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Comment les entreprises s’approprient l’IA en Nouvelle-Aquitaine ?

Comment les entreprises sapproprient lIA en Nouvelle-Aquitaine

La transformation digitale des entreprises était au menu d’une soirée-débat organisée à Bordeaux, le 2 juillet, par Alliancy en partenariat avec ServiceNow. Mais, très vite, les échanges se sont focalisés sur l’intelligence artificielle, l’IA générative en particulier. En la matière, en Nouvelle-Aquitaine, des entreprises testent et s’interrogent. Une quinzaine d’entreprises ont partagé leurs expériences.

C’était une première à Bordeaux ! Une quinzaine d’entreprises locales ont participé à un soirée-débat organisée par Alliancy en partenariat avec ServiceNow pour un échange sur leurs pratiques en matière de transformation numérique. Une transformation jugée capitale pour la plupart d’entre-elles. « Si nous ne sommes pas scalables, alors nous ne pourrons pas réussir à devenir un éditeur mondial », témoigne Elena Poincet, PDG et co-fondatrice de Tehtris, une ETI en forte croissance et fleuron tricolore dans le domaine de la cybersécurité. Pour autant, les degrés d’investissement ne sont pas les mêmes selon les structures. « Pour des entreprises de taille équivalente, il peut y avoir 2 personnes à s’occuper de la data ou 250 », reconnait Jean-Noël Olivier, directeur général du numérique et des systèmes d’information de Bordeaux Métropole. De fait, les degrés de maturité sur le digital ne sont pas les mêmes. Quand c’est une évidence pour une entreprise de services du numérique, un spécialiste du e-commerce comme Cdiscount ou une banque en ligne telle que Floa, ça l’est en revanche beaucoup moins pour un acteur du bois contreplaqué comme le Groupe Thebault, davantage confronté à une problématique d’acceptabilité par les équipes. Chacun y va donc à son rythme. Si le groupe Groupe Thebault a mis en place la dématérialisation des bulletins il y a deux ans, Geosat fait le choix de performer sur nos outils avant d’imaginer un ERP. Mais pour beaucoup déjà, l’intelligence artificielle arrive en pole position des préoccupations. Floa utilise l’IA notamment pour de la gestion de fraude. De son côté, Cheops Technology, spécialiste des infrastructures informatiques sécurisées, explique être revenu à un standard pour pouvoir intégrer de l’IA. « Nous devons en effet être certains de la qualité de la donnée et de l’implémentation des processus. Si effectivement la donnée n’est pas fiable et que le processus n’est pas complet, l’IA ne pourra apporter de valeur ajoutée », explique Xavier Antoine, responsable du système d’information chez Cheops dans une interview à Alliancy. « Il faut que tout soit bien normé pour que l’IA soit performante, et c’est ce que nous faisons avec notre plateforme » abonde Elena Poincet.

Enquête spéciale ETI – La transformation au cœur des régions

Le CHU de Bordeaux, gros employeur dans la région, déjà confronté à une problématique  d’interopérabilité voit aussi dans l’IA une chance pour le secteur public. « Dans le monde de la santé, l’IA permettrait de redonner de la valeur aux compétences humaines alors que nous manquons cruellement de moyens humains. Nous en avons besoin pour gagner du temps, en l’occurrence pour redonner du temps aux médecins, aux soignants, à tous les professionnels de santé en enlevant les irritants du quotidien et raccourcir les activités chronophages devant les écrans. L’IA est aussi un outil formidable pour atteindre l’excellence en santé. Mais par où commencer ? Dans quoi investir ? Si nous voulons, par exemple, introduire de l’IA dans la détection de fracture et que nous raisonnons financièrement, est-ce que le fait d’acheter une IA va faire venir plus de patients ? La réponse est non. Pour autant, si nous voulons que nos professionnels de santé nous rejoignent parce que nous sommes un établissement moderne et pour faire diminuer le risque d’erreurs pour le patient, alors il faut acquérir la technologie. Nous sommes dans un paradoxe, et c’est une véritable décision d’investissement. C’est pour cela que le CHU de Bordeaux met en place ce type d’IA », explique Sébastien Florek, DSI au CHU de Bordeaux.

