Révolution réglementaire, transparence, traçabilité… Réunis au Palais Brongniart de Paris à l’occasion de l’événement l’AM Tech Day, plusieurs acteurs de la finance ont échangé sur les contraintes actuelles liées aux critères ESG, en prenant l’angle particulier des données que les entreprises doivent se procurer et des critères pour choisir le bon « provider data ».
“La data ESG était longtemps une donnée sympathique, elle est devenue importante et stratégique”, lance Sylvain Lambert, associé développement durable au sein du réseau PWC France et Maghreb, à l’occasion de la rencontre AM Tech Day qui s’est tenu le 4 octobre dernier. Dans un contexte de prise de conscience globale sur ces sujets, les critères ESG (Environnement, Social, Gouvernance), sont désormais au centre des préoccupations des autorités… et donc des acteurs de la finance. “Il y a une révolution majeure, un tsunami réglementaire. Les régulateurs veulent faire en sorte que ces data ESG soient contrôlées de la même manière que la data financière, assure Sylvain Lambert. On en est très loin, constate-t-il. La data ESG est de qualité moyenne. Il existe encore des données « estimées ». Il faut que les providers de données aient une réflexion profonde sur la nature et la façon de les produire”.
Transparence, prix, traçabilité
Ces prestataires d’un genre particulier sont en effet chargés par les entreprises de récolter les données, de les rendre lisibles et accessibles afin d’avoir une vision claire des performances associées. Différents critères peuvent être pris en compte pour le choix du bon data provider. « Quand on parle de data ESG, il faut calibrer son besoin quand il bouge et quand le réglementaire bouge. Il faut également embarquer le besoin de son client”, explique Nicolas Demont, DG d’Egamo, une société de gestion. Sa société a retenu quatre critères pour choisir le bon data provider : la qualité de la donnée, la profondeur de la donnée, les modalités techniques et enfin le prix. “C’est couteux. Le prix compte pour 40% de la note globale », met-il notamment en garde.
“Ma conviction est qu’il faut maîtriser la donnée, répond Léa Dunand Chatellet, Gérante et Directrice du pole Investissement Responsable chez DNCA Finance. Avant toute chose, le meilleur provider de donnée c’est l’entreprise elle-même. Pour répondre à la réglementation qui s’accélère et qui nous demande de publier de nombreux reporting, on veut utiliser une analyse basée uniquement sur une donnée d’entreprise traçable. C’est fondamental que nous sachions comment est construite la donnée. Il nous faut donc des équipes dédiées en interne pour rentrer ces données traçables et nous appuyer sur un provider capable de les tracer”. De son côté, Olivier Wibo, product manager sustainable finance solutions chez Bloomberg, qui rentre dans la catégorie de ces data providers, appuie ces propos : “La transparence est nécessaire et obligatoire”.
E avant S
Au cœur de ce “tsunami réglementaire” des critères ESG au niveau mondial, et particulièrement en Europe, une autre réalité s’impose : l’environnement arrive avant le social. “Il y a d’abord l’aspect climatique puis ensuite la biodiversité. La taxonomie environnementale sera complète d’ici deux ans. S’ajoutera ensuite seulement le volet social”, indique Sylvain Lambert. La commission européenne veut également mettre en place une transparence grâce à la SFDR (Sustainable Finance Disclosure Regulation). : “Qu’on le veuille ou non, le régulateur dira si un actif est responsable ou non », conclut Associé développement durable PWC France et Maghreb. Aux entreprises de la finance de s’adapter en s’appuyant sur les bonnes données.