A Amsterdam, fi n septembre, se tenait la rencontre offi cielle de la communauté Drupal*, un Content Management System (CMS) open source. Maxime Topolov, PDG et cofondateur d’Adyax, agence spécialisée dans le libre, dresse le portrait de cette technologie utilisée par les plus grandes entreprises dans le monde.
Alliancy, le mag. Comment s’est passée votre rencontre avec Drupal ?
Maxime Topolov. Adyax est née en 2008, suite à un projet de création d’une plate-forme de location à court terme d’appartements. Celui-ci n’a pas eu le succès escompté, mais paradoxalement, les entreprises que nous avons rencontrées ont été séduites par la technologie que nous voulions utiliser comme CMS. Drupal était presque inconnu. Il y avait un marché sur lequel nous nous sommes rapidement positionnés.
Pourquoi avoir choisi ce CMS à l’époque ?
Drupal a été le seul à nous convaincre immédiatement, par sa flexibilité, sa modularité et son évolutivité. C’est un Belge, Dries Buytaert, qui l’a créé en 2001 à l’université d’Anvers, avant de s’installer aux Etats-Unis et d’y dédier sa société, Acquia. Les qualités de ce moteur discret ont rapidement convaincu les professionnels. En France, 600 entreprises, principalement de grands groupes, s’appuient sur ce CMS pour réaliser leurs sites Internet.
Quel est le point fort de Drupal ?
C’est un couteau suisse très puissant et fiable pour les DSI qui doivent gérer une certaine complexité. Tout le monde peut l’utiliser, mais la courbe d’apprentissage est plus difficile que celle de WordPress [autre CMS open source, Ndlr], qui convient mieux aux particuliers et aux petites entreprises. Drupal est une « usine à sites ». Johnson & Johnson a, par exemple, réalisé près de 150 sites pour ses marques EMEA d’un seul tenant cohérent grâce à celui-ci.
Quels avantages y a-t-il à s’appuyer sur de l’open source pour un CMS ?
Le premier atout de ce CMS est l’absence du coût de licence. Parmi les autres points forts, on peut noter la réversibilité totale qui permet de changer de prestataire facilement, et les possibilités de
réaliser ses propres modifications grâce à l’accès au code source du logiciel, sans dépendre du bon vouloir d’un éditeur.
On évoque souvent la « puissance » des communautés open source, quel est le poids de Drupal ?
Aucun éditeur de logiciels ne peut lutter à armes égales contre des dizaines de milliers de développeurs fédérés autour de projets open source. Outre les apports fonctionnels, ce sont autant d’yeux qui surveillent le code, et la sécurité en est renforcée. Aujourd’hui, la communauté Drupal, qui regroupe plus de 25 000 personnes, est huit fois plus grande que celle de Linux Kernel. De plus, Drupal.org a su l’animer efficacement, pour que la décentralisation soit une force et non un frein, mais aussi pour fournir l’infrastructure nécessaire à la réalisation des milliers de tests automatisés pour les modules proposés par les développeurs, ce qui facilite les rapports de bugs.
Quelles sont les nouveautés de la version 8 de Drupal dévoilée à Amsterdam ?
Elle va encore simplifier la vie des DSI en termes de configuration et d’industrialisation. Beaucoup de nouvelles distributions** et de métiers verticaux voient le jour. Fin 2013, le million de sites réalisés a été dépassé. Et, depuis, la deuxième place du podium des CMS open source, derrière WordPress, n’est pas loin. Ce succès doit aussi beaucoup à celui d’Acquia [qui a clôturé une levée de fonds de 50 millions de dollars soit 38 millions d’euros en mai dernier, Ndlr], dont l’activité a permis de faire entrer la technologie dans la matrice du Gartner, pour une visibilité conséquente. L’avenir est donc radieux pour Drupal.
* DrupalCon Amsterdam (29/09-3/10), plus d’infos sur https ://amsterdam2014.drupal.org. ** Ensembles de modules, contenus et paramétrages permettant de construire rapidement un site.
** Ensembles de modules, contenus et paramétrages permettant de construire rapidement un site.