Derrière le dynamisme d’une région et d’un secteur l’on trouve toujours des femmes et des hommes qui portent leurs convictions et leur énergie dans la construction à la fois de leur entreprise, mais également d’un écosystème au bénéfice du plus grand nombre. Nous avons choisi de vous présenter plusieurs d’entre eux qui, par leurs actions, portent haut les couleurs du numérique en Paca.
Ex-journaliste, Julie Davico-Pahin cofonde en 2016 Ombrea, à Aix-en-Provence, spécialiste des ombrières photovoltaïques connectées installées au-dessus de cultures de plein champ. D’une idée imaginée avec son père agriculteur, Christian Davico, après une catastrophe naturelle dramatique pour sa production, elle a fait une start-up d’une cinquantaine de collaborateurs (avec une volonté de parité affichée !), engrange les levées de fonds et déploie ses solutions dans des vignobles, des exploitations maraîchères ou horticoles. « Nos systèmes protègent les cultures des événements météorologiques violents et s’adaptent au réchauffement climatique. On pilote le climat pour aider les agriculteurs à reprendre la maîtrise de leurs cultures et augmenter leurs rendements !» dit-elle.
En 2021, Ombrea a fait partie des 20 lauréats de l’Etat pour la French Tech Green. Elle avait déjà conclu un partenariat avec Total Quadran qui intègre ses technologies pour un « agrivoltaïsme dynamique » et la Société du Canal de Provence avec laquelle elle a créé une société commune, Agriteos, pour une agriculture durable. La jeune femme, même pas trentenaire, a intégré également comme présidente déléguée le bureau de la French Tech Aix-Marseille !
Président de la French Tech Aix-Marseille, le fondateur de GoJob, agence d’intérim 100 % digitale créée en 2015 à Aix-en-Provence, est un multi-entrepreneur (Ismap, Miyowa, Let-it…), en France et aux Etats-Unis, à la fibre sociale. Il n’hésite pas, par son franc-parler, à bousculer les idées reçues pour favoriser l’émergence d’un nouveau modèle de travail qu’il juge fondamental pour l’épanouissement, la confiance personnelle et la reconnaissance en s’affranchissant d’un CDI perçu comme « inégalitaire ». Auteur de « 10 jours pour hacker le travail » en 2020, il est aussi un optimiste résolu qui rappelle que Google ou Facebook ont émergé durant des crises. AMFT a édité un « livre blanc des métiers en start-ups » pour montrer que chacun peut croire en sa chance et la prendre dans la situation actuelle, convaincu qu’elle va être un « accélérateur de solutions d’avenir ». GoJob montre l’exemple en intervenant pour plus de 900 entreprises : pour 2023, l’entreprise affiche l’objectif d’atteindre le milliard d’euros de chiffre d’affaires !
En juillet 2019, il affichait son ambition pour la « Grande école du numérique », La Plateforme, inaugurée à Marseille, pour former comme « codeurs » des personnes sans qualification, des demandeurs d’emploi, motivés, sans pré requis de diplôme, dont la formation est financée, mais aussi des salariés, des ingénieurs en « intelligence artificielle ». Cyril Zimmermann (cofondateur avec le Top 20 des entreprises d’Aix-Marseille) recherchait des « profils inhabituels » et voulait du concret et du mélange, entre les uns et les autres, pour que tous les talents puissent s’exprimer.
Deux ans après, fermement ancrée sur sa stratégie d’inclusion sociale et de diversité et forte de l’appui de grandes entreprises (NGE, Synchrone, Crédit Agricole Alpes Provence, SNEF, Richardson, Foselev…) récemment rejointes par Amazon, La Plateforme accueille cette rentrée 2021 quelque 350 étudiants en « web coding », cybersécurité et IA. Elle vise les 3 000 élèves par an en 2026. Un projet de « campus urbain » de 25 000 m2 est dans les tuyaux dans le périmètre du projet Euroméditerranée et une levée de fonds a été réalisée pour développer l’alternance.
Cofondateur avec Frédéric Chevalier et Richard Caillat du groupe HighCo, concepteur de solutions de communication et de marketing pour la distribution généraliste et spécialisée, il conduit comme président du directoire la transition numérique des activités. En 2020, le digital a tiré 67,3 % de la marge brute du groupe de 600 collaborateurs, basé à Aix-en-Provence, et le mouvement va s’accentuer, 10 millions d’euros devant être investis sur trois ans pour de nouvelles offres 100 % numériques. HighCo crée des start-up, jugées plus « agiles », pour mener la mutation, « HighCo Nifty » doit, par exemple, aboutir à un « coupon de réduction mobile universel » totalement dématérialisé dans sa diffusion et son traitement. « Nous voulons devenir le leader français du coupon intelligent », assure-t-il, une autre start-up, HighCo Capital Data, se chargeant de son côté de dématérialiser les prospectus publicitaires. Une manière d’accélérer les modes de consommation de demain.
En juin 2022, les Marseillais et les touristes du monde entier pourront s’émerveiller devant les dessins préhistoriques de la grotte Cosquer, découverte en 1991 dans les calanques à 37 mètres de fond. Avec son associé Stéphane Kyles, Romain Senatore (à gauche sur la photo) aura contribué à les leur révéler puisque leur société, basée depuis 2012 à Aix-en-Provence, a contribué, via une plateforme web 3D, à modéliser sa reconstitution dans l’ex-Villa Méditerranée, près du Vieux-Port. Un investissement porté par le groupe Kléber Rossillon. Mais ces spécialistes de la réalité virtuelle et augmentée qui ont débuté avec la Fondation Vasarely ne s’en tiennent pas aux projets culturels : leur société enregistre une forte progression dans la reconstitution 3D de scènes de crime pour la justice avec sa solution « Crim3.0 » développée aux côtés du Laboratoire d’Analyses Criminalistiques de Marseille. Elle permet de visualiser le lieu à 360° en y intégrant tous les éléments d’enquête. Soucieux d’éviter les dérives dans le domaine, Romain Senatore s’emploie à définir une méthode qui serait actée, à terme, par une norme Iso. L’entreprise œuvre aussi dans la construction et l’industrie.
