Énergie et sécurité : la vidéo couplée à l’IA pour redéfinir les usages industriels et urbains 

Au siège du MEDEF à Paris, William Eldin a ouvert le colloque Boost Industrie 2024 sur l’importance de l’hybridation entre IA et vidéo. Le passage à l’échelle de la technologie permettrait des économies d’énergie ahurissante et de meilleures conditions de travail pour les opérateurs. 

 

“Le Computer Vision est à un tournant décisif où l’innovation sort du training pour l’inférence, c’est-à-dire l’inclusion dans la chaîne de production », a déclaré William Eldin, cofondateur et directeur général de XXII, pour introduire son intervention au colloque de Boost Industrie 2024. L’entreprise française, spécialisée dans l’analyse vidéo, accompagne industries et smart city dans leur transition numérique, notamment en matière de décarbonation. D’ailleurs, pour l’édition 2024 du Boost Industrie, L’AFNeT (Accélérateur de la Transformation Numérique et Écologique des Fillières Industrielles) s’est focalisée en partie sur les apports de la technologie dans la transition énergétique. À cette occasion, William Eldin a partagé les cas d’usage de son outil Computer Vision dans l’industrie. Le directeur général de XXII considère sa technologie comme une intelligence holistique. Un homme pourrait faire les mêmes constats et tâches que Computer Vision à condition d’observer. Mais attendre qu’un événement se produise a peu de valeur ajoutée pour une entreprise, donc la technologie s’en charge. D’après le philosophe portugais Antonio Damasio, les yeux représentent le premier capteur de l’intelligence humaine et la vision occupe 70% de l’activité cérébrale. Alors pourquoi ne pas multiplier les capteurs d’intelligence à l’aide de caméras ? 

 

Une économie potentielle de quatre milliards d’euros par an 

 

Le premier cas d’usage inhérent à la transition écologique réside dans l’éclairage public. Chaque année, la France dépense huit milliards d’euros pour éclairer ses rues entre minuit et six heures du matin. XXII a donc testé son système de reconnaissance sur un quartier de Suresnes dans les Hauts-de-Seine (92). Le principe ? Les lampadaires s’éteignent à 90% dès minuit. À la détection d’une voiture, 50 % des lumières de la rue s’allument et cela monte à 100 % lorsqu’il s’agit d’un humain. De cette manière, la technologie a permis l’économie de 74% du temps d’éclairage. William Eldin projette une économie d’au moins quatre milliards d’euros par an à l’échelle nationale. “J’entends déjà des personnes se plaindre des changements d’infrastructures et des frais engagés. Mais, je propose une iso infrastructure qui demande seulement une couche de logiciel sur les lampadaires existants”, a expliqué William Eldin. Le dirigeant a assuré posséder les moyens de déployer cette technologie à bas coûts, mais qu’il se serait frotté à un obstacle : le désintérêt des industriels. Un autre projet urbain se construit actuellement, celui du contrôle des sémaphores en fonction du trafic. Sachant que 43 % des feux tricolores de l’hexagone possèdent déjà une caméra, l’ajout du Computer Vision permettrait la baisse de l’émission de CO2 et le développement des smart cities avec peu de modifications. Les entreprises, elles, souhaitent davantage diminuer leur consommation énergique, particulièrement l’utilisation du chauffage et de la climatisation. Renault a, dans un premier temps, fait appel à XXII pour améliorer sa productivité. L’algorithme vérifie, par exemple, que chaque salarié rassemble toutes les pièces nécessaires avant de se rendre sur la chaîne de montage. Cependant, un autre constat s’est imposé : les opérateurs ont froid à cause de l’ouverture systématique des portes du hangar. William Eldin a donc entraîné son algorithme pour ouvrir et fermer les portes à la vue d’une personne, et ce, le plus rapidement possible. Renault a pu ainsi économiser 80% des dépenses en chauffage et la température syndicale est enfin respectée. 

 

Décliner les outils, de la sécurité à la santé  

 

Le premier client de XXII était la police nationale pour réaliser des enquêtes vidéo. De cette manière, les autorités peuvent retrouver des attributs au plus vite et résoudre des affaires, principalement des crimes. Une question subsiste : comment garantir une éthique et le respect du RGPD ? Pour William Eldin, les individus ne doivent pas être reconnaissables. L’algorithme considère les humains comme des objets parmi des centaines d’autres et ne peut reconnaître des visages, du moins pour la version en temps réel. Il faudrait une autre technologie avec un autre logiciel qui agit après Computer Vision pour déceler des caractéristiques particulières et donc une identité. Une fois ce doute levé, le cas d’usage, peu reluisant d’après William Eldin, s’est décliné dans la sécurité industrielle. Les caméras peuvent prévenir en cas de vol, de renversement de containers ou encore détecter le port des EPI (équipements de protection individuelle) à travers un sas. La sécurité des travailleurs s’est étendue à leurs conditions physiques. C’est pourquoi XXII a développé un système de surveillance des travailleurs isolés pour Airbus. La technologie observe les collaborateurs sur la chaîne de production, sous forme de squelettes. Lorsqu’une personne occupe une position penchée pendant une longue durée, l’algorithme alerte un manager pour effectuer un roulement. Toujours dans un souci de sécurité, William Eldin intègre des caméras qui détectent la présence d’humains autours des engins industriels Caterpillar. “Mon conseil pour les industriels, c’est d’utiliser les technologies, certes, mais surtout d’embaucher des datascientist ou d’autres personnes du domaine pour mettre en avant leurs besoins et leurs cas d’usages. Je suis un scientifique, je ne connais pas toutes vos problématiques, mais nous devons collaborer”, a déclaré William Eldin.