Les chiffres de la dernière étude de BCG / CO2 AI sont accablants : seulement 9% des entreprises sont capables de mesurer leur empreinte environnementale et 11% parviennent à réduire leurs émissions en accord avec leurs promesses. L’IA leur permettra-t-elle de renverser la vapeur ?
Pour la quatrième année, le Boston Consulting Group et le cabinet CO2 AI ont mené une large enquête auprès des entreprises à l’échelle mondiale. Les 1 864 répondants dans 26 pays et 16 industries appartiennent aux entreprises qui représentent 43% des émissions carbone de la planète. Alors qu’on pouvait attendre à une mobilisation des grandes entreprises pour donner suite aux accords de Paris de 2015 et des COP qui ont suivi, la vérité est tout autre. « Si on s’intéresse à la mesure des scopes 1, 2 et 3, au sens du protocole GHG (Greenhouse Gas Protocol), nous avons constaté une stagnation. » explique Diana Dimitrova, Managing Director and Partner au BCG X. « Pour la définition d’objectifs sur ces 3 scopes, nous avons même noté un recul. Plus important encore, nous avons constaté que seulement 11% des entreprises ont réduit leurs émissions en ligne avec leurs ambitions, soit le niveau de 2021… »
Un projet de transformation colossal
Si le BCG met en avant les gains apportés aux entreprises par leurs efforts de décarbonation, celles-ci peinent toujours à mettre en place les fonctions de base d’une stratégie de développement durable que sont la mesure, le reporting et la définition des objectifs à atteindre. « Pour une entreprise, réduire son empreinte carbone de -30% à -50% sur une période de 10 ans représente une transformation massive, explique Charlotte Degot, Fondatrice et CEO de CO2 AI. Si on demande à un CEO de réduire ses coûts dans de telles proportions et dans un tel délai, alors il passera dans un mode de management totalement différent et transformera son entreprise en conséquence. » Ce qui n’est manifestement pas le cas lorsqu’il s’agit de réduire leurs émissions carbone. Dans l’évaluation menée par Charlotte Degot sur l’impact de ces mesures de base, celles-ci permettent déjà d’obtenir des gains significatifs. Mais, surtout, une fois ces trois briques de base en place, cela ouvre la voie à des actions beaucoup plus significatives pour l’entreprise et pour l’environnement.
33% des entreprises tirent des bénéfices significatifs de l’IA
« Les actions avancées sont plus intéressantes et les facteurs multiplicatifs de performance sont bien plus élevés que pour les actions de base. Les entreprises qui mettent en place un plan de transition ont 3 fois plus de chance d’obtenir des avantages significatifs en matière de décarbonation. Enfin, passer de la limitation des émissions carbone, au niveau corporate, à celui du produit lui-même, peut faire espérer des gains d’un facteur 4. » Pour la consultante, c’est l’IA qui va apporter le facteur de performance le plus élevé. « 33% des entreprises qui utilisent déjà l’IA en tirent des bénéfices significatifs de leurs stratégies de développement durable, contre seulement 7% pour celles qui n’ont pas encore mis en œuvre l’IA. » Pour Charlotte Degot, l’impact de l’IA est le plus significatif dans la mesure des émissions grâce à l’automatisation des étapes de collecte de données. De même, elle intervient sur le volet Reporting avec le traitement de gros volumes de données et ses capacités prédictives sont utiles dans la planification, l’établissement de prévision des émissions. Ce rôle croissant de l’IA pose néanmoins la question de l’impact énergétique et environnemental de l’IA elle-même.
En 2024, les chiffres liés à la maturité des stratégies de développement durable des entreprises sont à la baisse au niveau mondial. Elles ne parviennent toujours pas à mesurer leurs émissions sur les scopes 1, 2 et 3, ni même se doter d’objectifs à atteindre.
Charlotte Degot, Fondatrice et CEO de CO2 AI.
« Le premier challenge porte sur la mesure de l’impact environnemental. C’est là où tout commence, c’est la fondation et c‘est pourtant loin d’être simple pour les grandes organisations. L’IA générative permet d’accroître le niveau de précision et de fiabilité de ce process.
La seconde étape est l’aligner les organisations. Le développement durable est une transformation majeure dans la manière dont les entreprises fonctionnent. Il faut aligner les équipes opérationnelles sur un objectif plus large, cascader tous les plans d’action jusqu’au niveau des d’opérationnels.
Enfin, il faut supporter une décarbonation à l’échelle. Rien n’est possible si on n’embarque pas l’ensemble de l’écosystème et de la Supply Chain dans cette démarche. »