Alliancy

Écoresponsabilité : les prestataires du numérique en ordre dispersé

La première édition du Baromètre des prestataires du numérique écoresponsables, publiée par AdVaes, fait état d’une maturité très variable de la part de ces entreprises, voire très faible pour la majorité d’entre eux.

Quelles initiatives les prestataires du numérique (éditeurs de logiciel, entreprises de services du numérique (ESN), intégrateurs, fournisseurs de solutions de cloud computing, cabinets de conseil ou d’ingénierie, fabricants d’équipements…) mènent-ils pour réduire l’impact environnemental de leurs activités ? Combien développent de vraies stratégies de réduction de leurs émissions de gaz à effet de serre (GES) ? Combien investissent dans des projets de performance énergétique et d’énergies renouvelables ? 

Telles sont les questions posées par la première édition du Baromètre des prestataires du numérique écoresponsables publiée par la société AdVaes. Celle-ci a porté son attention sur un échantillon de 100 prestataires, dont 61 % ont répondu à une enquête en ligne menée de juillet à octobre 2023 et 39 % ont fait l’objet d’une analyse poussée par les analystes d’AdVaes des informations publiques mises à disposition par leurs soins : rapports CSR ou ESG, réponses aux questionnaires du CDP (Carbon Disclosure Project), rapports Global Compact…

Parmi les prestataires étudiés, la prise en compte de la RSE et des sujets ESG (Environnement, Social, Gouvernance) se traduit par la mise en place de département ou de service dédiés. En 2023, 78 % des prestataires du panel disposent d’une telle entité au niveau corporate. Parmi ceux n’en disposant pas, 73 % ont cependant une personne chargée de ces sujets au sein de leur société. Celle-ci est le plus souvent rattachée à la direction générale de par le caractère stratégique et engageant du sujet. En 2023, 61 % des prestataires analysés ont un ou une responsable RSE siégeant au Comex.

A lire aussi : Écoresponsabilité numérique : Michelin, Vinci et la RATP face aux défis de la responsabilisation des collaborateurs

L’étude porte ensuite son attention sur les objectifs de réduction d’impacts à 2030. Le constat est ici sans appel : seuls 40 % des prestataires analysés ont défini des objectifs de développement durable à l’horizon 2030, portant sur le périmètre environnemental. Pour 25 % des entreprises interrogées, les feuilles de route sont en cours d’élaboration. Six grands objectifs de réduction d’impacts à 2030 reviennent le plus souvent. L’accent est mis sur la réduction des émissions de carbone, le recours aux énergies renouvelables, le développement de la mobilité durable, le prolongement de la durée de vie des équipements et la sensibilisation des collaborateurs.

Principaux objectifs de réduction d’impacts des prestataires du numérique d’ici 2030 © AdVaes

« Un certain nombre d’entreprises interrogées ont lancé des initiatives intéressantes, mais globalement la maturité des prestataires est excessivement variable, voire très faible pour la majorité d’entre eux. Il existe de ce fait un réel risque de décrochage, car ils ne mesurent pas l’urgence des enjeux et ce, à plusieurs niveaux », commente Emmanuelle Olivié-Paul, Fondatrice et dirigeante d’AdVaes.

« Le premier niveau est la conformité réglementaire (CSRD, loi AGEC, réglementation sur les DEEE, loi Zéro Artificialisation nette (ZAN)…) qui, même si elle ne les concerne pas directement, va les impacter indirectement via les appels d’offres. Il peut aussi y avoir un risque business à travers leurs approvisionnements et leur accès aux services. Il existe en effet des enjeux stratégiques et géopolitiques dont ils n’ont pas forcément pris conscience », complète Emmanuelle Olivié-Paul.

Un bilan carbone très mobilisateur

Parmi les réalisations concrètes des prestataires, le bilan carbone des activités est sans doute le sujet qui mobilise le plus. 71 % des entreprises du panel ont déjà réalisé un tel bilan, plus ou moins en profondeur. Ce bilan est cependant récent pour ceux n’ayant pas encore d’obligation de reporting extra-financier. Il a été effectué, dans la majorité des cas, en 2023 pour les données de l’exercice 2022. Pour 92 % des prestataires, ce bilan couvre les trois scopes, sans pour autant que le scope 3 ne soit couvert en intégralité.

Réalisation d’un bilan carbone des activités des prestataires du numérique © AdVaes

Quant à la connaissance de la consommation énergétique des activités, elle est très variable selon les profils de prestataires analysés. Il en est de même pour la transparence en matière de communication des données associées. En 2023, 61% des prestataires analysés connaissent la consommation énergétique au niveau corporate pour leur société, et 54% peuvent estimer la part des énergies bas carbone et/ou renouvelables en regard.

Connaissance de la consommation énergétique des activités © AdVaes

Enfin, l’eau figure parmi les sujets auxquels les prestataires du numérique s’intéressent le moins en termes d’impacts environnementaux (stress hydrique, préemption d’eau potable…) et de pollutions induites par leurs activités. En 2023, seuls 34% de ceux analysés connaissent le volume d’eau annuel consommé par leur société (les notions de consommation et d’usage d’eau sont encore très mal estimées). Le point positif en 2023 est que 41% des prestataires analysés ont des objectifs de réduction de leur utilisation d’eau. La mesure va s’imposer pour évaluer leurs actions.

Connaissance du volume d’eau consommé par an © AdVaes

Objectif de réduction de l’utilisation d’eau © AdVaes

Le baromètre comporte également 10 profils synthétiques de prestataires du numérique, engagés dans des actions écoresponsables. « En présentant leurs engagements, leurs actions et leurs résultats, ces prestataires sont des modèles de rôle (“role models”) pour l’écosystème. Tous ont accepté que leurs actions soient évaluées selon les critères d’AdVaes et fassent l’objet d’un score révélé dans leur profil », souligne Emmanuelle Olivié-Paul.

« L’exemple insufflé par les prestataires les plus matures, leur rôle dans l’engagement de l’écosystème, les demandes des clients ainsi que des collaborateurs en interne, la pression réglementaire et des investisseurs, devraient permettre des avancées significatives dans les prochaines années et favoriser plus de transparence dans la communication de ces données », conclut la dirigeante.

Quitter la version mobile