C’est une mobilisation comme seule l’Amérique sait l’organiser. Une guerre à la cyberguerre. A l’heure où une gigantesque attaque numérique contre l’etat fédéral vient tout juste d’être dévoilée… en décembre dernier, des hackers s’étaient saisis des données personnelles de 4 millions de fonctionnaires et d’anciens fonctionnaires aux Etats-Unis. Les personnes concernées, en cas « de fraude et de vol d’identité », pourraient recevoir un dédommagement à hauteur de près d’un million de dollars.
Les piratages de systèmes informatiques du gouvernement et de grands groupes américains (Target, Anthem…) se multiplient. Même les e-mails du président Obama sont lus… L’amiral Michael rogers, directeur de la NSA, avait annoncé la contre-offensive à ce sujet : « Nous devons réfléchir comment nous pouvons développer nos capacités offensives pour arriver à les décourager. »
Le 23 avril dernier, le pentagone a dévoilé sa stratégie en matière de cyberdéfense. Second document de référence depuis 2011, il fixe trois missions à l’US Cyber Command, le commandement militaire en charge de ces questions. D’abord, défendre les réseaux informatiques du pentagone. ensuite, protéger les infrastructures critiques du pays (réseaux énergétiques, d’eau et de transport, satellites, usines…). enfin, fournir des « capacités cyber » pour soutenir des opérations militaires. « Les Etats-Unis doivent être en mesure de déclarer ou d’afficher des capacités d’intervention efficaces pour dissuader un adversaire de lancer une attaque », peut-on lire dans le document.
Le président Obama compte donc mobiliser des hommes, mais aussi les entreprises privées. D’ici à 2018, l’US Cyber Command devra rassembler 6 200 experts, répartis en 133 équipes. D’où le déplacement d’Ashton Carter, le secrétaire américain à la Défense, dans la Silicon Valley, le jour même où la stratégie du pentagone, était dévoilée. Objectif : séduire le milieu de la haute technologie américaine et recruter des cerveaux qui seraient mobilisables régulièrement pour des opérations de cyberdéfense. « Jusqu’à 2 000 volontaires pourraient ainsi venir renforcer la cyber-force du Pentagone en cas de crise », a expliqué Eric Rosenbach, le secrétaire adjoint à la Défense pour ces questions.
Le Pentagone va ouvrir un bureau de représentation dans la Silicon Valley, afin d’identifier les innovations à fort potentiel et, évidemment, de renouer avec les entreprises locales. Déjà, en février, le président Obama s’était rendu à palo Alto, à l’occasion du premier sommet sur la cybersécurité organisé par la Maison Blanche à l’université de Stanford, et auquel participaient tous les grands d’Internet. « Cela doit forcément être une mission conjointe », leur avait-il lancé. personne ne restera à l’écart de ce combat, d’autant qu’il rejoint l’autre bataille contre le radicalisme islamique qui mobilise aussi les cyberarmes.