PME – Grandir grâce au cloud

Cloud-dossier-article-Grandir-grâce-au-cloudPeu de PME ont recours à des solutions de cloud computing,  à tort si l’on en croit les témoignages de celles qui ont passé le cap.

A peine un quart des PME sont adeptes de l’informatique en nuage, selon le Cinov-IT et quelque 32 % – en comptant la messagerie – selon une étude de Markess International*, qui a établi un « portrait-robot » de la PME très consommatrice de cloud, et l’a mis en perspective avec celles qui l’utilisent moins intensivement. Pourtant, les entreprises qui ont franchi le pas n’en retirent que des avantages : que ce soit en termes de flexibilité, de facturation, d’investissement ou encore de compétitivité. Aucune des PME que nous avons interviewées ne perçoit la sécurité comme un frein, et celles-ci s’en remettent pleinement à leurs prestataires pour protéger les données qu’elles leur confient. Aujourd’hui, le marché évolue vers des applications critiques et stratégiques, car les PME ont mieux compris les tenants et aboutissants et le modèle économique du cloud, comme le souligne Emmanuelle Olivié-Paul, directrice associée de Markess. 2B’Fresh est ScreenHunter_60 Nov. 21 12.07un exemple : la société lilloise a confié à un prestataire cloud la gestion stratégique de ses statistiques de vente (lire encadré). Ou encore DSO-Interactive, leader français du recouvrement de créances, qui traite environ 220 000 dossiers par mois. La PME, née en 2001, a basé tout son modèle de développement sur le cloud, en créant dès le départ une plate-forme d’intermédiation et de gestion du recouvrement qu’utilisent ses 185 salariés et 450 cabinets d’huissiers (1 200 personnes). « La technologie est un vecteur de croissance et un facteur différenciateur très important. Notre plate-forme de gestion a été développée pour aider nos partenaires et clients à être plus performants. Elle intègre tous les outils nécessaires pour optimiser le traitement des dossiers, un système de gestion, un automate d’appels, des services d’éditique, un service de messagerie et de gestion électronique de documents (GED) et des serveurs de téléphonie », affirme Sylvain Corpet, son directeur général adjoint. Il a surtout choisi le cloud pour sa flexibilité : « Nous souhaitions mettre à disposition de notre écosystème un logiciel riche en fonctionnalités, sans coût d’acquisition, rapide à déployer sur des sites répartis sur tout le territoire », précise-t-il. La solution, développée en interne par quinze informaticiens, est hébergée chez Prosodie et virtualisée (par sécurité) chez un autre prestataire.

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Appelé “Yellowbird” en anglais, “Gus, petit oiseau, grand voyage”, de Dominique Monféry et Christian de Vita, est le premier long-métrage d’animation en 3D intégralement tourné en France. Sa sortie est prévue le 18 février 2015. Gus se compose de 150 000 images nécessitant chacune 1 gigaoctet de stockage.

Impératif de sécurité

Producteur d’animations 3D pour la télévision et le cinéma, TeamTO, créé en 2005, emploie 180 personnes en équivalents temps plein. Voilà deux ans, ce studio français s’est lancé dans la production en propre de son premier long-métrage, Gus, petit oiseau, grand voyage, dont la sortie est prévue le 18 février prochain. « En commençant à travailler sur le rendu des images qui génère énormément de données, nous avons eu un problème de volumétrie de fichiers, raconte Jean-Baptiste Spieser, directeur technique. “Gus” se compose de 150 000 images nécessitant chacune 1 gigaoctet de stockage. » Pour éviter l’achat de serveurs supplémentaires, leur maintenance et les problèmes de climatisation, TeamTO a fait appel à Celeste, son prestataire de fibre optique, pour stocker dans son datacenter Marilyn une troisième copie des images. « Tous nos fichiers sont déjà sauvegardés à Paris et dans notre studio d’animation de Bourg-lès-Valence, et j’espère ne jamais avoir à recourir à la sauvegarde cloud, mais c’est un impératif de sécurité », confie-t-il. TeamTO compte pérenniser la triple copie et archiver l’ensemble de ses images chez Celeste.

