L’équipementier automobile Forvia, ex-Faurecia, a créé de zéro un data office en janvier 2020. Une initiative lancée par le Comex, qui a aussi désigné des data owners dans chacun des domaines métiers.
Faurecia est devenu Forvia. L’équipementier français a acquis un autre industriel, Hella, ce qui lui a permis de se hisser au rang de 7e acteur mondial de son secteur. L’entreprise emploie désormais 150.000 personnes réparties dans une quarantaine de pays.
Forvia revendique par ailleurs équiper plus de deux voitures sur trois avec ses technologies. Et pour alimenter encore sa croissance, mais aussi réduire ses coûts, l’équipementier mise sur le digital et la Data.
Du data lake à la data plateforme pour tous
Dans le domaine des données, Forvia fait remonter le début de sa transformation, “un peu timide”, à 2017 au travers de la création d’un data lake. Son utilisation était cependant réservée à des “happy few”, expliquait Caroline Connan lors du Hubday Data & AI.
Professionnelle du métier et non de l’IT, Caroline Connan a pris la direction du nouveau Data Office de l’entreprise en janvier 2020. Une fonction et un service mis en place pour accompagner le déploiement d’une “véritable data plateforme”.
Cette réalisation est le fruit de la volonté du Comex, comme le souligne la CDO. Et en janvier 2020, l’industriel part donc d’une feuille blanche : “Le data office partait de rien. Aucun budget, aucune équipe, aucun réseau”.
C’est donc le “tone of the top”, c’est-à-dire le sponsoring direct du Comex, qui a permis à cette direction de la Data de se concrétiser et de déployer une organisation à l’échelle de l’entreprise.
Début 2020, le Data Office se composait de trois membres. En fin d’année, il en comptait 18. En termes d’organisation, Forvia, assez classiquement, a opté pour un modèle combinant centralisation et décentralisation.
Une communauté data de 50 personnes
En central, la CDO s’appuie sur une équipe comprenant des profils indispensables. Parmi ceux-ci, un data quality manager. La “qualité est clé pour générer une adoption sur la plateforme”, rappelle Caroline Connan.
Le Data Office comprend également un data architecte “pour connecter tous les systèmes source et assurer que la data qu’on ingère est la bonne et est validée par le business”. Un software quality auditor intervient en outre afin d’auditer les projets tout au long de leur cycle de vie.
Enfin, l’entreprise dispose des compétences de data ingénieurs. Ces experts sont cependant arrivés “plus tard”. A présent, Forvia dispose d’une équipe de 15 personnes dédiée au data engineering.
A ces ressources centralisées s’ajoutent d’autres collaborateurs, permettant de constituer une communauté data dans l’entreprise d’une cinquantaine de personnes. Au niveau des domaines métiers, dix au total au sein de Forvia dont les RH, deux fonctions sont critiques.
La première est celle de data owner. Chaque domaine compte un data owner nommé par un membre du comex. Cette responsabilité data s’ajoute à d’autres missions business. Le data owner a pour objectifs d’identifier et constituer les golden sources et de mettre en place des contrôles qualité.
Data owners et data managers dans les métiers
Les data owners sont secondés par des data managers. Ce sont eux qui accéderont directement à la data plateforme. Ils sont aussi en interaction avec les data ingénieurs afin de tester, valider, amender les développements. Ils conçoivent enfin les contrôles qualité.
“Pour chaque domaine, un data ingénieur va créer dans la data plateforme la single source of truth”, précise la CDO. Ces sources de vérité, des jeux de données, sont validées par le business et utilisées par tous au sein de l’entreprise.
Dans ce domaine aussi, la sponsoring de la direction a été moteur. “Les membres du comex ont défini et validé cette organisation”, déclare la chief data officer. Une autre entité du groupe est cependant stratégique : l’IT.
L’IT était ainsi indispensable pour mettre en place une data plateforme destinée à l’ensemble des collaborateurs pour concevoir des analyses et des tableaux de bord. “Sans une collaboration très forte entre l’IT et le business, cela ne peut pas fonctionner”, insiste Caroline Connan.
Métiers et IT collaborent pour déterminer les nouveaux jeux de données à injecter dans la plateforme. Intervient aussi le DPO de Forvia, qui garantit qu’aucune donnée personnelle n’est ingérée. Cette collaboration vise en outre à sélectionner les data sets offrant une opportunité de capitalisation à l’échelon du groupe.
Moins de deux ans après le début de la stratégie Data, l’équipementier estime disposer dans sa plateforme de la moitié des données de référence. Ces jeux de données sont accessibles depuis un catalogue de données – intégrant un moteur de recherche.
“En disposant d’une cartographie de nos données, continuellement mise à jour par le réseau de gouvernance des données, nous gagnerons du temps sur la conception et la mise en œuvre des cas d’utilisation”, ambitionne la CDO.