[Tribune] L’entreprise plateforme : nouveau nexus des révolutions numérique, éthique et environnementale

Largement initiée avant la crise, l’évolution vers le modèle de l’entreprise plateforme s’est accélérée ces derniers mois. L’acuité de cette tribune de Jean-Claude Lamoureux, Directeur Exécutif de Sopra Steria Next, écrite il y a un an, a donc été encore renforcée par la crise.

Jean-Claude Lamoureux, Directeur Exécutif de Sopra Steria Next

Face aux nouvelles contraintes de marché, la stratégie d’entreprise plateforme s’apparente en effet à un levier de résilience majeur.

Nous vous proposons donc une tribune écrite il y a un an, mais dont l’acuité a été encore renforcée par la crise.

Son auteur, Jean-Claude Lamoureux, Directeur Exécutif de Sopra Steria Next souligne que « La crise a conduit les entreprises à s’inscrire à la fois dans un objectif de résilience court terme et dans l’anticipation du monde d’après. L’entreprise plateforme constitue une réponse efficace face à l’urgence mais apporte également un cadre cohérent pour une évolution stratégique de long terme ». Cette tribune explore une nouvelle conception de l’entreprise qui ne pourra prendre corps qu’en engageant des transformations profondes.

L’entreprise plateforme : nouveau nexus des révolutions numérique, éthique et environnementale

A la croisée des révolutions numérique et environnementale, les organisations vivent un moment clé. Il devient indispensable pour leurs dirigeants d’intégrer deux notions clés dans leur vision : la place croissante des services dans leur proposition de valeur et les questions d’éthique, de confiance et de responsabilité devenues prééminentes dans l’opinion publique.

Le règne des services préfigure celui des écosystèmes

Toutes les entreprises, y compris industrielles, doivent fournir des produits ou des services de plus en plus innovants. Mais elles doivent surtout servir la promesse qu’elles font à leurs clients en complétant leur offre de base et en s’appuyant sur d’autres secteurs économiques. Là où les produits étaient le fait d’une filière très structurée, les chaînes de valeur traversent maintenant les industries. C’est donc le périmètre et la nature même de l’écosystème de l’entreprise qui mue, nécessitant d’imaginer de nouveaux modes de coopération. 

Cette prédominance des services pose alors la question de la désintermédiation. Qui peut se contenter de fabriquer un produit, si la valeur et la promesse client résident dans les services qui y sont adjoints ? Les GAFA et autres entreprises exponentielles comme Uber, en ont apporté la preuve : en devenant les intermédiaires parfaits entre le client et le produit d’autres entreprises, elles ont capté une part considérable de la valeur grâce à leur promesse client très différente de celle des entreprises traditionnelles. 

Leur « mission », pensée différemment, leur a donné un avantage significatif. Devenir une entreprise plateforme permet à une grande entreprise qui n’est pas née dans le numérique de s’adapter à cette réalité.

Partager un sens nouveau

En France, la promulgation de la loi Pacte en 2019 a inscrit clairement l’importance d’une telle mission pour caractériser le champ d’action des entreprises. Elle permet de dessiner une stratégie de long terme répondant aux préoccupations environnementales et sociales de leurs clients et de leurs collaborateurs. Elle guide également la définition d’une promesse client et d’une promesse collaborateur qui soient alignées avec ces préoccupations.

La mission donne le sens de l’action à toute l’entreprise ainsi qu’à ses partenaires. Il est d’autant plus important de le partager clairement ce sens dans les entreprises que celles-ci deviennent plus « organiques », en abaissant le centre de gravité des décisions et en favorisant l’autonomie des équipes. Le changement du rapport au travail et à la vie professionnelle, l’intégration des millenials dans les entreprises et la nécessité d’engager dans le mouvement les meilleurs talents et de les fidéliser, rendent ce partage de sens essentiel tant pour les collaborateurs, les partenaires que pour les actionnaires.

Capitaliser sur l’existant pour devenir une entreprise plateforme

La transformation vers l’entreprise plateforme ne part bien évidemment pas d’une feuille blanche. Les organisations doivent capitaliser sur leurs initiatives de transformation en cours, qu’elles soient technologiques ou métiers, pour mieux incarner opérationnellement leur intention stratégique. Ce travail est prioritaire sur les projets centrés sur l’expérience client et la relation collaborateur, car il rétroagit fortement sur la culture d’entreprise et met sous tension l’intégralité de l’organisation. 

C’est également dans cette logique, que l’entreprise doit repenser le rôle spécifique de sa DSI et de sa plateforme technologique sous-jacente dans cette évolution structurante. Le SI doit en effet prendre en compte l’imbrication de plus en plus forte entre IT et métier et la coopération croissante avec l’écosystème étendu de l’entreprise. 

C’est bien une telle approche globale que les dirigeants doivent prendre en considération dans les mois et années à venir quand ils évoquent la transformation digitale de leur entreprise. Aujourd’hui, les grands mouvements qui s’opèrent dans l’IT, tels que le Cloud, la maîtrise de la data ou encore l’APIsation facilitent la mise en œuvre des nouveaux paradigmes organisationnels qui accompagneront la transformation vers l’entreprise plateforme. Il est alors indispensable de s’assurer de la cohérence et du sens de ces initiatives : la stratégie d’entreprise plateforme s’impose alors comme cadre de cette démarche.

Retrouvez la vision de Sopra Steria Next et celles de grands dirigeants européens dans leur ouvrage de référence : « Entreprise plateforme : retour à la stratégie »