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[Edito] La France doit choisir stratégiquement ses innovations

La France doit choisir stratégiquement ses innovationsLes États-Unis, la Chine, le Japon et la Corée du Sud dominent les classements de l’innovation. Dans une note récente, le think tank La Fabrique de l’industrie a observé à la loupe douze domaines technologiques à travers les brevets déposés par chaque pays. Si la France n’arrive jamais à se hisser parmi les quatre premiers, elle reste dans le top 10 mondial, tenant à peu près son rang de 7e économie de la planète, mais avec quelques particularités.

D’une part, alors qu’ailleurs l’innovation est avant tout portée par les entreprises, les laboratoires publics et les universités dominent le paysage français. Un point fort qui est aussi une faiblesse, car la transmission de connaissances entre laboratoires publics et entreprises n’est pas suffisante.

Surtout, la France reste un « généraliste » de l’innovation, sans axe de spécialisation, contrairement au Japon ou à la Corée du Sud par exemple. « Sans doute retrouve-t-on ici l’héritage historique d’une France gaullienne ne voulant dépendre de personne, mais s’essoufflant aujourd’hui dans un contexte de mondialisation et de multiplication des technologies : on ne peut plus ambitionner d’être bon partout », souligne Denis Ranque, président de l’Académie des technologies, en ouverture de l’analyse.

En la matière, les opportunités offertes par les transformations numériques et environnementales sont claires. C’est aussi ce qu’a souhaité démontrer Alliancy en organisant ses Trophées.

Les six lauréats des Trophées Alliancy pour un numérique porteur de sens, sélectionnés par un jury d’une quarantaine de professionnels, ont en commun d’être sur la piste pour un passage à l’échelle ambitieux. Les catégories « Confiance », « Impact environnemental » et « Inclusion » montrent que l’innovation numérique peut fédérer largement et changer le monde, à condition de s’en donner les moyens. Mieux, le jury a souhaité mettre en avant le travail d’entreprises de taille intermédiaire et d’alliances de grands groupes. En la matière, l’analyse de la Fabrique de l’Industrie interpelle d’ailleurs : elle souligne que si certaines start-up peuvent se distinguer, au niveau mondial ce sont bien les grandes organisations qui figurent « comme les pourvoyeuses leaders d’innovations de rupture, dans tous les domaines et dans tous les pays ». Autrement dit, la France ne peut pas être qu’une « Start-up Nation » réussie, même si ce dynamisme engagé depuis le milieu des années 2010 est utile.

Hasard du calendrier, le 11 décembre également, le président Emmanuel Macron était à Toulouse pour un premier bilan du plan France 2030 consacré à l’innovation technologique et industrielle. Au-delà du satisfecit sur les 25 milliards d’euros déjà engagés dans 3 200 projets, son discours a mis en avant sept défis majeurs à relever dans l’Hexagone : la décarbonation (avec un accent sur le stockage d’énergies et le « nucléaire innovant »), l’hydrogène, la capture de carbone, la cartographie des métaux critiques, les biomédicaments, les microcomposants permettant des traitements massifs par l’IA, et « l’aventure spatiale ».

Chacun de ces thèmes est effectivement porteur en soi, même si parfois le sujet d’âpres débats idéologiques, mais en souhaitant les traiter tous de front, la France ne risque-t-elle pas de rater les tournants qu’elle veut anticiper ? Une Europe s’appuyant sur des champions nationaux ayant choisi leurs combats ne serait-elle pas une bien meilleure innovatrice généraliste ?

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