Avec Biotech Dental, Philippe Veran relève plus de la santé que du numérique même si la conception d’implants dentaires implique des technologies digitales de pointe. Mais avec son associé Bruno Thévenet dans le groupe Upperside (133 millions d’euros, plus de 1 000 collaborateurs), il investit dans une multitude de sociétés où le numérique tient toujours une place. A l’image de Poly-Shape, start-up dont ils ont fait l’un des leaders de l’impression 3D avant de la revendre à Michelin, Racer qui connecte de plus en plus ses gants et équipements pour la moto, le vélo ou l’équitation, ou aujourd’hui Smilers qui aligne les dentitions grâce à des gouttières invisibles produites en fabrication additive plastique à Salon-de-Provence. Philippe Veran va doter en 2022 Smilers d’une usine de 3 500 mètres carrés pour 15 millions d’euros, toujours à Salon, tout en travaillant étroitement avec dentistes et orthodontistes sur des outils de numérisation de leur activité. « Notre production sera 100% Origine France Garantie » assure-t-il, fervent promoteur d’une industrie 4.0 « à la française » qu’il veut conquérante jusqu’aux Etats-Unis où Biotech Dental s’est positionnée.
En acceptant en 2020 de succéder à André Jeannerot, président historique de Medinsoft qui regroupe depuis 2003 les éditeurs de logiciels et de solutions digitales, Stéphanie Ragu devait aussi remobiliser une structure ébranlée par la perte en 2018 de la gestion de la French Tech Aix-Marseille. Se qualifiant de « femme du numérique » avec fierté dans un secteur qui doit encore s’améliorer en termes de parité, la cofondatrice et présidente de Lauralba Conseil (ESN de conseil en ressources IT basée à Aix-en-Provence) montre avec son équipe que l’association reste un pivot d’expertises. La crise sanitaire lui a donné l’occasion d’encourager la transition numérique des filières qui tardent à s’y mettre tout en adaptant ses propres pratiques chez Lauralba. Medinsoft a lancé en 2021 « MyMedinjob », un moteur de centralisation des offres d’emploi disséminées sur plusieurs plateformes, qui complète son traditionnel forum Medinjob, pour rapprocher étudiants, diplômés et entreprises. Son autre combat qui n’a rien d’un paradoxe : la lutte contre la pollution numérique !
A l’origine en 2007 de Calinda Software, accompagné dans ses premiers pas d’entrepreneur par Marseille Innovation, sur le Technopôle de Château Gombert, Alexandre Mermod a parié en 2014 avec son associé Sébastien Bassompierre sur les attraits de la signature électronique intelligente au moment où les utilisateurs étaient rares. Sell&Sign est née. Croulant sous les sollicitations dès les premiers jours de la crise sanitaire, le dirigeant a recruté, parfois en visioconférence, afin d’y répondre et a très vite dépassé le millier de clients.
Forcément, ce type de croissance éveille les curiosités et élargit les perspectives. La société préparait une expansion dans un nouveau bâtiment à Gardanne, quittant son berceau marseillais, et tablait sur 30 à 40 % de progression cette année. Au printemps 2021, l’éditeur parisien de logiciels de gestion de contenus sensibles Oodrive a racheté Sell&Sign et sa solution pour construire en combinant leurs complémentarités de clientèle et de technologies, « un acteur européen significatif » dans les trois ans dans un domaine où le potentiel de croissance est encore loin d’être atteint.
MailinBlack naît en 2003, à un moment où la généralisation ininterrompue des mails engendre un besoin d’une solution « antispams » sécurisée et fiable. Directeur général depuis 2019, Thomas Kerjean a contribué à lever 14 millions d’euros pour développer le leader français de la cybersécurité dans le secteur privé et public (plus de 10 000 clients). Ce Marseillais de naissance, ancien d’Accenture, puis de Microsoft France, spécialiste du cloud et de l’IA, continue de peaufiner avec ses équipes des solutions de « dépollution des messageries » qui protègent autant les entreprises que les humains, par exemple contre le phishing ou le hacking, afin de construire un acteur européen. Mais soucieux d’œuvrer aussi à l’expansion du territoire, il s’implique dans l’écosystème, notamment comme secrétaire général d’Aix-Marseille French Tech, et dans le groupement d’entreprises Hexatrust, spécialistes du cloud computing et de la cybersécurité.
Identifier en toute sécurité
Repreneur d’une société spécialisée dans l’identification sans contact (RFID, NFC, Bluetooth) et l’internet des objets pour le contrôle d’accès, la sécurité et la traçabilité, Vincent Dupart a réussi avec ses équipes et ses innovations à doubler son chiffre d’affaires en cinq ans, au point qu’il a dû rajouter plus de 1 000 mètres carrés au siège de Gréasque (Bouches-du-Rhône). Les solutions de STiD équipent les grands groupes français de banques-assurances, des collectivités, des hôpitaux… Pour l’industrie 4.0, la PME a lancé une nouvelle gamme conçue en France de lecteurs RFID multi-antennes, Spectre, pour l’identification et la gestion d’actifs. « Nous voulons imaginer des solutions différenciantes toujours plus instinctives et ergonomiques pour faire rayonner la France à l’international » promet-il. Ce sera le cas, dès le mois prochain, puisque la PME de 70 collaborateurs fournit en solutions sécurisées l'exposition universelle à Dubaï.