Il y a dix-huit mois, le groupe japonais annonçait un programme d’investissement de 50 millions d’euros sur cinq ans en France. Créé dans la foulée sur le campus de Polytechnique, son Centre d’Excellence en IA multiplie les partenariats et devrait doubler ses effectifs dans les prochains mois.
Le 9 mars 2017, Fujitsu dévoilait un investissement de plus de 50 millions d’euros sur cinq ans en France afin de soutenir l’innovation. Au programme, le groupe annonçait notamment l’ouverture d’un Centre d’Excellence (CoE) en intelligence artificielle au sein de l’incubateur de l’Ecole Polytechnique (le Drahi X-Novation Center), situé au cœur de Paris-Saclay.
Dix-huit mois plus tard, tout avance très vite ! Début 2019, le CoE passera de 50 à près de 250 mètres carrés (les travaux d’extension sont en cours) et l’effectif devrait doubler courant du 1er trimestre. Il est aujourd’hui d’une quinzaine de personnes, dont 8 ingénieurs et datascientists.
Mais, d’ores et déjà, le groupe japonais va plus loin en augmentant sa puissance de calcul avec Nvidia. Ensemble, ils financent un « cluster » de processeurs graphiques dédiés à l’IA (quatre cartes GPU Volta 100 de Nvidia, dotées de 5 000 cœurs de calcul chacune, intégrées dans des serveurs Primergy de Fujitsu). Ce cluster est ouvert gratuitement aux 40 start-up de l’incubateur de l’X pour les aider à déployer plus rapidement leurs projets. « On amène ici une technologie qu’une start-up ne peut pas s’offrir… Pour l’instant, on va la présenter et voir comment ces jeunes pousses l’utilisent et on avisera pour la suite selon leur appétence. Avec les étudiants, ce seront des contacts d’échanges et de formation », précise Axel Mery, CTO de Fujitsu France et directeur du Centre d’excellence en IA et des solutions digitales pour l’Europe.
Les thématiques sur lesquelles planchent les équipes de Thierry Lefort, à la tête du Centre d’excellence de Fujitsu France, se situent principalement dans les domaines du machine learning, du deep learning et du Natural Language Processing, afin de résoudre des problèmes critiques rencontrés par les entreprises. Le CoE propose également des solutions dans l’IoT, le marketing digital ou la sécurité à destination des entreprises, plus spécialisées dans le retail-banking (en très forte accélération), l’industrie et la santé.
Intégré à tout l’écosystème d’innovation français
« Ici, on ne crée pas de nouveaux algorithmes ! Nous développons uniquement des solutions applicables dans le business au quotidien de nos clients, tient à préciser Benjamin Revcolevschi, directeur général de Fujitsu France depuis trois ans et demi. Aujourd’hui, nous voulons accélérer dans notre démarche d’investissements et de partenariats et être pragmatique, en nous connectant à tout l’écosystème. Il faut être conscient qu’il y a une très belle dynamique en France, illustrée par le mouvement French Tech ou l’incubateur Station F. »
Le groupe cherche ainsi à devenir l’un des leaders sur l’IA en France dans le BtoB ; sa contribution dans ce domaine portant autant sur les infrastructures que les services informatiques (dont les logiciels IA). Parmi les exemples sur lesquels il planche, Thierry Lefort raconte par exemple comment l’IA peut s’appliquer à la lutte contre la fraude aux lignes de caisse en libre-service.
Connectée à un petit PC (située derrière la caisse automatique) et à un système vidéo, l’application en cours de développement s’appuie sur la reconnaissance visuelle pour valider que l’article présenté au scanner correspond bien à son code-barres. Si ce n’est pas le cas, l’alerte est signifiée… Reste qu’il faut encore créer la base de données des produits (image, poids et code-barres) qui permettra à l’algorithme de fonctionner et de s’améliorer en permanence (réseaux de neurones). Le système, dont le ROI peut être très rapide vu le manque à gagner pour les retailers, sera testé in situ dans deux magasins d’une enseigne début 2019… Tout comme le suivi anonyme du comportement des clients dans les rayons ou encore le comptage des entrants dans un magasin.
Autre exemple dans l’industrie cette fois où Fujitsu travaille avec Siemens pour le contrôle des pâles d’éoliennes : « L’opération est passée de 4,5 heures à 45 minutes pour un technicien, qui n’a plus qu’à vérifier le diagnostic de la machine », explique Axel Mery. Enfin, dans la finance, le groupe participe au projet européen Finsec sur la sécurisation autour des distributeurs bancaires… Les algorithmes de Fujitsu s’appliquent ainsi à différents cas d’usage. Une trentaine de pilotes sont en cours aujourd’hui (de 50 000 euros pour un POC, à plusieurs millions d’euros si déploiement industriel).
En parallèle de son centre d’excellence, le groupe se félicite de l’avancée de ses partenariats de recherche, notamment avec Inria et Polytechnique. Depuis peu, ils se sont même élargis avec des universités en Suède et en Israël, et devraient l’être aussi avec des écoles de commerce ou Telecom ParisTech. Deuxième pôle d’excellence en IA pour le groupe, le CoE de Saclay ne s’intéresse déjà plus seulement à la France, mais bien à toute l’Europe et aux Etats-Unis.
Un partenariat gagnant-gagnant avec Inria
Avec Inria, le japonais Fujitsu, 3ème fournisseur mondial de services informatiques (40 milliards de dollars de chiffre d’affaires), a créé un laboratoire commun dans le domaine de l’IA et du traitement des données massives. Ensemble, les deux partenaires travaillent sur les méthodes d’analyse topologique des données (TDA), un domaine visant à comprendre et exploiter les structures topologiques et géométriques sous-jacentes aux données complexes et/ou de grande dimension et dans lequel Inria dispose d’une forte expertise (voir les travaux de Jean-Daniel Boissonnat, chercheur en géométrie algorithmique, pour son projet Gudhi/Geometry Understanding in Higher Dimension). Les résultats obtenus doivent être intégrés à la plateforme « Human Centric IA Zinrai » de Fujitsu et aux plateformes logicielles d’Inria.
Lire aussi sur Alliancy :