Le risque de ne pouvoir garantir l’exploitation sur le long terme des ressources numériques – capital immatériel pour de nombreuses entreprises – devient patent.
En novembre 2013, le Crédoc (Centre de recherche pour l’étude et l’observation des conditions de vie) publiait un rapport sur la diffusion des TIC dans la société française. Dans ce document, on découvre que 78 % de la population est équipée à la fois d’un téléphone fixe et d’un abonnement à Internet à domicile. De plus, 83 % des personnes interrogées disposent d’un ordinateur à domicile. Concernant la sphère professionnelle, 54 % des actifs disposent d’un accès à Internet et 50 % l’utilisent au bureau à des fins personnelles. Les résultats de ce rapport sont encourageants dans une « société de l’information et des connaissances », pour laquelle il est attendu des citoyens et des actifs une réelle compétence numérique, impliquant l’usage sûr et raisonné des TIC au travail, dans les loisirs et la communication. Or, les pratiques et les usages massifs de l’ordinateur et d’Internet dans la sphère privée ne répondent pas – loin s’en faut – à ces compétences numériques, plus-values sociétales que les entreprises seraient susceptibles d’exploiter pour améliorer l’efficacité et la compétitivité de ses services en matière de traitement et de diffusion de l’information.
Multiplication des formats informatiques
Les habiletés techniques que les individus parviennent à acquérir et développer par l’usage personnel intensif d’outils de production et de diffusion de contenus numériques font courir des risques importants à l’entreprise. Non seulement en termes de sécurité (outils en réseau), mais, plus généralement, de gestion de l’information numérique (accessibilité).
La banalisation de la production de ressources numériques de toutes natures (texte, image, audio, vidéo) au moyen d’une grande diversité d’équipements informatiques (ordinateur portable, tablette, smartphone, PDA…) a eu pour conséquence de libérer la multiplication des formats informatiques structurant les contenus numériques. La porosité de la frontière séparant sphères privée/professionnelle en matière de TIC a accéléré la propagation de ce phénomène en pénétrant les échanges numériques de/vers l’entreprise. Compte tenu de l’innovation systématique de l’offre logicielle (à laquelle chacun succombe très vite dans le cadre d’une utilisation personnelle) et de la rapide obsolescence des formats de fichiers informatiques, le risque de ne pouvoir garantir l’exploitation sur le long terme des ressources numériques – capital immatériel pour de nombreuses entreprises – devient alors patent. La solution, qui viserait à contrôler les usages numériques en matière de production de contenus, en restreignant les outils techniques (et donc les formats de documents) mis à la disposition des collaborateurs de l’entreprise, ne serait guère satisfaisante. Elle viendrait limiter la performance de ces derniers dans leur activité professionnelle, empêchant les habiletés numériques acquises dans la sphère privée de s’exprimer. Une autre solution, plus cohérente avec l’évolution du Web, consiste à accompagner la production des contenus numériques primaires, de données descriptives (métadonnées) exprimées en un formalisme XML (langage de description ouvert) qui garantiront alors la pérennité de leur lecture.
Photo : D.R – A. Chambon/SIA
Cet article est extrait du n°7 d’Alliancy, le mag