L’accélération de la transition énergétique représente aujourd’hui un enjeu majeur pour les entreprises. Le numérique émettant plus de CO2 que le secteur de l’aérien, les directions des systèmes d’information se doivent d’impulser le changement. Pour calculer leur bilan environnemental, les entreprises ont besoin de compétences techniques dont elles ne disposent pas nécessairement. Voici les premières étapes à sécuriser pour amorcer un projet de numérique responsable. Amina Ladjici-Paturel, Senior Manager chez TNP, nous livre son analyse.
Effectuer un état des lieux
Pour définir une stratégie numérique responsable, il convient, dans un premier temps, de délimiter le périmètre d’action en se posant les bonnes questions : est-ce que l’audit du numérique responsable inclut uniquement le domaine de la direction des systèmes d’information ou bien toutes les activités numériques comme le marketing digital par exemple ? Faut-il également prendre en compte les déplacements des collaborateurs entre leur domicile et leur travail ou encore la consommation énergétique des bâtiments de la DSI ?
Pour comprendre et analyser les impacts environnementaux induits par les activités digitales, il faut prendre en considération la totalité des usages permis par les équipements. L’objectif est de dresser un inventaire complet, qui reflète l’intégralité des émissions générées par les activités digitales. C’est une étape fondamentale à verrouiller, car elle constitue la base de travail qui permettra ensuite d’orchestrer la phase de collecte de données à bon escient.
Gérer efficacement la collecte de données
La collecte de données représente la seconde étape de l’audit. Elle a pour but de recenser les bonnes informations auprès des interlocuteurs identifiés lors de l’état des lieux. Le sujet du numérique responsable étant relativement récent, le processus de collecte des données reste à définir. Pour que la collecte de données soit efficace, il faut faire en sorte que les processus soient clairs, simples et accessibles pour les collaborateurs. Il est indispensable d’être en mesure de leur fournir une méthodologie précise et de leur communiquer l’objectif des demandes adressées. Cela permettra non seulement de sensibiliser les interlocuteurs aux enjeux du numérique, mais également de maximiser leur implication dans le projet.
Avant même de rencontrer les collaborateurs qui participent au processus de collecte de données, il faudra établir au préalable une check-list qui spécifie le type de données attendues, son historique, son hébergement, et toute autre information pertinente. S’il existe des référentiels antérieurs, ils constitueront une base concrète sur laquelle s’appuyer. Cette préparation a vocation à faciliter et fluidifier la démarche pour toutes les parties prenantes. Le processus de collecte des données est chronophage ce qui peut avoir un impact sur les délais du projet. Il se fait généralement en plusieurs étapes. Il conviendra donc d’informer les interlocuteurs en amont de l’éventualité d’être à nouveau sollicité pour des précisions. La phase d’analyse des données permet de révéler les éventuelles lacunes dans la donnée collectée, pour cela, elle doit être conduite en parallèle de la collecte afin de pouvoir effectuer les ajustements nécessaires.
Instaurer un système vertueux qui engendre des données fiables
Lors de la première collecte de données, il est courant de se retrouver confronté à différents obstacles. La donnée peut par exemple être inexistante, peu fiable ou encore incomplète. Il existe trois types de données : les données primaires sont issues directement des données physiques. Elles sont les plus fiables, car elles sont spécifiquement collectées pour analyser un phénomène particulier. Si l’on prend l’exemple du transport logistique, une donnée primaire est la quantité de carburant. Les données secondaires sont statistiques, elles peuvent être issues de la base de données de l’ADEME par exemple. Ce sont des informations qui ont déjà été collectées et qui sont disponibles à l’utilisation. Enfin, les données tertiaires sont des ratios monétaires, elles sont bien moins fiables, mais elles permettent toutefois de proposer une première estimation. S’il est préférable de s’appuyer sur des données physiques qui sont les plus pertinentes, il est néanmoins tout à fait possible d’avoir recours à des estimations dans le cadre de la mesure du bilan environnemental d’une entreprise. Lors du premier exercice de mesure, il est courant d’utiliser principalement des données secondaires et tertiaires. Cependant, au fil du temps, la qualité des données s’améliore, car le processus de collecte mis en place fonctionne et permet de générer des données physiques.
C’est en mesurant les impacts environnementaux du numérique au sein de l’entreprise que l’on va pouvoir mettre en œuvre des protocoles efficaces pour évoluer vers une démarche numérique responsable. Cela demande de fournir un effort collectif et déclencher une réelle prise de conscience au sein des équipes. Pour cela, la sensibilisation des collaborateurs sur ces sujets est un facteur clé de réussite.