Alliancy

N°3 : Le pavé dans la mare

Catherine Moal - Edito
Catherine Moal, rédactrice en chef d’Alliancy Le Mag

Catherine Moal, rédactrice en chef d’Alliancy, le mag – Crédit photo : ©Olivier Roux

Et de deux ! Xavier Niel, fondateur de Free et grand business angel, devient serial créateur d’écoles. Voici deux ans, il fondait, avec ses deux compères Marc Simoncini (Meetic, Sensee…) et Jacques-Antoine Granjon (vente-privée.com…) l’École européenne des métiers de l’Internet (Eemi). Le 26 mars, le patron d’Iliad-Free annonçait la création du centre de formation en informatique « 42 », dans le XVIIe arrondissement de Paris. « 42 », les amateurs de science-fiction savent que c’est LA réponse à la grande question sur la vie, l’univers… Une référence au Guide du voyageur galactique, de Douglas Adams.

Après plus de vingt ans dans l’Internet, Xavier Niel – et pas seulement lui – butte toujours sur le même obstacle, crucial : les « talents ». Son projet est de former, en trois ans, des « développeurs innovants pour, ensemble, créer la France de demain ». Pas moins ! Mille élèves, de 18 à 30 ans, devraient être admis pour la première promotion de « 42 », dès la rentrée prochaine. Un établissement financé sur ses propres fonds : 20 millions d’euros pour sa création, et 70 millions pour son fonctionnement sur la décennie à venir. Pour y entrer, aucun diplôme n’est exigé. La théorie de Niel est simple : « Correspondre à ce qui est un génie en informatique ne nécessite pas d’avoir le bac ». Oubliée aussi la barrière financière… l’école est gratuite. Inscription simplifiée, sortie assurée, voilà la double promesse. S’il n’offre pas de diplôme reconnu par l’État, Xavier Niel prévoit des partenariats avec des entreprises pour le recrutement de ses « génies ». Ce serait même déjà fait. Le cabinet Ametix prévoit de tous les embaucher à la sortie. A la clé : un salaire annuel brut de 45 000 euros. Il faudra toutefois éviter que, demain, un « Google » ou un « Microsoft » se mette à préempter toute la promo sortante d’une (grande) école…Ces géants américains en ont largement les moyens.

C’est un vrai coup de pied dans la fourmilière, juge Guy Mamou-Mani, président de Syntec Numérique, dont le premier combat est aussi la formation. « On manque de ressources dans ce secteur. On n’a pas le temps d’attendre », insiste-t-il. En tout cas, comme il a ébranlé France Télécom, Niel va bousculer « France Education », son système de sélection et ses méthodes d’enseignement. Mais aussi des acteurs privés qui ont fait leur miel de ce marché, souvent quand personne n’y croyait. Beaux joueurs, le groupe d’écoles d’ingénieurs Isen, comme Ionis Education Group, l’ont félicité en publiant un communiqué…

Certes, l’initiative d’un entrepreneur qui investit en France doit être saluée. Modifier le système en apportant une formation nouvelle, changer les choses en enseignant différemment… Les promesses de « 42 » ne pourront être honorées que si la réussite est au rendez-vous dans quelques années. À suivre…

 

 

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