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Gilles Pouligny (Groupe IGS) : « Une mission de tutorat est un investissement humain plus que financier »

Le groupe IGS est une fédération française d’associations indépendantes à but non lucratif, fondée en 1975 et spécialisée dans le développement et la certification des compétences. Le groupe réunit 5 pôle d’activités : écoles, alternance, apprentissage, formation continue, insertion et transition professionnelle. Son directeur général adjoint, Gilles Pouligny détaille ce qui lui semble être aujourd’hui les plus grands défis en matière de recherche de compétences pour les entreprises du numérique.

Gilles Pouligny, directeur général adjoint du groupe IGS

Alliancy. Quel regard portez-vous sur les évolutions récentes en matière de formation professionnelle ?

Gilles Pouligny. L’évolution des formations et de leur financement s’inscrit dans notre ambition d’inclusion des populations les moins diplômées et les plus éloignées du monde du travail. Ce sont des changements positifs mais il ne faut pas s’attendre pour autant à des miracles pour les entreprises en matière de financement… Le chasse aux compétences va devenir toujours plus difficile pour les entreprises, la priorité est donc pour elle d’aller frapper aux bonnes portes en fonction de leurs besoins.

Comment cela impacte-t-il IGS ?

Gilles Pouligny. Nous sommes partis de ce que nous savions déjà bien faire en matière de développement des compétences. Nous avons développé une double stratégie pour d’une part accompagner les personnes qui sont prises dans la problématique du chômage de masse mais aussi pour développer les compétences des talents présents dans l’entreprise. Toutes les entreprises sont confrontées aujourd’hui à une problématique : trouver les bonnes compétences. Au-delà du développement des compétences techniques ce sont souvent les compétences transverses et comportementales qui font défaut aux candidats. C’est pourquoi nous mettons l’accent dans nos programmes sur les « soft skills » Le Groupe IGS s’est notamment beaucoup investi dans les Préparations Opérationnelles à l’Emploi (POE) utilisées comme des « SAS » pour mieux appréhender les codes du marché de l’emploi et de l’entreprise.

Ces opérations sur des populations éloignées de l’emploi, sont-elles accessibles à toutes les entreprises ?

Gilles Pouligny. Le succès de telles démarches est plus une question de méthode que de taille d’entreprise. Les dispositifs sont mêmes accessibles aux PME. En revanche, il faut comprendre qu’un engagement est nécessaire pour réussir l’insertion par l’alternance. Il faut donc que l’entreprise soit disposée à cultiver la relation tripartite avec l’alternant et le CFA. Concrètement, cela correspond avant tout à bien choisir le tuteur au sein de l’entreprise. Il faut que celui-ci soit volontaire évidemment, car une alternance se passera très mal si elle est imposée dans l’organisation. Un dirigeant d’entreprise, s’il souhaite investir dans la formation en alternance, doit donc repérer dans ses équipes les personnes compatibles avec cette pratique. De notre côté, nous proposons des formations de tuteur et de maître d’apprentissage. 

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Ce sujet est une priorité ? Vous aimeriez rencontrer la personnalité interviewée ? Vous souhaiteriez partager votre expérience sur le sujet ?

C ’est bien un investissement humain qui est demandé aux entreprises et les motivations liées aux aides financières ne peuvent être que complémentaires. L’autre point à garder en tête, est que le retour sur investissement de la formation en l’alternance se mesure à moyen plutôt qu’à court terme. Ce dispositif est aussi un moyen pour repérer des savoir-être et des qualités qui vont au-delà des compétences techniques et seront un atout pour l’entreprise. Il ne faut pas penser qu’il s’agit d’un moyen d’accéder à de la main d’œuvre pas cher.

De quelles innovations peuvent profiter les entreprises dans le cadre d’un partenariat sur l’alternance avec votre groupe ?

Gilles Pouligny. Les innovations pédagogiques existent. Nous développons beaucoup l’action de formation en situation de travail (Afest) par exemple. De manière générale, nous nous inscrivons de moins en moins dans des pédagogies descendantes et de plus en plus dans de la pédagogie active : il y a beaucoup de curiosité chez les personnes qui apprennent un métier, sur laquelle il faut pouvoir capitaliser adroitement. Cela passe par exemple par l’optimisation du présentiel. A l’ère numérique, celui-ci ne peut plus être pensé pour fournir des « cours » comme par le passé. C’est l’occasion de mettre en œuvre, et en scène, une véritable montée des compétences pour l’apprenant – notamment à travers des jeux de rôles et des mises en situation.

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