Du 2 au 15 avril, l’association des Ingénieurs et Scientifique de France (IESF) organise la troisième édition de la « Journée Nationale de l’Ingénieur » dans une vingtaine de villes françaises. François Lureau, président de l’IESF, revient sur la place de l’ingénieur en France et ses défis face à la transformation numérique des entreprises.
Quel est l’objectif principal de cette troisième édition de la « Journée Nationale de l’Ingénieur » ?
François Lureau : Nous souhaitons promouvoir le métier d’ingénieur en France. Nous voulons montrer que les ingénieurs sont partout : dans les grandes entreprises, dans l’administration, dans les nouvelles technologies ou encore dans la recherche. Les témoignages qui seront partagés durant cette journée vont montrer qu’avec une formation d’ingénieur il est possible de faire beaucoup de choses ! C’est un statut qui recouvre un panel très large de métiers.
Nous souhaitons aussi faire passer un message auprès des politiques. Dans une période où l’économie est au plus bas, nous avons besoin des ingénieurs parce qu’ils ont une vision transversale globale et qu’ils sont là pour trouver des solutions viables à des problèmes nouveaux. L’ingénieur est un peu un architecte puisqu’il apporte à la fois des idées innovantes et des connaissances techniques.
Quelles sont vos missions à l’IESF ?
La première reste dans la continuité de ce que faisait mon prédécesseur, Julien Roitman, c’est-à-dire la promotion des métiers d’ingénieurs et scientifiques auprès des plus jeunes. Nous souhaitons toucher bien évidemment les lycéens et collégiens mais aussi les primaires. Nous cherchons également à promouvoir ces métiers par la formation initiale, donc au sein des écoles et des universités, mais aussi par la formation continue. Nous estimons d’ailleurs que les écoles doivent s’impliquer davantage dans la formation continue pour mettre à jour leurs connaissances et faire en sorte que cela donne lieu à des crédits ECTS reconnus. Nous tenons aussi à veiller à ce que le diplôme d’ingénieur soit à la bonne place, c’est-à-dire au niveau master. Enfin, nous menons des réflexions liés à la micro-économie ; nous travaillons sur la dimension sociétale du métier ainsi que son rapport à l’éthique surtout lorsque cela touche la biologie.
Les ingénieurs sont-ils à l’aise dans le monde numérique ?
Le secteur des TIC en France est le seul à subir une pénurie d’ingénieurs alors que nous en formons suffisamment tous les ans. Mais attention, ça ne veut pas dire que nos ingénieurs ne sont pas au fait des sujets liés au numérique. Les écoles font évoluer leurs enseignements dans ce sens. De plus en plus d’établissements proposent des Moocs, qui sont des bons vecteurs de connaissance. Cependant, il faut les utiliser efficacement et les faire reconnaître au niveau national et européen. Centrale Supélec dispensent désormais des cours sur le big data, et Polytechnique multiplient les sujets sur les technologies numériques. De toute façon, les écoles font leur programme en fonction des besoins des entreprises et aujourd’hui ces besoins sont évidemment numériques. Pour cela, les ingénieurs doivent désormais travailler en réseau, agile et rapide, car les produits doivent arriver toujours plus vite sur le marché. Et tout cela, sans négliger la qualité !