Les maisons qui se construisent chaque jour sont de plus en plus « intelligentes », privilégiant la simplicité d’usage et d’accès. Loin de la science-fiction, la domotique au quotidien entend se concentrer sur l’essentiel.
« Disposer d’une fermeture centralisée pour sa voiture est devenu complètement naturel. Pourquoi n’est-ce pas encore le cas pour la maison ? », s’interroge Emmanuel Ballandras, chef de produit domotique MyHome pour le groupe Legrand. Spécialiste des infrastructures électriques et numériques du bâtiment, Legrand est de ceux qui participent activement, à travers ses différentes marques, à la diffusion des technologies de la domotique auprès des particuliers. Son mot d’ordre : plus d’esprit pratique, moins de « bling-bling ».
L’idée d’un interrupteur qui, à la sortie du domicile, permet d’éteindre en une fois toutes les lumières, de couper le chauffage, de baisser les stores électriques et de mettre en marche les alarmes, s’inscrit dans cette exigence de simplicité. Un travail en profondeur qui se justifie, pour la domotique, par le besoin d’échapper à l’image futuriste – et parfois inquiétante – qu’elle a contribué à entretenir, notamment autour des années 2000. Le film Panic Room, avec Jodie Foster, résume bien ces craintes : une maison tellement perfectionnée et automatisée qu’elle devient une menace. Il est naturellement difficile de démocratiser des technologies « déshumanisée » que nous devrions subir.
La domotique ouverte à tous
Le marché de la domotique ne peut plus être ignoré par les experts des infrastructures ou de l’équipement ménager, qu’il s’agisse du groupe Legrand, de Somfy ou de l’allemand Häger Group. Selon les estimations d’Emmanuel Ballandras, le marché français de la domotique « en système » (plusieurs fonctions agissant simultanément) pour le neuf et le résidentiel est passé de 23,5 millions d’euros en 2012 à 27 millions actuellement, soit 15 % de croissance. Il s’attend même à une explosion spectaculaire qui pourrait doubler ces chiffres ces deux prochaines années.
Derrière cette dynamique se profilent des phénomènes connus : la démocratisation ultrarapide des usages Web et mobiles d’abord, mais également la recherche de confort et de sécurité pour son domicile, point de repère stable en temps de crise. En se concentrant sur des sujets aussi élémentaires que les lumières, les volets, le chauffage ou les alarmes, les spécialistes de la domotique entendent donc s’ouvrir à toutes les catégories de la population, des jeunes trentenaires geek qui font construire aux grands-mères en visite le week-end chez leurs petits-enfants.
Emmanuel Ballandras est formel : « Le surcoût “domotique” est limité à environ 10 à 25 % des prix traditionnels. » Une nécessité selon lui, lorsqu’on investit dans une maison qui peut alors évoluer au fil des dernières technologies et « bien vieillir » avec ceux qui l’habitent.
A noter :
Un réseau électrique ad hoc Un réseau électrique adapté est en effet nécessaire pour permettre à sa domotique d’évoluer librement. Cette réalité place les promoteurs immobiliers et les électriciens au cœur de la diffusion de cette technologie auprès des particuliers.
La maison télécommandée
Les objets se connectent
L’espace 2013-2033 se concentrait sur les objets connectés. Au programme : frigo tactile intelligent, robots pour se divertir ou accompagner les personnes âgées, mais aussi bouilloire communicante et imprimante 3D. Autant d’objets que la domotique intègre progressivement sous son contrôle avec ses nombreuses fonctionnalités.
La sécurité des systèmes Si la qualité des alarmes nouvelle génération n’est pas en question, c’est bien le risque de se faire « hacker » sa maison qui polarise l’imaginaire. Le problème se pose en cas d’utilisation d’une passerelle Web, pour accéder – sans fil et sans interrupteur – aux fonctions domotiques. De nombreuses applications ne demandent ainsi ni nom d’utilisateurs, ni mot de passe. A l’heure actuelle, la meilleure solution semble être de séparer tous les systèmes « critiques » (alarmes, verrous, etc.) du Web, au profit d’un accès local. |
Cet article est extrait du n°5 d’Alliancy, le mag – Découvrir l’intégralité du magazine
Photos : D.R. – C. Georghiou/Fotolia. – M. Kabakou/Fotolia.