En ce début d’année, le célèbre Consumer Electronics Show (CES) de Las Vegas n’aura pas eu la couverture médiatique escomptée, ni d’ailleurs La French Tech et son cortège de pépites françaises qui avaient fait le voyage… Pour autant, la dynamique autour de cette initiative à l’international et la valorisation de l’écosystème numérique français est enclenchée, grâce (notamment) à l’action d’Axelle Lemaire, secrétaire d’Etat au Numérique.
Aux mêmes dates que le CES, l’actualité s’est concentrée sur les terribles massacres auxquels la France a dû faire face. Et, dans ce domaine aussi, le numérique a été moteur. Dès le 7 janvier, les réseaux sociaux ont été pris d’assaut. Une semaine plus tard, plus de 6,6 millions de tweets étaient recensés, faisant du mot-clé #JesuisCharlie, l’un des plus populaires sur Twitter. Hélas, l’élan de solidarité sur la Toile s’accompagnait d’autres messages beaucoup plus néfastes, ramenant la question du contrôle d’Internet et de la cybercriminalité au cœur des enjeux de nos sociétés.
Dans la foulée, le 21 janvier, le Premier ministre, Manuels Valls annonçait une série de « mesures exceptionnelles à la hauteur de la menace », rappelant notamment la responsabilité juridique et « la responsabilité morale plus grande encore » des fournisseurs d’accès à Internet et des réseaux sociaux dans la lutte contre le terrorisme. Des propos renforcés par le discours de François Hollande, le 27 janvier : « Nous devons agir au niveau européen, et même international, pour qu’un cadre juridique puisse être défini, et que les plates-formes Internet, qui gèrent les réseaux sociaux, soient mises devant leurs responsabilités, et que des sanctions soient prononcées en cas de manquement. »
Plusieurs projets de loi (renseignement, numérique…) sont en préparation. Cette régulation, sous couvert de sécurité et de lutte antiterroriste, va à l’encontre de la neutralité totale du Net. Elle met en cause la protection de la vie privée, comme l’ont rappelé certains. C’est l’un des enjeux de l’action publique : protéger la liberté individuelle de chacun et assurer la sécurité de tous. Le développement conjoint des technologies – tant pour communiquer que pour tracer les délinquants –, et la montée des menaces accroissent le dilemme des politiques contemporains.
Pour éclaircir la position de la France et son action dans ce domaine, plusieurs personnalités politiques se sont succédé au Forum international de la Cybersécurité (FIC) de Lille, dont le nombre de visiteurs a bondi cette année. L’enjeu touche aussi au cœur de notre activité économique. Car si, pour l’heure, les cyberattaques restent qualifiées de « basiques », elles pourraient rapidement viser des secteurs stratégiques et certains de nos fleurons industriels…