Google, Amazon, Facebook, Apple, Microsoft, Tesla, Tencent… Les géants de la tech mondiale sortent presque tous indemnes de la crise. L’entreprise de conseil Fabernovel a souhaité décrypter le succès des Gafam à travers son étude « Gafanomics Quarterly » et ainsi comprendre pourquoi leur modèle est si résilient en cette période tourmentée.
“Quasiment tous les géants de la tech sont dans le vert”
Mais une bande d’irréductibles résiste, voire prospère. Les géants de la tech ont largement bénéficié du confinement pour renforcer leur place dans notre vie quotidienne et c’est ce qui fait en partie le succès de leur modèle économique. Mis à part Uber et Lyft qui gagneraient à se diversifier, tous les autres géants ont maintenu leurs activités. Pour des raisons évidentes, les services de transport ont été sérieusement impactés mais le divertissement, le travail à distance, la livraison ou bien encore la communication ont été des secteurs plutôt profitables.
C’est d’ailleurs ce qu’illustre ce graphique tiré de l’étude de Fabernovel avec les légers décrochages de Uber et Lyft dernièrement. À l’inverse, ces quatre derniers mois, Google, Amazon, Facebook, Apple et Microsoft ont généré plus de 2 trillions de dollars. C’est assez pour recréer dès aujourd’hui un nouvel Apple et deux Facebook. Sans Microsoft, ces entreprises affichent une valorisation boursière trois fois plus importante que toutes les entreprises du CAC40 regroupées.
“Quasiment tous les géants de la tech sont dans le vert mis à part Uber et Lyft”, insiste Jérémy Taïeb, analyste financier chez Fabernovel. Les ventes ont connu certes une petite baisse mais bien loin de ce qu’avaient prédit les experts financiers. Les bénéfices ont eux été très bons, montrant encore une fois la capacité de résilience des géants de la tech face aux crises.
La recette du succès des mastodontes
Un des acteurs qui a sans doute largement bénéficié du confinement reste la plateforme de streaming musical Spotify, qui vient d’atteindre les 299 millions d’utilisateurs dans le monde. Le pure player a d’ailleurs décroché récemment de nouveaux partenariats pour renforcer son attractivité comme avec les célébrités Joe Rogan, DC et Kim Kardashian pour de la production de podcasts.
Tesla a aussi créé la surprise avec une valorisation record qui avoisine les 320 milliards de dollars. Pour la première fois, Elon Musk devrait arriver cette année à rendre son affaire profitable, tandis que les autres constructeurs comme General Motors peinent à surmonter la crise. Pour Fabernovel, ce succès est en partie dû à l’intérêt croissant des consommateurs pour les voitures électriques.
Presque tous les secteurs ont été impactés par la crise sanitaire. Mais selon Fabernovel, si la tech est si robuste, c’est dû à plusieurs facteurs :
- La logique “free customer” qui ne fait pas de différence entre un client qui achète ou non
- La recherche de satisfaction des clients qui supplante celle du profit
- La fidélisation des talents avec la création d’un environnement favorable à l’innovation
- La logique écosystème qui permet de traiter simultanément des milliards de petites transactions
- L’utilisation de la data pour optimiser ses services en temps réel
- La rapidité de la scalabilité et de la rentabilité du modèle
- La connaissance fine de ses clients pour mieux personnaliser leur expérience
Autre point important qui permet à ces grands acteurs de croître : les choix d’investissements dans des secteurs prometteurs comme la santé, le divertissement, l’e-retail et le travail collaboratif. Dans la santé, Amazon et Microsoft ont par exemple aidé la NHS (Nationa Health Security) pour optimiser la gestion des équipes hospitalières et équipements grâce à la donnée. Dans le secteur e-retail, Google a lancé en juillet dernier Shoploop, une plateforme de shopping vidéo (à l’image d’Amazon Live et l’acquisition de Packagd par Facebook l’an dernier).
En revanche, il faut noter qu’il est souvent difficile d’évaluer la richesse réelle des grands acteurs numériques. Au mois de mars dernier, nous avons vécu un emballement boursier autour des valeurs technologiques américaines, à l’image d’Amazon, Alphabet et Apple qui ont parfois dépassé les 1000 milliards de capitalisation boursière. Mais quelques mois plus tard, le Nasdaq 100, regroupant l’ensemble des géants de la tech, a décidé de rectifier ses projections en perdant près de 5% la semaine dernière. Ces fortes fluctuations sont le fruit d’une déconnexion entre économie réelle et financière et viennent nuancer le succès des Gafam, sans pour autant remettre en cause leur capacité à s’adapter.