Erfane Arwani (Nanocloud) : « Transférer les logiciels dans le cloud, c’est avant tout économiser »

La start-up parisienne Nanocloud a levé 2 millions d’euros l’an dernier. Créée il y a seulement un an par Erfane Arwani, elle transforme une application classique en solution web que l’on peut – éditeur ou entreprise – administrer comme une solution SaaS native.

Erfane-Arwani-Nanocloud-article

Erfane Arwani, Cofondateur de Nanocloud

Vincent Lorphelin. Nanocloud, comme son nom le suggère, permet aux entreprises de transférer leurs logiciels dans le cloud. Après quatre ans de R&D, Nanocloud a été créée début 2015, pour effectuer une levée de fonds immédiate de 2 millions d’euros. Juste pour démarrer, pouvez-vous nous rappeler ce qu’est le cloud ?

Erfane Arwani. Le cloud, peut-être par l’exemple, c’est tout simplement le passage du stockage de vos photos de votre ordinateur, chez vous, au stockage dans le cloud. Le cloud vous permet d’accéder à vos photos depuis n’importe quel device, votre tablette, votre smartphone, sans vous poser la question de la sécurisation de vos données.

Vincent Lorphelin. Pour le smartphone ou l’iPad, on comprend que l’on n’ait pas le choix. Mais pour l’entreprise, quel est l’avantage de transférer des logiciels dans le cloud ?

Erfane Arwani. Pour l’entreprise, transférer les logiciels dans le cloud, c’est avant tout réaliser des économies. Passer dans le cloud, cela permet d’avoir moins d’informaticiens pour traiter les problématiques d’infrastructure et de maintenance qui ne sont souvent pas le coeur de métier de l’entreprise.

Vincent Lorphelin. Ca permet aussi, avec ce qu’on a vu du cas des photos, d’accéder avec plusieurs écrans au même contenu. Est-ce que le cloud permet aussi d’avoir des compatibilités entre les différents systèmes ?

Erfane Arwani. Tout à fait. Aujourd’hui, une application dite traditionnelle, on y accède depuis son poste, et c’est souvent un poste PC. La demande des collaborateurs et des clients, c’est de pouvoir y accéder depuis tous les autres devices. C’est-à-dire, par exemple, depuis un Mac, une tablette ou un smartphone. Ce que le cloud rend possible immédiatement.

Vincent Lorphelin. Y-a-t-il une demande de la part des clients pour des usages particuliers grâce au cloud ?

Erfane Arwani. Oui. La demande vient de l’interne comme de l’externe. Et en interne, c’est principalement le BYOD (Bring Your Own Device). On le voit tout simplement sur ce marché : 80 milliards de dépenses l’année dernière, pour de l’achat d’ordinateurs et de tablettes choisis par l’employé. En 2020, on se dirige vers 240 milliards.
Clairement, ce que veulent les collaborateurs comme les clients, c’est de pouvoir utiliser leur propre matériel, leur propre système d’exploitation, avec lesquels ils se sentent bien, pour utiliser les logiciels de l’entreprise.

Vincent Lorphelin. Quel est le risque pour l’entreprise, en termes de propriété, ou de sécurité des données, lorsqu’on externalise finalement une grande partie de son informatique ?

Erfane Arwani. Le risque est le même que pour les autres activités qu’on externalise. C’est surtout un souci de confidentialité et de sécurité. C’est pour ça que le principal travail du DSI va être finalement de bien choisir le fournisseur, pour avoir une réponse exhaustive à ces deux problématiques : la sécurité et la confidentialité.

Vincent Lorphelin. On comprend que le cloud puisse donner des avantages, en termes de souplesse, de flexibilité, de facilité d’usage pour la part des clients ou en interne. Mais, est-ce qu’il y a des conséquences en termes de productivité ?

Erfane Arwani. Oui. Des conséquences totalement positives, finalement. Et une première conséquence c’est que l’on aura moins de serveurs en interne et ils seront mieux utilisés dans le cloud. La deuxième conséquence, c’est qu’on aura moins d’équipes dédiées à l’infrastructure. Et donc, on pourra transférer cette « non-dépense », ou cette économie, vers la profitabilité dans le coeur de métier.

Vincent Lorphelin. Quand on a une entreprise qui a délocalisé ses logiciels, il n’y a plus de logiciel à vendre. C’est une mauvaise nouvelle pour les éditeurs ! Comment est-ce qu’ils réagissent ? Je pense à Microsoft par exemple.

Erfane Arwani. Les éditeurs réagissent de deux façons. Soit effectivement, ils sont assez imposants, comme Microsoft, et ils peuvent se permettre de redévelopper sur cinq à dix ans leurs applications. Soit, ils sont un peu plus petits, et c’est la majorité. Ils cherchent des solutions un peu plus immédiates et moins risquées. Et, donc, ils vont faire appel à des sociétés comme Nanocloud, par exemple, pour transformer leurs applications dites traditionnelles en véritables solutions cloud.

Vincent Lorphelin. Alors, bien sûr, sur le smartphone, sur les Ipad, il y a une notion de téléchargements d’applis. Donc, il y a bien un équilibre à trouver entre le online et le offline. Il est où cet équilibre ?

Erfane Arwani. Cet équilibre se cherche actuellement. Il est vrai que, au départ des smartphones, les accès Internet étaient de faible capacité. Et donc, on a privilégié le offline. Maintenant, qu’on est arrivé à la 4G, et ce à peu près partout, que ce soit dans les foyers ou dans les entreprises, on a des gros accès. La fibre optique en est un bon exemple. Finalement, le online est peut-être la meilleure solution. Cela nécessite moins de support, et nécessite moins de travail pour les différents devices. On maîtrise un environnement, et c’est valable pour tous les devices.

Vincent Lorphelin. Ce qu’il faut retenir finalement, c’est que la migration vers le cloud est un mouvement qui est enclenché, dont les enjeux sont importants. Qu’il donne davantage de souplesse, davantage de flexibilité, davantage de sécurité, et éventuellement davantage de productivité, et finalement des coûts pour l’entreprise qui baissent.