Qu’est-ce qui motive les développeurs à rejoindre le secteur public ? Diplômé de l’Institut universitaire de technologie (IUT) de Valence où il a obtenu une licence professionnelle des métiers de l’informatique en 2016, Romain Carlo (29 ans) est développeur au sein de la DSI de France Travail depuis 7 ans. Remplir une mission de service public en aidant des chômeurs à retrouver un emploi tout en continuant à enrichir sa palette de compétences fait partie des attraits de sa mission. Un travail rythmé par des chantiers de longue haleine structurants et le recours à une large palette de technologies.
« Pour préparer le monde de demain, le secteur public sait-il séduire les développeurs ? »
réalisée en amont de l’édition 2025 du Master Dev France, dont Alliancy est partenaire. Vous souhaitez témoigner de votre expérience sur la question ?
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Comment avez-vous été recruté par France Travail ?
J’ai obtenu ma licence professionnelle des métiers de l’informatique en 2016 à l’Institut universitaire de technologie (IUT) de Valence. Puis j’ai fait mon alternance au sein du service IT de la préfecture de la Drôme. J’étais le seul développeur et je m’y sentais isolé. Je voulais découvrir le développement à l’échelle et intégrer une équipe dans une grosse structure. A la sortie des études, j’étais un peu perdu à dire vrai. Je me suis alors tourné vers France Travail pour cadrer ma recherche d’emploi. C’est ma conseillère de l’époque qui m’a appris qu’ils recherchaient eux-mêmes des développeurs. C’est ainsi que je suis rentré chez France Travail.
Votre recrutement s’est bouclé rapidement ?
En à peu près un mois. J’avais l’impression que c’était un peu exceptionnel car, en général, dans le milieu du développement, les gens bougent et les délais de préavis sont plutôt de trois mois. En décembre 2017, j’ai intégré une équipe chargée d’un projet déjà en cours qui tournait autour du « profil de compétences ». Il s’agit de l’interface où les demandeurs d’emploi saisissent diplômes, compétences, langues parlées, permis de conduire, etc. Chez France Travail, le respect des délais constitue un des principaux enjeux opérationnels. C’est un point important pour déployer les projets de loi relatifs aux services que nous apportons au public. Il nous faut être au rendez-vous et respecter des dates butoirs strictes.
Qu’est-ce qui vous a le plus motivé pour prendre ce poste ?
Faire partie d’une équipe et travailler dans une grosse structure, c’était mon premier critère. Ensuite, il y avait aussi de ma part une exigence éthique. C’était sans doute un peu inconscient de ma part mais c’est bien le cas en y réfléchissant rétrospectivement. Il y avait bien des entreprises où je ne voulais pas bosser. Mais je n’avais pas forcément mis des mots exacts là-dessus à l’époque, c’était plus de l’ordre du ressenti.
En quoi consiste votre travail aujourd’hui ?
Je travaille en Pizza Team selon la méthode agile Scrum. Nous sommes 5 à 6 développeurs, avec un à deux product owners (PO) en fonction de la charge et un ingénieur de test automaticien (ITA). Le PO formalise la demande émise par les métiers en « user stories » et nous créons le code correspondant à la fonctionnalité à livrer.
Actuellement, dans le sillage de la loi pour le plein emploi, nous avons dû concevoir des applications pour que missions locales et conseillers départementaux conseillers départementaux aient un outil leur permettant de mieux gérer les parcours de différents publics grâce à un renforcement de la coopération avec les acteurs du réseau pour l’emploi. Comme j’exerce aussi des responsabilités sur le versant cybersécurité, j’en profite pour challenger les équipes sur ce point et vérifier l’absence de failles préjudiciables dans ce que nous développons.
Depuis mon arrivée, j’ai travaillé sur trois grands projets de longue durée. Par exemple j’ai participé pendant deux ans à un projet de réécriture d’une application codée à l’origine en Cobol. Une technologie IBM assez coûteuse par ailleurs. Juste avant, c’était le chantier « profil de compétences » et là je suis sur le nouveau portail pour les missions locales et les conseillers départementaux.
Cette méthode agile, vous la connaissiez déjà ou vous l’avez apprise chez France Travail ?
Je l’ai apprise chez France Travail, comme plein d’autres choses. C’est un reproche que je pourrais faire à ma formation, même si je suis aussi là grâce à l’enseignement reçu. Il existe un vrai gap entre la formation et l’environnement professionnel du développement. Depuis que je suis arrivé à France Travail, j’ai bénéficié de nombreuses formations, qui m’ont permis d’évoluer dans mon métier. Pour parler un peu technos, au début, j’étais sur un projet spécifiquement Angular, donc du front-end. Aujourd’hui, je fais du front-end, du back-end, de l’opérationnel, des livraisons, de la cybersécurité.
Qu’est-ce qui vous a poussé à rester ?
Il y a cet aspect diversité des projets. A titre personnel, il y a aussi l’intérêt de découvrir des technologies et de progresser sur plan professionnel. Par exemple, l’application qui était en Cobol nous l’avons réécrite avec un full stack Java Angular avec du framework Spring. Cette démarche m’intéressait et c’est une des raisons pour lesquelles je me suis porté volontaire.
Développez-vous à l’aide de l’intelligence artificielle ?
Nous avons intégré ces outils. Personnellement, je m’en sers assez peu. Pour faire du code à France Travail, il faut assurer une maintenabilité sur des périodes assez longues. Il faut savoir produire des applications propres (« clean code ») et pérennes.
Si vous deviez convaincre un développeur fraîchement diplômé de rejoindre France Travail, que lui diriez-vous ?
Si je ne suis pas conseiller, j’ai néanmoins contribué à ce que les gens retrouvent un emploi. Donc, c’est un peu une fierté personnelle. Nous disposons d’un environnement permettant d’évoluer sur le plan professionnel. Personnellement, j’ai énormément gagné en compétences depuis mon arrivée. Pour un développeur, c’est essentiel. C’est important qu’il y ait un équilibre entre les besoins technologiques de l’entreprise et l’attractivité de ces technologies car elles génèreront un engouement plus ou moins fort auprès des développeurs appelés à s’en servir. On parle beaucoup à cet égard de developer experience (« DX2 »). Ce n’est pas le tout d’avoir la bonne technologie pour une tâche. Il faut aussi qu’elle soit intéressante à utiliser. Sinon cela devient aliénant pour le développeur.
La DSI de France Travail en quelques chiffres
- 1567 salariés
- 195 développeurs
- 130 postes ouverts en 2025 pour la DSI de France Travail
Projets / Domaines de programmes d’évolution du SI :
- SI Plateforme
- Mise en œuvre de la loi pour le plein emploi du 18 décembre 2023
- Valorisation data & exploitation des potentialités de l’IA – ChatFT – MatchFT
- Accompagnement des entreprises ; recrutement ; prospection ; compétences
- Accompagnement vers l’emploi ; parcours vers l’emploi – formation
- Fonctions supports : Académie France Travail – SI Finances
- Projets techniques d’infrastructures et d’évolution de l’environnement de travail