Parole d’acteur de Fabrice Lefebvre, Dirisi, tout centraliser

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Fabrice Lefebvre, ingénieur en chef de l’armement, ministère de la Défense*

Face à la baisse de ses effectifs, la Grande Muette, a, de plus en plus, recours au cloud computing. Après la virtualisation de son SI, la Dirisi vient de mettre en place un cloud privé, qui héberge les données de son intranet. Explications de Fabrice Lefebvre.

Alliancy, le mag. Dans quel contexte s’inscrivent vos initiatives autour du cloud computing ?

Fabrice Lefebvre. Participant à l’effort national de redressement des comptes publics, le ministère est engagé depuis plusieurs années dans une profonde réforme. Dans un contexte global de réduction des effectifs, son objectif est de disposer en permanence d’un outil militaire complet et cohérent, apte à garantir nos intérêts de défense dans le cadre de l’ambition stratégique de la France, décrite dans le Livre blanc 2013 sur la défense et la sécurité nationale (http://bit.ly/1CUehRo). Une des composantes principales de cette réforme porte sur la rationalisation des soutiens aux forces. C’est dans ce cadre de réorganisation interne, qui concerne aussi l’informatique du ministère, que nous avons recours au cloud computing.

Quel usage en fait le ministère de la Défense ?

Notre principal usage concerne notre intranet non classifié. Pour réduire les coûts, nous centralisons le stockage des données non structurées sur une nouvelle infrastructure conforme aux standards technologiques et économiques du cloud. Le projet, développé avec un progiciel de la société Scality**, a débuté en 2012 et l’infrastructure est en place depuis cette année. Les informations sont progressivement centralisées sur la nouvelle infrastructure, qui offre une capacité de stockage initiale de 5 petaoctets. Les ressources sont redondées sur trois datacenters pouvant résister au crash de deux d’entre eux.

Et pour vos informaticiens ?

Depuis 2013, nous avons également mis en place une infrastructure de cloud privé à destination de nos centres de développement informatique. Auparavant, chaque centre gérait ses propres ressources. Désormais, ils peuvent utiliser cette plate-forme centralisée, hébergeant 200 serveurs virtualisés. Celle-ci leur offre plus de performance et des capacités adaptables en fonction de leurs besoins. Enfin, depuis 2010, notre hébergement informatique a été basculé sur une infrastructure rationalisée, mettant en œuvre virtualisation et automatisation. Cette infrastructure a vocation à se transformer en cloud au rythme d’évolution des applications hébergées. Au final, le cloud nous permet de transformer l’informatique de proximité en informatique centrale, ce qui est plus économique, plus performant et nécessite moins de ressources humaines.

Pourquoi avoir choisi une solution de cloud privé pour le stockage ?

Nous avons des données sensibles qui, dans l’état actuel de la réglementation, ne peuvent pas être hébergées sur un cloud public. Outre cet obstacle, nous avons réalisé une analyse économique qui démontre qu’au-delà d’un volume de quelques petaoctets, il est plus rentable d’avoir recours à un cloud privé qu’à un cloud public. En effet, comme pour un opérateur de cloud public, l’achat d’un gros volume d’équipements nous aide à bénéficier de réductions importantes, et l’ingénierie d’un cloud de stockage est simple. En opérant un cloud privé, nous économisons la marge du prestataire, la TVA, les coûts réseau. Dans notre cas, le gain est de l’ordre du million d’euros annuel. Pour ces deux raisons, nous avons préféré opter pour le cloud privé, opéré par nous-mêmes.

** Créée en 2009, Scality est une start-up franco-américaine. Elle commercialise une technologie logicielle de stockage distribué permettant de gérer de gros environnements de stockage.

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