Dans la Tech, la marque employeur est un enjeu fort pour tout le monde ! Et à plus forte raison pour les géants américains et chinois, qui doivent composer avec un certain nombre de préjugés, globalement positifs pour les premiers et négatifs pour les seconds. Les fantasmes ne sont pas les mêmes lorsqu’on s’appelle Facebook ou Huawei – et les conditions géopolitiques actuelles ne plaident pas en faveur de la Chine.
Le dernier classement de L’Etudiant des grandes entreprises préférées des étudiants et jeunes diplômés place sur le podium Danone, L’Oréal et Google pour les jeunes issus d’écoles d’ingénieurs et de commerce. Pour les jeunes qui sortent d’universités et de BTS, Google est en tête, suivi de Décathlon et d’Apple. A mesure qu’on déroule ce classement, on ne trouve en revanche aucune entreprise chinoise…
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Et quand on essaie de les interroger, ces acteurs de la Tech établis en France ne se montrent pas bavards sur le sujet. A tel point que certaines valorisent leurs filiales pour se déclarer de Singapour, plutôt que de Chine. Une façon de « régler » le problème.
La marque realme (fabricant de smartphones) s’est distinguée en début d’année en entrant dans le top 5 des smartphones les plus expédiés vers la France, avec une croissance à 3 chiffres qui menace ses concurrents Wiko et Huawei.
Entretien avec Francis Wong, ex-CMO Europe et Inde de l’entreprise, qui vient à 30 ans d’être nommé CEO de realme Europe, marque créée en 2018.
Quels sont les principaux défis de realme en Europe ?
Francis Wong. realme se classe aujourd’hui sixième parmi les marques mondiales de smartphones, avec 100 millions d’expéditions de smartphones à fin 2021. Nous avons pénétré 61 marchés dans le monde et sommes entrés dans le top 4 des marques de smartphones en Europe, avec une croissance annuelle de 177 % au premier trimestre 2022.
realme cible le marché des jeunes à qui l’on a fait beaucoup de promesses, sans vraiment les tenir. Nous voulons changer la donne, avec des modèles comme le GT NEO 3 Naruto Edition (ndlr non commercialisé en France), le GT NEO 3T Dragon Ball Z Edition et le GT 2 Pro et son design Paper Tech Master. Mon objectif est de conduire la marque plus loin vers la première position. Je prévois de le faire de plusieurs manières, notamment en exploitant les canaux de distribution traditionnels et en ligne et en démocratisant la technologie 5G pour les jeunes avides de technologie. Au cours des cinq prochaines années, j’espère faire de realme la marque leader sur le « Tech Lifestyle » en Europe.
Quels sont les obstacles que vous vous êtes donné pour mission de faire disparaître : concurrence, image de marque, tarification, réglementation… ?
Francis Wong. L’Europe est un marché très mature, haut de gamme et très concurrentiel : c’est toujours un défi, mais nous pensons qu’il y a de la place pour un acteur de plus. La passion de la jeune génération en Europe pour la technologie nous a fortement inspirés en 2021.
Précédemment CMO, j’espère pouvoir tirer parti de ma capacité à comprendre les utilisateurs pour renforcer notre marque. Le marché mondial de la téléphonie mobile connaît une période de ralentissement sous l’influence de l’inflation et des épidémies. En visant les jeunes générations, nous ne ciblons aucun concurrent spécifiquement : Nous faisons figure d’outsider dans l’industrie mobile nous sommes prêts à relever tous les défis, dont celui d’une future concurrence. Pour mémoire, realme a lancé le téléphone portable 5G le moins cher en Europe.
Comment sont organisés vos recrutements en Europe ?
Francis Wong. realme a des bureaux dans chaque pays où nous opérons, avec des employés locaux (pour plus de 90% des équipes), du marketing à la communication, en passant par les RH et les ventes, qui connaissent vraiment le marché et la culture spécifique de chaque région.
En Europe, notre équipe actuelle se concentre sur les cinq principaux marchés que sont l’Allemagne, la France, l’Espagne, l’Italie et la Pologne. Nous nous sommes concentrés sur le recrutement de profils dynamiques et passionnés qui aiment nos produits et l’idée de faire en sorte que la technologie change des vies.
L’entreprise est toujours à la recherche de nouveaux talents et nous publions régulièrement de nouvelles offres d’emploi en fonction de nos besoins. Comme vous le savez, la concurrence pour recruter des talents et surtout les retenir n’a jamais été aussi rude.
Pensez-vous que les marques doivent marqueter leurs recrutements ?
Francis Wong. Le développement de la marque employeur est un élément très important de notre culture d’entreprise. Dès le début, nous avons mis en place des valeurs et des missions claires qui reflètent la vision de l’entreprise. C’est ce qui nous guide au quotidien, y compris les nouveaux employés. Chez realme, nous nous efforçons également de donner aux jeunes la possibilité de nourrir leurs talents en leur offrant un système flexible, pour soutenir et développer leur créativité et leurs idées.
L’âge moyen des employés de realme n’est que de 29 ans. Ils rejoignent realme pour « construire une marque pour les jeunes ». Ces jeunes employés sont à la fois les créateurs et les partisans de realme. C’est aussi leur soutien qui nous aide à croître. Depuis les débuts de realme, Sky Li, le fondateur et PDG de l’entreprise, a souhaité faire entrer la nouvelle génération dans l’industrie des smartphones. Personnellement, je suis devenu CMO avant mes 30 ans, et maintenant que j’approche des 32 ans, je suis devenu PDG de realme Europe.
La philosophie « Dare to Leap » de realme s’étend à sa culture d’entreprise interne. Avec une main-d’œuvre jeune, les employés de realme croient fermement en l’entreprise et ont une réelle compréhension du marché qu’ils desservent. Cette conviction est récompensée par une culture d’entreprise et une organisation horizontale, qui permettent aux employés de prendre des risques et de prendre leurs propres décisions.
En matière de communication pure, nous croyons que le marketing de nos employés est aussi un bon moyen de promouvoir l’entreprise et sa culture. Tous les employés ne sont pas à l’aise à l’idée d’être mis sur le devant de la scène, mais nous aimons donner à nos équipes la possibilité de partager leur parcours, chaque fois que nous le pouvons. On ne sait jamais qui peut s’identifier et être inspiré par votre histoire…