Les entreprises de taille intermédiaire (ETI) sont frileuses au départ, mais elles migrent rapidement dans le cloud dès lors qu’elles l’ont décidé. La flexibilité de l’environnement IT proposé leur permet de dynamiser leur croissance.
L’Allemagne réussirait mieux que la France sur la scène économique internationale grâce à la présence sur son sol d’un grand nombre d’entreprises de taille intermédiaire (ETI). A mi-chemin entre PME et grands groupes, les ETI sont très compétitives à l’échelle européenne. L’avenir de l’économie française reposerait en grande partie sur leurs épaules… Tout le monde convient qu’il faut favoriser leur développement.
Un manque de ressource en interne
Dans le même temps, la transformation numérique est censée dynamiser la performance des entreprises. Le contexte serait donc favorable à voir ces sociétés s’engager en masse vers le cloud. « Les ETI ne dis- posent pas toujours de ressources suffisantes en interne pour voir ce que peut leur apporter le cloud au-delà du SaaS. Aller vers le IaaS requiert les compétences d’un DSI, pas toujours présent dans des structures de cette taille », analyse Pierre Rafal, consultant chez Pierre Audoin Consultants, en charge de l’indicateur CloudIndex. Elles voient aussi d’un mauvais œil l’hébergement de leurs données par un tiers. Surtout, celles « familiales », habituées à tout gérer par elles-mêmes. Et il y en a beaucoup parmi les ETI françaises ! C’est le cas d’un des clients de Hardis Group, entreprise de services du numérique (ESN) qui propose des solutions basées sur sa plate-forme de cloud computing. « Entrée depuis peu dans l’équipe dirigeante de cette ETI patrimoniale, une personne extérieure à la famille prônait l’externalisation de l’informatique pour réduire les coûts, et garantir un service de qualité. Cette société avait aussi du mal à attirer les jeunes informaticiens capables de faire évoluer ses outils internes. Elle allait manquer de ressources. Pourtant, elle a mis dix-huit mois à se décider… Nous avons passé beaucoup de temps à convaincre l’équipe dirigeante et à lui expliquer les concepts du cloud. Que nous soyons nous-mêmes une ETI les a rassurés », se souvient Nicolas Odet, directeur général adjoint d’Hardis Group.
Ce contexte ne favorise donc pas les offreurs de solutions cloud à cibler les ETI en tant que telles. Selon leur organisation plus ou moins structurée, ils les voient comme des PME ou des grands groupes. Et, plutôt que leur taille, c’est souvent leur activité qui entre en ligne de compte. « Celles dont le cœur de business est dans le Web adoptent le cloud sans aucune retenue pour réduire leurs coûts et dégager du temps à consacrer à leur cœur de business, avance Adélaïde Moulière, chef produit cloud chez OVH. Même constat chez Morea, partenaire d’AWS. « Il y a trois ans nos premières ETI clientes étaient toutes issues du Web et du e-commerce. Les autres commencent seulement à migrer certains de leurs applicatifs sur AWS », confie Frédéric Atlan, cogérant fondateur de Morea, prestataire partenaire d’Amazon Web Services (AWS).
Agiles et pragmatiques
Les e-commerçants voient les avantages qu’ils peuvent en tirer. Avoir sa plate-forme informatique hébergée sur des serveurs partagés et exploitée par un prestataire du cloud permet de fluidifier le processus de commande en ligne quand le trafic fluctue dans la journée, et en cours d’année avec des pics à certaines périodes, comme durant les soldes ou les fêtes de fin d’année. Utiliser une plate-forme digitale du cloud aide aussi à remonter des informations sur l’usage des produits vendus ou loués. « Un distributeur de tractopelles voulait digitaliser ses ventes, ses locations et sa relation client en remontant le plus d’informations possible dans son CRM. Il a fait appel à notre cloud », indique Laurent Letourmy, président et cofondateur de Ysance. Son système informatique tournait en interne sur mainframe pour la gestion des commandes et de la maintenance. Resté sur place, il est maintenant connecté à la plate-forme digitale d’Ysance, qui prend en charge toutes les nouvelles données à traiter. Le distributeur a la garantie d’avoir les ressources de traitement nécessaires à tout moment, quelle que soit la fluctuation des volumes de données. « Il va pouvoir faire vite évoluer son offre en réagissant aux informations recueillies auprès de ses clients et traitées par notre plate- forme cloud », précise Laurent Letourmy. Les ETI auraient tendance à entrer dans le monde du cloud en utilisant des applications SaaS dédiées à des fonctions n’entrant pas dans leur cœur de métier comme, par exemple, celles des ressources humaines. « Dans ce type d’entreprise, les logiciels de gestion des ressources humaines se limitaient souvent à traiter les aspects purement administratifs. La gestion informatisée des carrières, de la mobilité et de la formation est venue plus tard, alors que les logiciels en mode SaaS se démocratisaient. Les ETI ont fait appel à nos solutions bien avant les grands groupes, qui, eux, étaient déjà équipés en interne. En utilisant notre mode de service en ligne, elles bénéficient très rapidement des bonnes pratiques, mises en place suite à nos retours d’expérience », souligne Joël Bentolila, directeur technique et cofondateur de TalentSoft, éditeur d’un logiciel de gestion des talents en mode SaaS, leader en Europe. Et dès lors qu’elles ont pris leur décision, la mise en place se fait très vite. Bien plus rapidement qu’avec les grands comptes, car elles sont plus agiles et pragmatiques. C’est d’ailleurs ce qui fait leur force.