médecine de Nice sur l’IA en médecine. Les Alpes-Maritimes comptent également depuis 2020 une Maison de l’Intelligence Artificielle, « lieu de démonstration, de partage et de convergences d’intérêts » autour d’une IA « éthique, responsable et bienveillante pour l’humanité ».
Depuis 25 ans, Pays d’Aix Développement (PAD) œuvre pour l’économie d’Aix-en-Provence et de 35 communes de ses environs, en particulier dans les filières numérique, greentech, électronique, santé/cosmétique ou aéronautique. Son bilan : 4 456 entreprises implantées, 60 755 emplois créés ou maintenus et un rythme moyen de 230 implantations par an ces 5 dernières années dont 240 en 2020, année de crise. Affranchie de la prospection qu’assure l’agence Provence Promotion, PAD anime deux pépinières d’entreprises, à Meyreuil (Bouches-du-Rhône) et Pertuis (Vaucluse), et deux hôtels d’entreprises, à Gardanne et Canet de Meyreuil, soit une quarantaine de sociétés appuyées dans leur expansion. A leur sortie, 90% restent sur le territoire. Aujourd’hui, PAD valorise le foncier de la nouvelle zone de Constance à Aix pour les sociétés du numérique où VoyagePrivé a positionné son campus.
Porté à l’origine par Airbus Helicopters et EDF qui souhaitaient accélérer la montée en compétence des TPE/PME régionales, Team Henri-Fabre promeut depuis 2012 le déploiement de l’industrie du futur dans les matériaux, la mécanique, les procédés et les services avancés. L’association supervise depuis 2016 un Technocentre de 2 200 mètres carrés à Marignane (Bouches-du-Rhône) sur le parc des Florides qui concentre des équipements mutualisés (fabrication additive, revêtements multifonctionnels…) au service de projets R&D et de prototypage menés par des start-ups, PME et grands groupes. Une société technologique, Inovsys, complète le dispositif d’appui. Dès la rentrée 2021, Pracciis (Plateforme Régionale d’Accélération de l’Intégration de l’Industrie du Futur Sud), labellisée par l’Etat, aura pour mission, avec un budget de 8,2 millions d’euros sur cinq ans, d’accompagner une centaine d’entreprises régionales chaque année vers l’industrie 4.0. Elle bénéficiera en 2022 de l’extension du Technocentre pour tester et intégrer de nouvelles solutions industrielles.
Dans son concept, imaginé par son initiateur Frédéric Chevalier, comme dans son architecture, dessinée par Corinne Vezzoni, Thecamp, à Aix-en-Provence, est un site unique où devaient se concevoir les réponses aux enjeux de la ville intelligente du futur. Entre réalisation et exploitation, plus de 80 millions d’euros ont été investis depuis son lancement. Mais le décès accidentel de son créateur a secoué les lignes d’un projet que le soutien financier de grands groupes du territoire et des collectivités locales n’a pu suffire à maintenir à flot dans la sérénité. Thecamp a rationalisé ses moyens, personnels et ambitions, mais il doit surtout prouver la fiabilité de son modèle... Pour son président, Olivier Mathiot, la crise sanitaire a ébranlé nombre de convictions et pratiques des entreprises (télétravail, transition numérique accélérée…). Thecamp peut être le lieu propice aux réflexions pour aider à remettre de l’ordre et des idées dans la tête de leurs dirigeants.