Difficile de passer à côté : le XXe congrès du Parti Communiste Chinois, un évènement qui n’a lieu qu’une fois tous les cinq ans, réuni depuis dimanche dernier ses 2300 délégués. Ce congrès officialise, sous forme d’un spectacle savamment orchestré, une consolidation inédite du pouvoir par Xi Jinping. Et ce qui se joue dans les couloirs du PCC pèse lourdement sur le futur du numérique.
D’une part, les choix en matière de politique économique qui suivront ce congrès, ne manqueront pas d’affecter les chaines de productions mondiales. Politique zéro-covid, route de la soie numérique, réaction face au ralentissement de la croissance économique de l’Empire du Milieu (dont la communication des chiffres officiels à été inhabituellement reportée) ou encore efforts anti-trust sur les géants numériques sont autant de facteurs de changement pour « l’atelier du monde ». A titre d’exemple, l’Administration centrale de régulation du marché chinois (SAMR) vient d’annoncer le renforcement significatif de ses capacités, après plusieurs mois passés à « reprendre en main » les champions du numérique nationaux et leurs dirigeants.
D’autre part, la posture de la Chine sur le défi écologique pourra être un espoir ou une désespérance. Le pays, qui dépend pour plus de moitié du charbon en matière d’énergie, est le plus grand contributeur au réchauffement climatique avec les Etats-Unis, même si Xi Jinping est lui-même qualifié par les spécialistes de « militant » en matière de lutte contre la pollution (ses politiques ont par exemple permis de réduire la pollution de l’air de 40% en sept ans). Le numérique chinois pourrait apporter des moyens brillants pour changer la donne au niveau global, ou au contraire alimenter plus encore le problème.
Enfin, la Chine est sans conteste le pays qui va le plus définir ce qui sera acceptable en matière de contrôle social numérique. Le poids de l’autoritarisme chinois influence déjà la construction de nos imaginaires de démocraties libérales occidentales. Une fois le pouvoir de Xi Jinping affirmé pour les années à venir, la Chine deviendra-t-elle vraiment la dystopie numérique qui se dessine d’ores et déjà ? Et avec quels effets pour nos propres citoyens ? A minima, de telles réflexions ne feront qu’alimenter les questionnements autour du souverainisme technologique, en France et chez nos voisins européens.
Cet édito est issu de notre newsletter de la semaine du 17 au 21 octobre 2022.
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