Quand les plus « traditionnels » innovent

Dans la catégorie des applications critiques, l’e-commerce caracole en tête. Millésima, négociant en vin depuis 1983, a lancé son premier service Web en 1999, puis ouvert douze sites à l’international. La PME bordelaise réalise désormais 70 % de son chiffre d’affaires en ligne, de 35 millions d’euros en 2014. En 2011, elle a basculé la totalité de ses sites chez Amazon Web Services (AWS) après de mauvaises expériences chez des hébergeurs traditionnels. « Le premier avait mal évalué la capacité de la machine et les sites étaient lents, raconte Pierre Alexandre Stanislas, chef de projet e-commerce. Pour le quitter, nous avons payé l’équivalent de deux ans et demi d’hébergement. Le second s’est montré plus performant, mais quand une tentative d’intrusion a été suspectée, le service a mis 15 heures à redémarrer. » Chez AWS, Millésima dispose de quatre serveurs : deux en service et les autres pour les pics d’activité, Noël et la période des Primeurs. « Il nous suffit de cliquer sur deux boutons pour les démarrer », confie Pierre Alexandre Stanislas. La facture à l’usage diminue constamment grâce aux économies d’échelle qu’AWS répercute sur ses clients. La PME estime la baisse de ses coûts à 30 % par an. Plus éloignées du profil de la PME « gourmande » en services cloud, certaines sociétés ont mis dans le nuage des applications stratégiques. Mikit, à Louveciennes (Yvelines), commercialise des maisons en prêt-à-finir, via un réseau de 130 franchisés indépendants. Son DSI, Jean-Michel Mougeolle, a rejoint la PME trentenaire en 2011, avec la mission de finaliser le passage dans le cloud Salesforce de l’ensemble du SI. « Mikit évolue dans un domaine très concurrentiel et se doter de ces outils était stratégique. D’autant que le CRM en place était compliqué à faire vivre et évoluer », raconte-t-il. En un mois, Mikit a basculé l’ensemble de son SI (sauf la comptabilité), son CRM « franchiseur » et celui de ses franchisés et construit le tout autour du réseau social d’entreprise Chatter de Salesforce. Jean-Michel Mougeolle, qui a relevé le même challenge chez Meilleurtaux.com, connaît bien les avantages du cloud : sécurité dans l’utilisation et la maintenance, capacité de s’adapter à la demande, mises à jour automatique… même si l’intérêt économique par rapport au « on premise » n’est, selon lui, pas toujours avéré.

Mobil Wood crée, depuis 55 ans, des agencements en bois pour les boutiques et enseignes. La PME bourguignonne de 40 personnes utilise Salesforce depuis plus d’un an, avec pour bénéfice des devis personnalisés plus clairs et plus rapidement. « J’ai choisi l’éditeur américain, car c’est le leader du CRM, déclare Sébastien Becker, son PDG. Par contre, le mode cloud a de gros avantages : logiciels toujours à jour, paiement par abonnement, pas de souci de sauvegarde, ni d’investissement lourd. » Neoxia a assuré les développements spécifiques.

Fondé en 1963, Valero Groupe s’est fait un nom dans l’import de vannerie, puis dans le négoce et, depuis deux ans, la fabrication de mobilier professionnel pour cafés hôtels-restaurants. Son siège se situe à Béziers, son usine à Alès et son bureau commercial à Paris. La PME (47 salariés) a commencé, en avril dernier, la migration de son SI : de la nouvelle version de son ERP, Microsoft Financial, à son gestionnaire de fichiers, en passant par sa messagerie Outlook. « Nos serveurs arrivaient en fin de vie et notre ERP devait être renouvelé, raconte Alexandre Sirc, directeur des opérations. La période correspond à un réalignement de notre procédure interne. Avec nos nouveaux métiers, des besoins en GPAO sont apparus. » Valero a choisi Orange Business Services (OBS), son prestataire de ToIP et de liaisons en fibre optique. « L’ERP est hébergé sur des serveurs virtuels et, si besoin est, OBS augmente la puissance de l’unité centrale et l’espace disque, précise-t-il. Le backup informatique est compris dans la prestation. » La PME construit actuellement une force de vente directe et le cloud garantira un accès sécurisé au SI en mobilité. La gestion du changement a été le seul frein. « Tout ce qui est nouveau fait peur, surtout dans une entreprise familiale de province. Pour lever les barrières, j’ai invité mes collaborateurs à tester eux-mêmes le service. »

De nouvelles habitudes

Un rachat constitue parfois l’opportunité d’un passage auScreenHunter_61 Nov. 21 12.08 cloud. Ce fut le cas pour Paul Marquès, PME de neuf personnes basée à Cergy (Val-d’Oise), spécialisée dans l’injection plastique et reprise en janvier 2013 (lire encadré). « L’objectif du nouveau dirigeant à son arrivée a été la mise en place de méthodes de gestion plus industrielles », raconte Alban Fabretti, son actuel responsable des achats, engagé pour préparer l’acquisition. Les deux hommes décident de doter la PME de l’ERP en mode SaaS Yourcegid Manufacturing PMI On Demand qu’Alban Fabretti connaît bien et qui répond à ses besoins de mise en place rapide. « C’est le gain de temps qui a fait pencher la balance en faveur du cloud, car nous sommes certifiés ISO 9001 et nos contraintes de sauvegardes sont quotidiennes, explique-t-il. En outre, la maintenance de serveurs et leurs mises à jour ne sont pas simples et nous n’avons pas d’informaticien. »

Installateur de cuisines professionnelles et fournisseur de petit matériel hôtelier depuis près de 50 ans, Maison Patay à Roanne (Loire) a été placée en redressement judiciaire et rachetée, fin 2013, par un ancien ingénieur de Capgemini, Gilles Le Vu. Ce dernier a choisi pour ses cinq commerciaux et ses quatre techniciens de maintenance les applications mobiles SaaS de Sage. « Je n’ai pas d’informaticien et celles-ci n’ont nécessité aucune formation. Ce qui a son importance pour mes techniciens d’une cinquantaine d’années et les commerciaux entre 30 et 50 ans, qui n’affectionnent pas l’IT », déclare-t-il. Il apprécie le paiement mensuel sans engagement. Et, le reporting d’activité, qu’il utilise déjà, sera étendu aux commerciaux en fin d’année.

* « Le cloud computing dans les PME françaises. Réalités, besoins & perspectives 2014 – Référentiel de pratiques 2012-2014. »

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