L’IA générative est testée

Mais très vite, c’est l’IA générative qui a focalisé toute l’attention. Et pour cause, le sujet va très vite, et cela s’explique : « Elle a été mise entre les mains du consommateur directement. Cest la force », analyse Elena Poincet. « Selon l’Université de Bordeaux, 30 à 40 % des étudiants achètent pour 20 à 30 dollars par mois d’IA générative, c’est délirant, c’est comme un abonnement mobile », rapporte Jean-Noël Olivier. L’entreprise y est, elle-même, très vite confrontée. « Jusqu’à présent, les collaborateurs faisaient remonter les besoins au niveau de lentreprise mais pour la première fois, sur ce sujet de l’IA générative, nous avons en parallèle les Comex et tous les départements de l’entreprise qui arrivent avec leurs cas d’usage », assure Rémi Trento, vice-président et directeur général de ServiceNow qui précise qu’en matière d’IA générative, l’Allemagne est allée très vite. « Ils projettent une telle pénurie de compétences dans l’entreprise que s’ils ne sont pas capables d’automatiser énormément de tâches, ils ne seront potentiellement plus compétitifs. Nous sommes loin des enjeux de la bureautique, c’est presque devenu vital ».

Ainsi, à Cestas, l’entreprise Lectra, spécialiste des technologies de découpe de matériaux souples, qui utilise déjà l’IA dans ses solutions depuis des années, avance désormais sur l’IA générative.

Elle réalise des tests pour augmenter l’efficience de ses développeurs software. Elle expérimente également l’IA générative sur la partie support de niveau 1 dans ses « expertise centers ». « Le principe est d’aider nos experts à donner les bonnes réponses grâce à toute une documentation qui aura été prédigérée par l’IA générative. Nous ferons un retour d’expérience fin juillet sur cette expérimentation pour un déploiement en septembre », explique Laurence Jacquot, directrice customer success chez Lectra. L’objectif ? « Pouvoir répondre plus rapidement aux clients. Pour nos métiers, c’est automatiser les réponses à faible valeur ajoutée et, par ricochet, aider nos experts à aller vers plus d’expertise et de valeur ajoutée. »

A ce stade, l’IA générative est envisagée pour une utilisation principalement en interne. « L’IA, dans le cadre de la supervision des infrastructures de nos clients, va nous permettre d’identifier les causes potentielles d’un dysfonctionnement. Elle va nous assister dans la hiérarchisation et l’analyse des informations, ce qui, grâce à l’IA générative, nous permettra d’expliquer plus simplement les problèmes et de faire des retours d’expérience à nos clients avec des données consolidées. En analysant nos données, l’IA pourra également nous indiquer le moment opportun pour renforcer nos infrastructures, par exemple », explique Xavier Antoine pour Cheops.

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En phase de test-and-larn également en matière d’IA, Tiphaine Bichot, co-dirigeante d’Athome Solution, détaille son expérience : « L’usage de l’IA dans le process de production est choisi et non subi. Individuellement, cela représente un gain en termes d’expérience pour les développeurs – on parle aujourd’hui de DX – une aide au développement si l’on veut, pour améliorer les pratiques de qualité du code par exemple. A ce stade, nous ne sommes pas capables de démontrer le gain collectif. Mais ce n’est pas grave. C’est le principe de la R&D. » De la même manière, des tests ont permis de démontrer que l’IA n’était pas efficace dans tous les domaines, pour le design d’interface notamment. « Les IA génératives permettent de créer de très bonnes images mais ne font pas le travail sur l’expérience utilisateur. En outre, leur usage pose trop de problèmes sur le volet du respect des droits de propriété intellectuelle, et nous choisissons donc de ne pas les utiliser », explique Tiphaine Bichot.

Encore beaucoup d’interrogations

Force est de constater, en tout cas, que l’IA générative suscite de l’intérêt et que les entreprises investissent. A titre d’exemple, Cheops a récemment recruté un directeur général délégué spécialisé dans l’IA. Mais dans le même temps, cette IA générative interroge. « Chez Floa, notre métier et nos processus intègrent déjà l’IA dans la gestion de la fraude, nos scores, la relation client. Et l’arrivée de l’IA générative est pour moi une technologie de rupture qui va nous amener à nous poser des questions structurantes : comment les métiers, que ce soit le légal, la RH, le marketing, les développeurs, les achats, la relation client, etc., vont-ils intégrer l’IA dans leur quotidien ? La création de valeur, les coûts, la formation ? Quelles seront les solutions qui nous permettront d’accompagner nos clients et marchands vers une consommation moins carbonée, ce qui était difficile à proposer jusqu’à présent ? », s’interroge José Saloio, directeur général de Floa.

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