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Eric Morand, Business France : « Pour le CES 2016, on est attendu au tournant »

L’agence nationale Business France, emmènera 22 start-up françaises au CES de Las Vegas qui se déroulera du 6 au 9 janvier 2016. Eric Morand, chef du département Tech et Services, revient sur la préparation du salon qui rassemblera 190 jeunes pousses françaises, faisant ainsi de la France la deuxième délégation derrière les Etats-Unis.

Eric Morand, chef du département Tech et Services de Business France. © BSM INTERNATIONAL COMMUNICATION

Eric Morand, chef du département Tech et Services de Business France. © BSM INTERNATIONAL COMMUNICATION

Avez-vous déjà été au CES ?

C’est la troisième fois que Business France y emmène des entreprises mais pour moi c’est une première. J’y ai participé l’année dernière mais en coulisses. J’ai travaillé sur des petits détails, j’ai pas mal guidé les ministres… J’ai l’impression d’y avoir été pour de vrai ! Cette année, j’emmène des start-up sur l’Eureka Park (ndlr, un espace qui accueille une grande partie de la French Tech). J’ai préparé le CES avec deux collaborateurs et mon adjoint mais une fois sur place nous allons aussi nous appuyer sur notre équipe locale.

Quel bilan tirez-vous de l’édition 2015 ?

Il est très positif. En 2015, on était en ordre de bataille, les start-up étaient accompagnées par différents acteurs : des institutions comme Business France, des métropoles ou de pôles de compétitivité. Il y a eu beaucoup de buzz médiatique avec 120 retombées presse, même s’il y en a eu moins en France en raison des attentats. Yahoo a même désigné la France comme le grand vainqueur du CES 2015 ! C’est super pour nous car ce salon a la particularité de donner le « la » au niveau technologique et c’est pratiquement un salon qui prépare le Noël suivant. De son côté, Business France a emmené des entreprises qui ont cartonné. Ça nous a permis de faire une synthèse de nos deux métiers : amener des start-up à l’étranger et mettre en avant notre attractivité auprès les investisseurs étrangers.

Comment appréhendez-vous cette année ?

Pour 2016, on est attendu au tournant après le succès de l’année passée mais ça se présente bien. En 2015, 70 start-up françaises étaient installées dans l’Eureka Park. En 2016 ce sera 128 ! De plus, 17 entreprises françaises ont été primées aux CES Awards contre 6 l’an dernier. C’est clairement un gage de qualité et c’est très encourageant pour le salon. Les 22 start-up que nous emmenons auront, comme toutes les jeunes entreprises, chacune un stand de 9 m² avec le logo French Tech dans l’Eureka Park. Mais elles seront bien situées car nous avons de bonnes relations avec les organisateurs. Par exemple, nous avons réussi à négocier un design plus original.

Plus de 400 start-up seront présentes sur le salon. Comment vont se démarquer vos 22 pépites ?

Nous les avons mieux préparées par rapport à 2015. Nous leur avons proposé différents coachings. Un coaching « marketing » qui leur a appris à mieux présenter leurs produits aux visiteurs internationaux sous la forme d’un pitch d’une minute. Nous avons aussi mis en place un coaching « médias » pour bien aborder les journalistes car beaucoup de start-up au CES ne cherchent pas uniquement à vendre. La majorité d’entre-elles n’ont pas encore commercialisé leurs produits.

Au final, toutes ces entreprises cherchent un mix de plusieurs choses : sortir du lot, faire le buzz pour pouvoir lever des fonds, trouver des clients mais surtout se faire repérer par des distributeurs. C’est un salon grand public où des acteurs comme la Fnac, Darty et leurs homologues étrangers sont présents. C’est pourquoi nous avons créé un coaching « distributeurs ». On s’est d’ailleurs allié avec le groupe Innov8 (ndlr, distributeur français de produits télécoms et objets connectés) et ses boutiques Lick pour objets connectés. L’équipe Lick du centre commercial les 4 Temps à La Défense a assuré ce training en distribution. Enfin, nous avons travaillé avec la direction des douanes en France qui a une équipe dédiée aux objets connectés. Les douaniers ont donné des conseils aux start-up pour éviter les blocages lors des exportations car les objets connectés ne rentrent dans aucune catégorie de la nomenclature douanière.

Selon vous, quelle tendance va se dégager cette année ?

Les objets connectés ! L’Internet des Objets est la renaissance de l’économie française suite à la disparition de géants comme Thomson. Mais maintenant les objets connectés sont subdivisés en catégories : maison intelligente, loisirs ou encore au bien-être. Par exemple, Business France est très fier de pouvoir présenter Romy Paris, un « assistant de beauté » qui permet de fabriquer des capsules de crème en fonction des besoins de sa peau, du niveau de pollution et de la saison. C’est la Nespresso du cosmétique ! Pour la première fois, nous emmenons des start-up issues du monde de la voiture connectée : France Craft, un véhicule personnalisable et évolutif à l’infini, et Drust, qui a conçu un adaptateur qui se branche sur la prise mécano des voitures pour optimiser la consommation d’essence.

Si le CES devait s’exporter, où souhaiteriez-vous qu’il soit organisé ?

En France bien sûr ! Emmanuel Macron fait beaucoup de lobbying auprès de Gary Shapiro (ndlr, le président du salon) pour organiser un CES ici. On a déjà gagné le CES Unveiled qui commence à avoir de l’allure mais ce n’est pas le CES. En France, on a pas mal d’évènements dans les objets connectés…peut-être trop ! Il faudrait les fédérer car on est source d’innovation. Comparé à nos voisins européens, la concurrence est faible dans ce secteur, nous n’avons donc pas à rougir. Si le CES devait se dérouler en Europe, ça me ferait mal que ce ne soit pas en France.

 

>> A lire : l’agenda d’Emmanuel Macron au CES Las Vegas 2016