Le pôle Images & Réseaux a développé une cartographie dynamique pour représenter les coopérations entre ses membres. Un programme qui pourrait faire école.
Une œuvre de Vasarely ? Une représentation futuriste d’un indicateur de chemin de fer ? Un feu d’artifice géant ? Rien de tout cela. Les cartes établies par le pôle de compétitivité breton Images & Réseaux reflètent les coopérations entre ses membres et les centres de recherche qui lui sont associés. Au-delà de son aspect graphique surprenant, cette démarche est assez révolutionnaire.
Tout a commencé en 2010. « A l’époque, nous consacrions beaucoup de temps et d’argent à établir la base de données du pôle, sans aboutir à un résultat satisfaisant », raconte Bertrand Guilbaud, actuel directeur général du pôle Images & Réseaux, qui vient d’être nommé directeur général de l’IRT B-com. A l’arrivée, en effet, les colonnes de chiffres réunies dans un gigantesque tableau Excel n’étaient guère explicites. Et ne reflétaient en rien la dynamique à l’œuvre au sein du pôle breton, qui fait travailler ensemble grands groupes, PME et organismes de recherche.
Visualisation de données
Une rencontre avec l’Ecole de design de Nantes Atlantique et un chercheur spécialisé dans la cartographie, Franck Ghitalla, va changer la donne. Ce dernier a en effet développé une approche originale de cartographie dynamique [voir son site : http://ateliercartographie.wordpress.com], sous forme de nuages de points et de liens, dont la taille représente l’intensité des relations entre les acteurs. « Nous avons alors repensé notre base de données selon cette approche de mind mapping, fondée sur la visualisation de données », explique Bertrand Guilbaud.
Avantage : les cartes permettent de faire tomber des barrières et passer des messages. D’un coup d’œil, on mesure la réalité des échanges entre deux PME du pôle, ou deux laboratoires. Et la proximité géographique n’apparaît plus forcément comme le discriminant numéro 1 : comme le montre la carte circulaire ci-contre, les entreprises du bassin rennais entretiennent des relations presque aussi fortes avec leurs homologues brestoises qu’avec les acteurs parisiens ! Et n’en déplaisent aux tenants du polycentrisme breton, Rennes s’affiche clairement comme le cœur du pôle Images & Réseaux par le nombre et l’intensité des échanges qui s’y croisent.
La base de données ainsi revisitée, sous le nom de Visir (vision stratégique Images et Réseaux) apporte d’autres enseignements essentiels. Car l’utilisateur, en cliquant sur les billes ou les liens, peut faire apparaître à l’écran un descriptif très complet du contenu des travaux en cours (thèmes, budgets, acteurs, calendrier).
Un « curseur temporel » pour mesurer l’évolution des projets
Par un jeu de mots-clés bien choisis, il est également possible de visualiser les champs de compétences partagées, les coopérations existantes, les projets à encourager… Un « curseur temporel » permet aussi de voyager dans le temps en mesurant l’évolution des projets depuis la création du pôle, en 2005. Le projet Visir s’appuie sur les compétences d’une start-up française, Linkfluence (www.linkfluence.com), spécialisée dans cette visualisation. « Pour l’instant, il s’agit d’un prototype, utilisé exclusivement en interne. Nous souhaitons le mettre au service de nos membres et, pourquoi pas, demain, le proposer à d’autres partenaires », confie Bertrand Guilbaud.
Démarche unique en France, cette approche pourrait bien révolutionner la manière dont les acteurs institutionnels et les entreprises envisagent leurs coopérations. A l’heure où les partenariats collaboratifs ont le vent en poupe, pouvoir visualiser d’un seul coup d’œil les forces et les faiblesses des liens à l’œuvre apporte une réelle valeur ajoutée dans la construction d’un modèle coopératif. Nul doute que le futur institut de recherche technologique B-Com, récemment labellisé par l’Etat (lire ci-contre), saura utiliser ce savoir-faire innovant pour stimuler ses partenariats.
B-com, future “ start-up de R&D ”
Dans quelques mois, B-com va « devenir » une réalité. Sous cette appellation à double sens, l’institut de recherche technologique (IRT) breton, consacré à l’Internet du futur, voit grand. Labellisé par l’Etat, B-com dispose d’un financement de 60 millions d’euros dans le cadre des investissements d’avenir, auxquels s’ajoutent 30 millions d’euros apportés par les collectivités territoriales (région Bretagne, Rennes Métropole, Lannion-Trégor Agglomération et Brest Métropole Océane). Et son budget global, jusqu’à fin 2019, s’élève à 200 millions d’euros. A la clé, des travaux ambitieux dans les domaines de l’image, des réseaux et de la santé. Ses premiers programmes devraient démarrer au cours du premier trimestre 2013. « B-com, c’est une start-up de recherche et développement, y compris dans son modèle managérial et son esprit d’entreprise », souligne Vincent Marcatté, son président. Une vingtaine de PME bretonnes sont associées à sa gouvernance. Doté d’un centre principal à Rennes et de deux sites secondaires à Lannion et Brest, B-com devrait employer 100 personnes au départ et 300 à terme. Il s’installera dans des locaux de 4 000 mètres carrés d’ici à fin 2014, dans la nouvelle zone d’activités rennaise Via Sylva.
Intensité descoopérations
La carte de France (gauche) illustre le nombre de partenariats technologiques initiés par les membres d’Images & Réseaux, selon une approche territoriale départementale. Elle exprime clairement l’intensité des échanges entre Rennes, Paris et Brest, notamment.
La vue circulaire (droite) se lit différemment : elle distribue les départements en fonction du nombre de liens de coopération entretenus entre eux, dans une logique interrégionale (en rouge, les départements bretons, en jaune les Pays de Loire, en bleu Paris et l’Ile-de-France).
Plus d’infos sur : www.images-et-reseaux.com