Deux ans après la première vague de labélisation French Tech, Rennes-Saint Malo a structuré son organisation. Accélérateur de start-up, évènements sur le digital, partenariats avec des grands groupes… Avec une particularité : la gestion de la métropole a été déléguée à un collectif d’entrepreneurs.
Dans la grande famille de la French Tech, Rennes-Saint-Malo fait figure d’exemple. En deux ans, la métropole bretonne a défini une gouvernance originale et lance des chantiers sur tous les fronts. Le dernier en date, et pas des moindres, est la Digital Tech Conference, qui a eu lieu le 2 décembre à l’Opéra de Rennes. Pour sa deuxième édition, cet évènement prospectiviste, a mis à l’honneur la vidéo et l’intelligence artificielle. Une vingtaine d’intervenants se sont succédé sur scène, dont François Pachet, directeur du Sony Computer Science Laboratory à Paris. Le scientifique a expliqué comment un ordinateur doté d’une intelligence artificielle a composé une musique de toute pièce en s’inspirant des Beatles. L’Américain John Smith, Senior Manager, Intelligent Information Systems d’IBM, a, quant à lui, raconté comment une IA a créé une bande annonce de film.
Les start-up avaient évidemment leur espace à la Digital Tech Conference. La French Tech Rennes-Saint-Malo n’est pas peu fière de ses pépites bretonnes. La multiplication des levées de fonds en est l’indicateur principal : 4 millions d’euros pour Digitaleo et sa plateforme de marketing destinée aux commerçants et aux enseignes de distribution, 1,7 million d’euros pour Mon p’ti voisinage et son réseau social de proximité, 5 millions d’euros pour Klaxoon et sa box interactive pour booster les réunions… La métropole bretonne est encore plus fière du Mabilay, son bâtiment Totem rennais étalé sur 2200 m². Au troisième étage, six jeunes pousses ont pris leurs quartiers dans un espace réservé, le « Startup Hotel ». Enfin, le Booster, un programme d’accélération de quatre mois qui accueille deux promotions par an, chacune composée d’une dizaine de porteurs de projets.
Un collectif à la tête de la French Tech Rennes Saint-Malo
Derrière ces dispositifs plutôt traditionnels pour une métropole labélisée French Tech, se cache une organisation atypique. Avant d’obtenir le label, l’écosystème numérique breton n’était pas bien structuré. « Il y avait beaucoup d’acteurs. Quand un porteur de projets voulait présenter une idée, il ne savait pas à quelle porte taper. La labélisation nous a permis de tout mettre à plat et d’alléger le paysage numérique », souligne Florent Vilbert, directeur marketing et communication de la French Tech Rennes-Saint-Malo. En effet, La Cantine Numérique rennaise, un lieu d’innovation créé sous le régime d’association, s’est tout simplement transformé en French Tech Rennes en mars 2015. Lors d’une assemblée générale, les membres ont changé le nom et mis à jour les statuts. La structure a fusionné avec Rennes Novosphère, un réseau de promotion de l’innovation, situé à deux pas de la Cantine. Les moyens humains et financiers ont aussi été rassemblés (400 000 euros de la Novosphère et 300 000 de La Cantine). Quelques semaines plus tard, Saint-Malo rejoint l’aventure et un directeur général, Stanislas Hinzy, est recruté. En septembre 2015, la French Tech Rennes-Saint-Malo est née.
L’autre particularité de la French Tech Rennes-Saint-Malo est sa gouvernance. Rennes Métropole a décidé de déléguer la gestion à un collectif de 11 entrepreneurs. Une initiative surprenante puisqu’elle avait investi plus de 5 millions d’euros dans le bâtiment Totem et qu’elle a versé une subvention de 600 000 euros la première année (500 000 euros les suivantes). Des financements qui ont d’ailleurs permis de monter une équipe de huit personnes à temps plein. « Donner son porte-monnaie à des entrepreneurs montre une confiance très forte de Rennes Métropole. La plupart des French Tech sont gérées par des institutions existantes », précise Florent Vilbert. Parmi les 11 « gérants », on retrouve des noms connus comme Jérôme Armbruster, le patron de la plateforme de recrutement RegionJobs. Tous les mois, ils se réunissent et donnent les directives. Au-dessus d’eux, le conseil de surveillance, qui se réunit une fois par trimestre, rassemble les financeurs (Rennes Métropole, Saint-Malo Agglomération et le Fonds social européen). En 2016, les fonds publics représentaient 67% du total investi. La French Tech Rennes-Saint-Malo espère réduire cette part à 50 % d’ici trois ans.
En 2017, le collectif et l’équipe permanente vont se concentrer sur la mesure des effets de la French Tech. « Nous avons une réflexion déjà bien avancée sur des KPI pour mesurer notamment la création d’emplois et pour définir des indicateurs de progrès et de développement de la métropole », avance Florent Vilbert. Des mesures qui pourraient donner des idées à d’autres labélisées.