La plate-forme commune proposée par IBM et SAP a déjà séduit plusieurs banques multicanal, permettant de réduire les coûts et d’accroître leurs parts de marché.
«Nous opérons à travers soixante pays dans le monde, et deux cents banques utilisent déjà notre solution de core banking », détaille Patrice Vatin, directeur banque et assurance chez SAP. La finance en général, et la banque en particulier, figure désormais au quatrième rang en termes de revenus pour l’éditeur allemand, grâce à sa suite SAP Core Banking (ouverture de compte, gestion des clients, virements…). La nouvelle plateforme commune, lancée fin 2013 avec IBM à destination des institutions bancaires, est donc hautement stratégique : « Notre objectif est de doubler notre marché d’ici à 2015. Nous avons besoin pour cela d’un partenaire proposant un écosystème qui puisse accompagner cette croissance, tel IBM », poursuit-il. Pour y parvenir, SAP considère trois axes : l’organisation, un pôle services financiers mondial a été mis en place ; une segmentation par marché, banques de détail, banques centrales, marchés des capitaux…
Enfin, une approche globale de chacun de ces marchés, avec une offre complète pour chacun d’entre eux. Le contexte réglementaire pousse d’ailleurs à prendre les devants. Le cadre légal dans le domaine bancaire devient de plus en plus contraignant, et amène à proposer des solutions sûres et efficaces pour gagner de nouveaux clients ou de gestion de portefeuilles. Par ailleurs, selon SAP, les profits sur les marchés matures baissent de façon significative, la demande de la clientèle se fait de plus exigeante, au gré des évolutions technologiques (mobilité, sécurité, numérisation). Dans ce mariage de raison, IBM est bien doté : son savoir-faire dans le domaine de l’infrastructure et de l’intégration de données est éprouvé.
Risque, coûts, croissance
La plate-forme développée par les deux partenaires obéit au credo : « Pensez comme un détaillant de la banque, agir comme un fabricant à bas coût. » Cela passe par la numérisation du front-office (service de clientèle), l’automatisation du back-office et une capacité d’analyse poussée. En l’occurrence, la solution proposée repose sur trois piliers : le risque, les coûts et la croissance. Sur le plan du risque, SAP et IBM ont conçu des ratios en termes de provisions, ou de pertes potentielles, liées aux prêts (ménages ou entreprises).
Pour répondre à la question du coût, SAP met l’accent sur leur réduction, en diminuant, par exemple, les opérations manuelles du back-office. L’outil permet également aux banques de détail de gagner des parts de marché en optimisant précisément le temps de lancement d’un nouveau produit ou en fournissant des outils pour acquérir et conserver de nouveaux clients.La démonstration, exécutée par IBM dans son centre de La Gaude (Alpes-Maritimes), en fournit un exemple sur la base d’opérations simples de dépôt et de
Cette masse d’informations, qui est souvent sous-exploitée dans le réseau bancaire traditionnel, permet au chargé de clientèle de proposer des offres ciblées : prêt à la consommation, prêt immobilier, produits bancaires divers. « La principale valeur ajoutée de cette plate-forme, c’est la possibilité pour la banque de proposer, à moindres coûts, de façon simple et efficace, ses produits bancaires, et de les personnaliser à la demande le cas échéant », fait remarquer Patrice Vatin. Deuxième point fort selon lui : la robustesse de l’outil, « qui existe depuis quinze ans et a fait ses preuves ». Enfin, toutes ces opérations sont effectuées en temps réel.
Les banques, principaux clients de l’IT
S’agit-il là d’atouts réellement différenciants ? Patrice Vatin met en avant le fait que « 110 millions d’usagers à travers le monde utilisent cette plateforme ». Selon deux études récentes, la finance sera le principal contributeur aux dépenses dans le domaine de l’IT en 2014. Une étude IDC évalue cette part à 430 milliards de dollars pour 2013, dont 215 milliards investis par les banques, soit deux fois plus que les sociétés d’investissement. Une autre étude, du cabinet Gartner, publiée l’été dernier, parvient aux mêmes conclusions, indiquant que les investissements de la finance atteindront 3 900 milliards, soit 11 % des investissements totaux dans l’IT. Gartner anticipe même un montant d’achats supérieur aux chiffres d’IDC : 460 milliards de dollars en 2013 (contre 445 en 2012).
Nationwide, une banque mutualiste anglaise a, par exemple, investi pas moins de 1,5 milliard de livres (1,8 milliard d’euros) pour refonder complètement sa plate-forme bancaire, « un process très complexe, rendu possible notamment par l’esprit de groupe très fort qui a prévalu dans la mise en place de cette plate-forme », note Ramona Maye, chef de projet chez IBM. Elle témoigne pour cette banque mutualiste, leader en Grande-Bretagne sur le marché de l’épargne et du prêt immobilier : « La plate-forme utilisée était vieille de vingt-cinq ans, avec des produits et services limités et un manque de souplesse pour répondre à la demande de sa clientèle. » Selon la chef de projet, la plate-forme proposée par SAP et IBM a permis d’accroître les profits, à travers une offre multicanal, de meilleures ventes de produits, un recentrage sur le compte courant comme produit phare chez Nationwide, qui lui a permis de devenir le numéro 1 du compte courant au Royaume-Uni et d’être très bien noté dans le domaine de la banque mobile. Accessoirement, la durée de traitement des dossiers a baissé de façon substantielle, passant de quelques semaines à quelques jours.
Pour autant, les cibles principales de l’offre SAPIBM, à court ou moyen termes, seront les banques des pays et zones géographiques à forte croissance : Afrique du Sud, Russie et Moyen-Orient en premier lieu, « avec un coût d’entrée extrêmement bas pour gagner ces marchés où le réseau bancaire n’est pas encore très développé », conclut Patrice Vatin.
Photo – BNP Paribas